• La comète de Halley

     

    La broderie de Bayeux reproduit en sa planche 32 une comète précédée de l'inscription "isti mirant stella" ("ils observent l'étoile") qui fut interprétée par les astrologues d'Harold comme un mauvais présage à la veille de l'affrontement de Hastings.

     

    Cette comète qui alarma la cour saxonne n'était autre qu'une des apparitions de la fameuse "comète de Halley", astre périodique (environ 75 ans) dont la dernière visite dans nos cieux remonte à une dizaine d'années.

     

    De nombreux passages de cette comète furent retrouvés dans des chroniques ou des témoignages picturaux (comme dans "l'Adoration des Mages" de Giotto à l'Arena de Padova datant de 1302).

     

    Elle doit son nom à Edmund Halley (1656-1742) qui, à partir des lois de la

    gravitation de Newton qui venaient d'être formulées, identifia une comète brillante

    qu'il avait observée en 1682 à d'autres observées précédemment (par Apian en 1532;

    par Kepler et Longomontanus en 1607). Il prédit son retour pour 1758.

     

    Halley ne vécut pas suffisamment longtemps pour vérifier lui-même la

    justesse de sa théorie, mais l'histoire lui rendit justice en associant son nom

    à cet astre que de rares humains ont pu observer deux fois de leur vivant.

     

    On a vu l'impact psychologique que la comète de Halley eut sur les Saxons en 1066.

    L'ignorance de la physique cométaire et de la mécanique céleste a valu à cet objet bien d'autres attributions et anathèmes au cours des temps plus reculés,

    comme celui d'être excommunié en l'an 1456 par le Pape Calixte III

    qui y voyait un agent du démon.

     

     

    Comète de Halley - Thomas Mann L'enfer est pour les purs ; telle est la loi du monde moral. Celui-ci en fait, est pour les pécheurs, et l'on ne peut pécher que contre notre propre pureté. Si l'on est une brute, on ne peut pécher et l'on ne ressent rien d'un enfer. C'est ainsi, et l'enfer n'est certainement peuplé que de braves gens, ce qui n'est pas juste ; mais qu'est-ce donc que notre justice ?:  

     

    Comète de Halley - Thomas Mann L'enfer est pour les purs ; telle est la loi du monde moral. Celui-ci en fait, est pour les pécheurs, et l'on ne peut pécher que contre notre propre pureté. Si l'on est une brute, on ne peut pécher et l'on ne ressent rien d'un enfer. C'est ainsi, et l'enfer n'est certainement peuplé que de braves gens, ce qui n'est pas juste ; mais qu'est-ce donc que notre justice ? 

     

    Il y a une décennie, de nombreux ouvrages et articles ont été consacrés

    à la comète de Halley qui avait déjà provoqué une folie médiatique lors de sa

    visite précédente en 1910.

     

    Si les esprits mercantiles y voient un bon prétexte à une exploitation

    commerciale juteuse, le succès de la comète de Halley auprès des scientifiques est dû

    non seulement à sa relativement forte brillance (variable cependant de

    passage en passage selon les configurations Soleil-Terre-comète),

    mais aussi au fait qu'elle est la seule comète périodique présentant toute

    la gamme des phénomènes cométaires (grande coma,

    queues de plasma et de poussières).

     

     

    Halley's Comet and Mark Twain. In 1835 Mark Twain was born on the first day that year that Halley's Comet appeared. Then when he died in 1910, he did so on the first day of the comet's appearance that year. Twain, in fact predicted that would happen. "I came in with Halley's Comet in 1835. It is coming again next year, and I expect to go out with it," he said in 1909.

     

    Mark Twain | 17 Strange Coincidences Throughout History 

    Source de curiosité et de recherches, mais aussi de peur et d'effroi,

    elle fut observée pendant plus de deux mille ans, les astronomes chinois ayant consigné

    des observations en 240 avant notre ère.

     

    http://1214.free.fr/travaux/tapisserie_de_bayeux/comete_de_halley.html

     

     


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  • Odo bayeux tapestry.png

     

     

    La Tapisserie de Bayeux, aussi connue sous le nom de Tapisserie

    de la reine Mathilde, et plus anciennement « Telle du Conquest » (pour « toile de la Conquête ») est une broderie du XIe siècle inscrite depuis 2007 au registre Mémoire du monde par l'UNESCO.

     

    LA TAPISSERIE DE BAYEUX


    Le Musée de la Tapisserie de Bayeux, à quelques pas de l’hôtel, abrite la célèbre tapisserie du Moyen-âge.

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    La Tapisserie de Bayeux, brodée au XIe siècle, vous entraînera sur les traces deGuillaume le Conquérant, figure emblématique de l’Histoire de Normandie.

     

    En plein centre de Bayeux, le musée de la Tapisserie est entouré de monuments historiques, d'hôtels particuliers et de nombreux passages piétonniers le long de l'Aure. 

     

    Elle semble avoir été commandée par Odon de Bayeux, le demi-frère de Guillaume le Conquérant, et décrit les faits allant de 1064 à 1066lors de la conquête normande de l'Angleterre par Guillaume, duc de Normandie qui accède au trône.

     

    tapisserie : Guillaume

     

    1064 - Le duc Guillaume – scène 23

     

    Les événements clés de cette conquête y sont détaillés,

     

    notamment la bataille d'Hastings.

     

    Mais près de la moitié des scènes relatent des faits antérieurs

    à l'invasion elle-même.

     

     

    tapisserie : Harold

     

    1064 - Le comte Harold – scène 6

     

    Bien que très favorable à Guillaume le Conquérant, au point d'être considérée parfois comme une œuvre de propagande, elle a une valeur documentaire inestimable pour la connaissance du XIe siècle normand et anglais.

     

     

    tapisserie : débarquement d'Harold

     

    En 1064, le comte Harold débarque à la suite de la dérive des courants sur les terres du comte Guy de Ponthieu – scène 38.

     

    Elle renseigne sur les vêtements, les châteaux, les navires et les conditions de vie de cette époque.

     

    À ce titre, elle constitue un des rares exemples de l'art roman profane. Conservée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle dans le

    Trésor de la cathédrale de Bayeux, où elle aurait dû être exposée, elle est aujourd'hui présentée au public au centre Guillaume le Conquérant qui lui est entièrement dédié.

     

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    En fait, commandée par Eudes de Contenville, évêque de Bayeux, à des brodeurs saxons.

     

     

    Elle représente l'histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands.

    Comprend 72 scènes où figurent 626 personnages, 202 chevaux et mulets,

    55 chiens, 505 créatures mythologiques (oiseaux et dragons), 37 édifices,

    41 vaisseaux et barques, 49 arbres et environ 2000 mots en latin.

     

     

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    Broderie à l'aiguille sur toile de lin avec des laines de 4 couleurs différentes

    en 8 teintes, au point de tige pour les tracés linéaires et au point de couchage

     

     

     

     

    La Tapisserie de Bayeux n'est pas, à proprement parler, une tapisserie ; en effet, elle relève de la broderie, de neuf teintes naturelles de laines sur des pièces de lin bis.

     

    Elle a été confectionnée entre 1066 et 1082, peut-être en Angleterre, pour être exposée à la cathédrale de Bayeux pour une population souvent analphabète

     

    . Elle est constituée de neuf panneaux en lin assemblés en une seule pièce d'une longueur d'environ 68,30 mètres et large d'environ 50 centimètres

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    . Chaque scène est assortie d'un commentaire en latin.

    Il faut aussi remarquer que la broderie est amputée.

     

    Sa fin est perdue mais elle devait se terminer, d'après tous les historiens, par le couronnement de Guillaume le Conquérant. 636 personnages,

    202 chevaux et mules,

    505 animaux de toutes sortes, 37 édifices,

    49 arbres sont recensés.

     

    Au total, 1515 sujets variés fournissent une mine de

    renseignements sur le XIe siècle

     

     

    tapisserie : la comète

     

    La comète de Halley, vue du 24 avril au 1er mai 1066 – soit quatre mois après l'avènement d'Harold – figurant sur la Tapisserie de Bayeux – scène 32. L'inscription, ISTI MIRANT STELLÃ, signifie Ceux-ci admirent l'étoile :

    on voit un groupe de six anglais à l'extérieur du palais royal ;

    cinq ont le nez en l'air et l'index désignant la comète.

     

    tapisserie : Odon

     

    Odon de Bayeux, évêque de Bayeux de 1049 à 1097

    Tapisserie de Bayeux, scène 44.

     

    Odon de Bayeux (demi-frère de Guillaume le Conquérant et évêque de Bayeux de 1049 à 1097), est généralement identifié comme étant le commanditaire de la Tapisserie de Bayeux.

     

    La supposition repose sur un faisceau d'indices.

     

    Tout d'abord, sur la tapisserie ne sont nommées, en dehors des figures historiques (Harold Godwinson, Édouard le Confesseur,

    Guillaume le Conquérant, etc.) et de la mystérieuse Ælfgyva, que trois personnes,

    Wadard, Vital et Turold.

     

    Ceux-ci ne sont mentionnées dans aucune autre source contemporaine de la bataille de Hastings

     

    . Or il apparaît que ces hommes sont tous des tenants d'Odon dans leKent, signe qu'ils faisaient partie des hommes qu'Odon a amenés à la bataille. Ensuite, la tapisserie montre Harold Godwinson jurant fidélité au duc Guillaume, sur de saintes reliques, et assistance pour son obtention du trône anglais, à Bayeux.

     

    Orderic Vital place l'événement à Rouen, et Guillaume de Poitiers

    à Bonneville-sur-Touques.

     

    De plus, le rôle d'Odon à Hastings est à peine mentionné dans les sources qui ne sont pas liées à Bayeux

     

    . Les historiens concluent qu'Odon est le seul à avoir eu les moyens financiers de commanditer une œuvre aussi gigantesque, et qui mette en avant ses tenants et les reliques de Bayeux.

     

     

    Si une majorité d'historiens s'accorde à penser que c'est bien Odon qui commanda cette broderie pour orner la nef de la nouvelle

     

     

    cathédrale Notre-Dame de Bayeux, inaugurée en 1077, la discorde règne encore sur l'identité de ceux qui la fabriquèrent.

     

    La légende dit que c'est la reine Mathilde, aidée de ses dames de compagnie, qui en sont les auteurs ; pour d'autres, elle fut confectionnée : soit dans le Kent ; soit à Winchester, dans le Hampshire, vingt ou trente ans après les événements qu'elle relate.

     

    Enfin dernière des hypothèses, sa fabrication aurait

    été effectuée à Saumur.

    Toutefois, deux hypothèses de recherches sont avancées :

    • Les dernières recherches de l'université de Caen, réunissant des archéologues, historiens, médiévistes, s'accordent à penser que la « Broderie d'Hastings » a été faite dans le Kent,

     

    • à Winchester ou à Cantorbéry, tout de suite après la bataille elle-même, et sa confection aurait duré deux ans environ.
    • C'est ce que Denise Morel et Marie France Le Clainche font vivre dans leur roman Les Brodeuses de l’Histoire, où elles mettent en scène l'atelier de broderie de Winchester. Nous savons, en effet, que cet atelier rassemblait brodeurs et brodeuses, laïcs et religieuses, anglo-saxonnes, normandes et bretonnes.
    • Selon l'historien américain George Beech,
    • spécialiste du Moyen Âge, plusieurs indices permettraient de démontrer, que la Tapisserie de Bayeux fut en réalité conçue à
    • l'abbaye Saint-Florent de Saumur, atelier prestigieux de production textile depuis le début du xie siècle. Plusieurs faits permettent d'étayer cette hypothèse.
    • Avant d'être l'abbé de Saint-Florent, Guillaume Rivallon (fils de Riwallon de Dol) était seigneur de Dol en Bretagne.

     

    • Or plusieurs scènes de la tapisserie racontent les préparations guerrières des batailles au Mont-Saint-Michel, à Dol, à Rennes et à Dinan. Deuxièmement, dans les années 1070, l'abbaye acquiert de nombreux domaines, en Angleterre et en Normandie, dans lesquels le rôle du nouveau roi d'Angleterre, est déterminant.
    • La générosité de Guillaume le Conquérant serait un moyen de récompenser le travail de l'atelier monastique.
    • Enfin, quelques ressemblances artistiques ont été mises en évidence entre la Tapisserie et les ouvrages de la France de l’ouest, dans la vallée de la Loire et en Poitou-Charentes.

     

    • Cependant, cette hypothèse n'est valable que si l'abbaye de Saumur abritait en son sein des Normands et des Anglais, car les détails relatifs à la flotte et aux techniques navales ne pouvaient pas être connus d'une abbaye continentale, implantée dans un contexte culturel bien différent de celui de la Normandie et de l'Angleterre de l'époque.

     

    (XIème siècle, 69,55 m de long sur 0,48 à 0,51 m de large en 8 morceaux) :

    Réalisée, selon la légende, par la reine Mathilde, femme

    de Guillaume le Conquérant.

     tapisserie : mort d'Harold

     

    Tapisserie de Bayeux - Scène 57 :

    la mort du roi Harold à la bataille d'Hastings.

    Légende en latin : HIC HAROLD REX INTERFECTUS EST

    (Ici le roi Harold est tué)

     

     tapisserie : fables

     La bordure inférieure présente le Corbeau et le Renard et le Loup et l’Agneau – scène 4.

    Image on web site of Ulrich Harsh.http://www.hs-augsburg.de/~harsch/Chronologia/Lspost11/Bayeux/bay_tama.html

    Tapisserie de Bayeux « Ici Harold navigua sur la mer... »

    Harold, porte le faucon, une de ses passions – scène 4.

    Sur la bordure inférieure apparaissent deux fables :

    le Corbeau et le Renard et le Loup et l’Agneau.

     

    tapisserie : frises

     

    Frises en haut et en bas avec des animaux – scène 19.

     

    La broderie reflète le point de vue normand de l'histoire. Elle est une œuvre didactique destinée au bon peuple et lui montrer la légitimité de

     

    l'invasion de Guillaume, sa légitimité au trône et le juste châtiment enduré par Harold, représenté comme un fourbe, parjure, reniant

    un serment sacré (scène 23).

     

    La tapisserie est donc un récit moralisateur, montrant le triomphe du bien (le bon duc Guillaume), sur le Mal (incarné par le mauvais roi Harold

     

    . Le commentaire est muet sur la nature de ce serment, mais des auteurs normands, en particulier Guillaume de Poitiers (vers 1074) en rend compte : il s'agit pour Harold de jurer qu'il respecterait la volonté d'Edouard de léguer à Guillaume la couronne d'Angleterre, et l'anglais devait prêter un serment de vassal : ses terres reviennent à Guillaume (Gesta Guillelmi).

     

    On s'accorde généralement à penser que ce serment eut bien lieu, mais qu'il y aurait peut-être eu tromperie, puisque Harold aurait affirmé qu'il ne savait pas qu'il y avait de saintes reliques sous le livre sur lequel il jura.

    Cependant la tapisserie laisse aussi un peu de place au point de vue anglais.

     

    Harold, le parjure, est à l'honneur dès le début de la broderie ; il sauve deux Normands du Couesnon, on le voit prier Dieu, son couronnement montre qu'il est un roi légitime et les inscriptions durant la bataille prouvent sa dignité de roi. Ainsi la tapisserie en imposant le point de vue général normand permet une lecture plurielle, anglaise ou normande, sur des aspects secondaires.

     

    La première moitié de la broderie relate les aventures du

    comte Harold Godwinson, beau-frère du roi Édouard le Confesseur, dont le navire débarqua à la suite de la dérive des courants sur les terres

    du comte Guy de Ponthieu (dans la Somme actuelle) en 1064.

     

    Il fut capturé par Guy, qui envisageait de le libérer contre rançon. Hélas, un espion de Guillaume, visible sur la broderie, était là. Guillaume exigea de Guy qu'il lui remît Harold, ce qui fut fait.

     

    Guillaume adouba Harold chevalier à Rouen.

     

    C'est lors de cette cérémonie, qu'on voit sur la broderie, que Harold jura, sur les reliques d'un saint (très important à l'époque) à Guillaume, de le soutenir pour succéder à Édouard sur le trône d'Angleterre.

     

    Il revint sur cette promesse plus tard, ce qui lui valut son excommunication par le pape.

     

    La broderie montre ensuite Harold retourner en Angleterre et se faire acclamer roi après la mort d'Édouard.

     

     

    tapisserie : mort d'Harold
     
    La mort du roi Harold le 14 octobre 1066 – scène 57.

    La broderie contient la représentation d'une comète, identifiée

     

    à la comète de Halley visible en Angleterre à la fin d'avril 1066.

     

    Cette identification est entièrement justifiée car le motif figurant la comète est placé, sur cette frise, à une date compatible avec celle du phénomène astronomique.

     

    Cette représentation figure, en effet, entre la scène du couronnement de Harold (janvier 1066) et l'annonce qui lui est faite d'une menace d'invasion par la flotte normande dont le regroupement s'effectue dès le début août 1066 à l'embouchure de la Dives et dans les ports environnants.

     

    Baudry de Bourgueil parle longuement de cet événement qui correspond tout à fait à la tapisserie, à l'image de ce qu'en disent d'autres lettrés de l'époque :

    « Nous l'avons observée plus de dix fois, elle brillait plus que toutes les étoiles ; si elle n'avait pas été allongée, elle aurait été comme une autre lune ; elle avait derrière elle une longue chevelure ;

    les anciens en restent stupéfaits et déclarent qu'elle annonce de grandes choses, les mères se frappent la poitrine, mais on ignore en général ce qu'elle prépare et chacun l'interprète à sa façon. »

    Ensuite, sur la broderie, nous voyons les préparatifs de Guillaume pour son invasion de l'Angleterre effectuée dans la nuit du 27 au 28 septembre 1066 ;

    puis des images de la bataille d'Hastings du 14 octobre.

     

    À ce sujet, on a longtemps cru que Harold y était représenté mourant d'une flèche dans l'œil, mais on pense, de nos jours, qu'il y a eu confusion sur la personne, le frère de Harold étant mort d'une flèche dans l'œil.

    Les frises

    tapisserie : fables
     
    La bordure inférieure présente
    le Corbeau et le Renard et le Loup et l’Agneau – scène 4.
     
    tapisserie : frises
     
    Frises en haut et en bas avec des animaux – scène 19.

    Les éléments (animaux fantastiques, sauvages ou domestiques, fables, chevrons) figurant dans les parties hautes et basses de la broderie ne semblent pas avoir de rapport avec le principal récit pour une minorité d'auteurs

    comme Wolgang Grape ou Carole Hicks.

     

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    Ainsi, on peut voir par exemple dans la partie basse de la tapisserie une scène du corbeau et du renard d'Ésope reprise par Phèdre qui n'aurait qu'un rôle décoratif.

     

    Cependant la grande majorité des spécialistes pense qu'il existe des liens entre les bordures et la bande principale. D. Beirstein et Daniel Terkla en ont fait la démonstration. Mais il y a débat sur le point de vue reflété par les fables. R. Wissolik et D. Bernstein ont interprété ces fables comme un commentaire anglo-saxon d'ordre moral.

     

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    Pour Bard McNulty ou D. Terkla, il s'agit d'une paraphrase soutenant le point de vue normand.

     

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    Pour d'autres historiens de l'art, comme Denis Bruna, les dessins (animaux, scènes érotiques, fables...) figurant dans ces frises auraient un effet apotropaïque, c'est-à-dire un rôle de protection ou de porte-bonheur.

    Toutefois, à la fin de la broderie, lorsque la bataille entre Guillaume et Harold fait rage (scène 51 et suivantes), les motifs décoratifs de la frise du bas disparaissent, et la frise se remplit des cadavres et des boucliers et des armes tombées à terre, comme si ce « débordement » devait traduire la fureur des combats, impossibles à contenir dans la zone du milieu de la tapisserie.

     

    Sauf aux scènes 55 et 56 où les archers, qui ont joué un rôle décisif lors de la bataille envahissent la bordure inférieure et dont les flèches se fichent dans les boucliers des saxons.

    Autres apports

    La broderie nous apporte une connaissance importante quant à des faits historiques dont nous avons peu de trace par ailleurs.

     

    Elle apporte des informations nouvelles sur des éléments de l'expédition de Bretagne, sur le lieu du serment : Bayeux, sur la place des frères de Guillaume dans la conquête ou encore sur Odon, un évêque, participant aux combats

     

    (son statut de seigneur féodal l'oblige à prêter assistance à son suzerain, son statut de prélat lui interdit de faire couler le sang, d'où l'usage du bâton comme arme) – sans la tapisserie, nous n'en saurions rien.

     

    La présentation de la broderie, sous forme d'images, la rendit tout au long des siècles accessible à tous alors que peu savaient lire.

     

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    La broderie est inestimable quant à la connaissance de la vie de l'époque ; d'abord sur les techniques de broderie du XIe siècle, notamment l'apparition de ce qui est nommé depuis le point de Bayeux ;

     

    ensuite sur nombre de techniques de l'époque, puisque y apparaissent des constructions de châteaux, de bateaux (la flotte d'invasion de Guillaume).

     

    Y figurent aussi des vues de la cour de Guillaume, de l'intérieur du château d'Édouard, à Westminster.

     

    Nous y voyons nombre de soldats, ce qui a permis de se faire une meilleure

    idée de leur équipement.

     

    La plupart portaient des broignes – et non des cottes de mailles comme on l'a cru longtemps.

     

    On en trouve environ 200 sur le modèle des fantassins, mais impensable pour la cavalerie et surtout fort coûteuses.

     

    De même, sont bien visibles des signes distinctifs sur les boucliers, qui ne sont pas des armoiries, ce qui était encore inconnu à cette date, mais utile quand les casques recouvrent le visage.

     

    Toutefois, les soldats y sont représentés se battant mains nues alors que toutes les autres sources écrites de cette époque font apparaître que les soldats se battaient (et chassaient) presque toujours gantés.

     

    On observe également que la coupe de cheveux des protagonistes varie selon leur nationalité : les anglais ont les cheveux courts sur tout le crâne, moustachus, alors que les Normands et la plupart de leurs alliés français ont la nuque et le bas du crâne rasés.

     

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    Histoire de la tapisserie

    Vers l'an 1100, un poète français, Baudry abbé de Bourgueil, compose

    pour Adèle de Normandie, fille de Guillaume le Conquérant, un poème dans lequel il décrit une tapisserie faite de soie, d'or et d'argent et représentant la conquête de l'Angleterre.

    Tapisserie de Bayeux : Conquête de l'Angleterre

     

     

    Le Serment : devant Guillaume de Normandie assis sur son trône, Harold prête serment sur deux énormes reliquaires :

     

    il jure de le reconnaître comme roi d'Angleterre à la mort d'Edouard.
    C'est le non respect de ce serment qui décide Guillaume à conquérir l'Angleterre.

    La flotte d'invasion :

    on voit ici le vaisseaux ducal qui vient d'arriver en Angleterre

    (environ 1400 navires permettront aux troupes

    de Guillaume de Normandie de traverser la Manche).

    La bataille d'Hastings : on voit le début de l'usage d'armoiries sur les écus pour servir de signe de reconnaissance (l'équipement militaire rendait de plus en plus difficile la distinction des différents camps).

     

     

     

    Les archers normands joueront un rôle décisif dans la bataille de Hastings : ils pouvaient expédier leurs flèches à plus de cent mètres … ce qui sera fatal à Harold !

     

    Même si la taille et les matériaux de cette tapisserie montrent qu'il ne s'agit pas de la même tapisserie, même si l'existence de la tapisserie de la comtesse Adèle est mise en doute, il est évident que le poème de Baudry s'inspire soit directement, soit indirectement de la tapisserie de Bayeux.

     

    La plus ancienne mention directe de la tapisserie est un inventaire des biens de la cathédrale de Bayeux, dressé en 1476, qui en mentionne l'existence et précise qu'elle est suspendue autour de la nef pendant quelques jours chaque été, sans doute du 1er juillet (jour de la fête des Reliques) au 14 juillet

    (jour de la Dédicace).

     

     

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    La coutume persista jusqu'à la Révolution et depuis le xie siècle probablement :

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    « Item, une tenture très longue et étroite de toile à broderie, d'images et inscriptions, faisant représentation de la conquête de l'Angleterre, laquelle est tendue autour de la nef de l'église pendant le jour de l'octave de la fête des Reliques. »

    En 1562, des religieux, avertis de l'arrivée imminente d'une troupe de Huguenots,

    mirent à l'abri quelques biens.

     

    Ils firent bien, car ceux-ci mirent à sac la cathédrale.

     

    D'une notoriété encore très locale, elle ne commença à intéresser des érudits non normands qu'à la fin du xviie siècle.

     

    La Révolution française faillit marquer la fin de la Tapisserie.

     

    En 1792, la France étant menacée d'invasion, des troupes furent levées.

     

    Au moment du départ du contingent de Bayeux, on s'avisa qu'un des

    chariots chargés de l'approvisionnement n'avait pas de bâche.

     

    Un participant zélé proposa de découper la tapisserie conservée

    à la cathédrale pour couvrir le chariot.

     

    Prévenu tardivement, le commissaire de police,

    Lambert Léonard Leforestier, arriva cependant

    juste à temps pour empêcher cet usage.

     

    Il se créa alors une commission artistique qui veilla à la sécurité de l'œuvre pendant la Révolution.

    À des fins de propagande contre l'Angleterre qu'il projetait d'envahir, Napoléon la fit venir au Musée du Louvre à Paris en 1804 où elle fut exposée à l'admiration des foules parisiennes.

    Elle retourna à Bayeux en 1805.

    Dans la seconde moitié du xixe siècle,

    Mme Elisabeth Wardle, femme d'un riche marchand,

    finança une copie de même taille qui se trouve maintenant en Angleterre

     

    .

    D'avril 1913 à juin 1941, la broderie retrouve Bayeux, où le premier musée de la tapisserie est créé dans l'hôtel du Doyenaux côtés de la

    bibliothèque municipale de a ville.

    Le 23 juin 1941, la tapisserie est transférée à l'abbaye de Mondaye.

     

    Elle y est étudiée par des scientifiques allemands dont Herbert Jankuhn, archéologue membre de l'Ahnenerbe.

     

    Le 20 août 1941, elle rejoint le château de Sourches dans la Sarthe, où elle demeure jusqu'au 26 juin 1944, date à laquelle elle est transféré au musée du Louvre sur ordre de l'occupant.

     

    Le 21 août 1944, les allemands envisagent d'emmener la tapisserie avec eux, ce qui ne se fera pas. La broderie est exposée dans la galerie des primitifs italiens à l'automne 1944, et le 2 mars 1945, elle repart pour Bayeux où elle retrouve l'hôtel du Doyen30.

    Un nouvel aménagement muséographique mettant en valeur la broderie est inauguré le 6 juin 1948. Après une étude de la broderie et des moyens de la conserver, l'ancien grand séminaire de Bayeux accueille le chef-d’œuvre à partir de mars 1983. L'ancien séminaire prend alors le nom de « Centre Guillaume le Conquérant

     

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    Authenticité

    En 1990, le Britannique Robert Chenciner, expert en étoffes anciennes, remet en question l'authenticité de la tapisserie de Bayeux.

     

    Les brochettes et le barbecue médiéval représentés sur la broderie lui paraissent s'inspirer d'une méthode de cuisson plus orientale que normande : celle-ci ne serait apparue en France qu'au xviiie siècle.

     

    Pour Chenciner, ce n'est pas l'original mais une reproduction, datant peut-être du xviie/xviiie siècle voire du xixe siècle.

     

    La théorie de Chenciner sera vigoureusement démentie par Sylvette Lemagnen, conservatrice de la tapisserie, qui la qualifiera de gratuite et d'incongrue, rappelant notamment qu'un texte de 1476 décrit cette œuvre

     

    Wikipedia

    Photos Musée de Bayeux

    Google

     

     http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/2010/03/16/17260184.html

     


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  • 320454 594545433898542 2085000499 n 

     

    Les moines marchent, comme des champions, à la suite du Christ. Ils vont se placer en première ligne de la guerre qui oppose le Bien au mal, la Lumière de l'éveil, de la vie et de l'épanouissement de l'âme aux ténèbres de l'illusion, de la mort et l'entropie.

    De gauche à droite : différents ordres de moines-soldats, Jacques de Molay, et un sceau templier, où le cheval pour deux soldats symbolise le vœu de pauvreté.De gauche à droite : différents ordres de moines-soldats, Jacques de Molay, et un sceau templier, où le cheval pour deux soldats symbolise le vœu de pauvreté.De gauche à droite : différents ordres de moines-soldats, Jacques de Molay, et un sceau templier, où le cheval pour deux soldats symbolise le vœu de pauvreté.

    De gauche à droite : différents ordres de moines-soldats, Jacques de Molay, et un sceau templier, où le cheval pour deux soldats symbolise le vœu de pauvreté.

     

    ls vont se placer comme des cierges au cœur d'un océan de ténèbres et les forces noires viennent se briser comme autant de vagues impies sur le brise lames de leur esprit.

     

    Ayant repoussé l'ennemi, leur cœur battant au rythme de l'invocation du Saint nom de Jésus, une force numineuse irradie de leur être sur toute la Terre, éloignant les forces de l'ombre et tiranttoute la Création vers le haut.

     

     

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    Jean Paul II le résumait très bien :

     

    Depuis les premiers siècles de l'Église, des hommes et des femmes se sont sentis appelés à imiter la condition de serviteur du Verbe incarné et ils se sont mis à sa suite en vivant de manière spécifique et radicale, par la profession monastique, les exigences qui découlent de la participation baptismale au mystère pascal de sa mort et de sa résurrection.

     

    En portant la Croix, ils se sont ainsi engagés à devenir témoins de l'Esprit, hommes et femmes authentiquement spirituels, capables de féconder secrètement l'histoire par la louange et l'intercession continuelles, par les conseils ascétiques et les œuvres de charité.

    En voulant transfigurer le monde et la vie dans l'attente de la vision définitive du visage de Dieu, le monachisme oriental privilégie la conversion, le renoncement à soi-même et la componction du cœur, la recherche de l'hésychia, c'est-à-dire de la paix intérieure, et la prière continuelle, le jeûne et les veilles, le combat spirituel et le silence, la joie pascale dans la présence du Seigneur et dans l'attente de sa venue définitive, l'offrande de soi et de ses propres biens, vécue dans la sainte communion du monastère ou dans la solitude érémitique.

    L'Occident lui aussi a pratiqué la vie monastique dès les premiers siècles de l'Église, et il en a connu une grande variété d'expressions dans les domaines cénobitique et érémitique.

     

     

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    Dans sa forme actuelle, inspirée surtout de saint Benoît, le monachisme occidental est l'héritier d'hommes et de femmes nombreux qui, après avoir quitté la vie selon le monde, cherchèrent Dieu et se donnèrent à lui, « sans rien préférer à l'amour du Christ».

     

    Aujourd'hui encore, les moines s'efforcent de concilier harmonieusement la vie intérieure et le travail dans l'engagement évangélique de la conversion des mœurs, de l'obéissance et de la stabilité,

    ainsi que dans la pratique assidue de la méditation de la Parole (lectio divina), de la célébration de la liturgie, de la prière.

     

    Dans la société actuelle quel pourrait être le rôle du moine ?

     

    Cette fonction de guerrier de l'Absolu, de contemplatif de l'Infini, a-t-elle encore un sens ?

     

    Repoussant les forces ténébreuses par sa recherche de sainteté, c'est-à-dire l'actualisation de l'image divine présente en lui afin de passer de l'image à la ressemblance, le moine a-t-il encore voix au chapitre en ce début de IIIe millénaire ?

     

     

    Afficher l'image d'origine 

    Certainement. Peut-être plus que jamais, mais les frontières doivent s'estomper entre le monastère et la vie laïque.

    Le moine ne peut plus se permettre de vivre reclus.

     

    Aujourd'hui le désert, c'est nos villes tentaculaires, impersonnelles, où chaque homme et chaque femme se fait bousculer, noyer, exploiter pour nourrir une machine dantesque, sorte de créature de Frankenstein qui nous échappe totalement.

     

    Redonner l'espoir et illuminer ce monde en difficulté et en questionnement, témoigner sereinement de la lumière pascale, incarner l’Éternité ouverte par le vainqueur de la mort, voilà leur mission.

     

     

    Le moine est là pour donner du sens, pour incarner une bulle d'éternité dans le torrent furieux de la vie moderne, pour sanctifier le monde d'en-bas et le temps dans une société chronophage qui désacralise tout.


    Mais la frontière doit aussi s'estomper entre la vie laïque et l'idéal monastique. Autrement dit, le monde, la cité a besoin d'hommes et de femmes qui portent les valeurs monastiques dans leur cœur.

    Mais on pourrait dire « valeurs chevaleresques », car le moine laïque, vivant dans la cité, au cœur du tourbillon du monde, est un véritable chevalier.

     

    En effet, n'est-ce-pas précisément le rôle du chevalier consacré que d'affronter les ombres du monde.

     

     

    Afficher l'image d'origine 

    Par l'armure flamboyante de la Présence et par l'épée sainte du Verbe, refuser les superficialités du monde, s'opposer aux lâchetés érigées en valeurs sociétales, renverser les contre-valeurs données en exemples, défendre les bonnes choses de la modernité contre les forces d'entropie et la décadence débilitante.

     

    Le monde a besoin de moine-chevaliers qui n'ont pas peur de chercher l'Absolu, de partir en quête de la lumière pascale et de Celui qui la porte.

     

    Forces de résurrection agissante, ces hommes, ces femmes, ces familles ne devront pas défendre les positions réactionnaires figées mais plutôt accompagner la force de l'Esprit qui mène l'humanité dans une ascension évolutive en spirale.

     

    Aujourd'hui, le moine-chevalier doit incarner, au cœur de la cité, les hautes valeurs spirituelles : la prière, la vie désintéressée, la quête de la Beauté, l'Amour du prochain, l'ouverture au Souffle de Feu, la culture de l'intelligence du cœur et de l'esprit.

     

    Il est plus que jamais un guerrier de l'Absolu qui doit se dresser contre l'idiocratie, la marchandisation, la vulgarité, la violence, l'injustice, l'absurde et la mécanisation.

     

    Oeuvrer à la réunion des chrétiens, afin que nous soyions unis, afin que soyons Un, tout en nous respectant et en nous enrichissant de nos différences. 

     

    Le moine d'aujourd'hui a la responsabilité de mener tous ces combats au nom du Christ qui n'est pas resté dans le désert mais s'est mêlé à la foule pour guérir et conjurer les plaies de son temps.

     

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    Intégrité, désir de Dieu, confiance en soi inséparable de la confiance en Lui, optimisme profond, courage et enthousiasme sont les qualités que doivent incarner les moines-chevaliers-laïques.

     

    Redonner l'espoir et illuminer ce monde en difficulté et en questionnement, témoigner sereinement de la lumière pascale, incarner l’Éternité ouverte par le vainqueur de la mort, voilà leur mission.

     

    Un des symboles les plus connus : la croix " pattée ". 

    IMAGE 1 : copyright ENRIQUE PARIETTI

     

    SOURCES

    http://www.relianceuniverselle.com/article-les-moines-3-3-des-moines-chevaliers-dans-la-cite-120169619.html

     

     


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  • Caen   (14)
    Les Templiers dans le bailliage de Caen
     
     
    Département: Calvados, Arrondissement et Canton: Caen - 14

     
     
    Les aléas de l'histoire font que bien des aspects de la vie des maisons du Temple en Occident nous échappent à jamais.
     
    L'étude des hommes qui se succédèrent deux siècles durant dans ces commanderies est un sujet des plus obscurs, du moins jusqu'aux abords du XIVe siècle.
     
    En effet, par une paradoxale et cruelle ironie du sort, il aura fallu attendre les tristes circonstances de « l'affaire des Templiers » et la mort programmée de l'Ordre pour que ses derniers membres quittent, pour leur malheur, le paisible anonymat dont jouissaient leurs prédécesseurs.

    Les cinq établissements du Temple installés dans les limites du bailliage de Caen, à savoir:
     

    BaugyBien du Temple à Baugy
    : Commune de Planquery, Calvados, arrondissement Bayeux, canton Balleroy
     
     
     

    : Commune de Vassy, Calvados, arrondissement Vire, chef-lieux de canton
     

    Bretteville-le-RabetBien du Temple à Bretteville-le-Rabet
    : Calvados, arrondissement Caen, canton Bretteville-sur-Laize
     
     

    VoymerBien du Temple à Voymer
    : Commune de Fontaine-le-Pin, Calvados, arrondissement Caen,
    canton Bretteville-sur-Laize
     
     
    Bien du Temple à Louvigny
    : Commune de Ferrière-la-Verrerie, Orne, arrondissement Alençon, canton Courtomer
    Bien du Temple à Fresneaux
     

    : Commune d'Aunou-sur-Orne, Orne, arrondissement Alençon, canton Sées

    — La petite maison de Louvigny, dépendant de celle de Fresneaux, ne déroge pas sur ce sujet à la règle générale.

    Les noms de Templiers relevés dans les actes concernant ces commanderies sont fort rares pour les XIIe et XIIIe siècles.
     
    Ainsi peut-on citer à titre d'exemple frère Guillaume Oeil-de-Boeuf maître de la milice du Temple « en deçà de la mer »
     
    (Frater Oculus Bovis, militiae Templi citra mare magister humilis)
     
    - c'est-à-dire en Occident - qui, à Noël 1206, concéda au chapitre de Bayeux une portion de dîme à Carcagny appartenant précédemment à la maison de Baugy.

    En juin 1226, c'est frère Guillaume Aquila, précepteur des maisons du Temple en Normandie, (Fratrem Willelmum Aquila, preceptorem domorum templi in Normannia) qui apparaît dans une affaire opposant l'abbaye d'Aunay à la maison du Temple de Courval,
     
    au sujet de deux gerbes de dîme à Vassy.

    On peut encore évoquer frère Robert Paiart, exerçant la même fonction (Frater Robertus Paiart, preceptor milicie templi in Normannia), qui est cité à plusieurs reprises entre 1258 et 1261, d'abord dans le différend opposant de nouveau
     
    l'abbaye d'Aunay à la maison de Courval, puis dans celui qui opposa le prieuré du Plessis-Grimoult aux maisons de Baugy et Bretteville-le-Rabet.

    Il faut cependant remarquer que tous ces personnages sont des dignitaires de l'Ordre, intervenant occasionnellement dans des affaires d'importance impliquant le patrimoine ou mettant en jeu des sommes d'argent conséquentes.
     
    Des simples frères demeurant alors dans les  dites maisons du bailliage de Caen, nous ne savons rien, à une exception près: dans une charte non datée, mais attribuable au milieu ou à la seconde moitié du XIIe siècle, confirmant le don des dîmes de la paroisse de Bretteville-le-Rabet au prieuré du Plessis-Grimoult, apparaît en tant que témoin un certain Ranulf templier.
     
    On peut logiquement supposer que ce Ranulf était alors précepteur de la commanderie de Bretteville-le-Rabet.

    Pour les XIIe et XIIIe siècles, notre information se limite donc à quelques noms et quelques titres, sans autres éléments pour esquisser une biographie, même sommaire.
     
    Pour accéder à un niveau supérieur de connaissance sur les frères du Temple, il faut attendre le début de l'affaire des Templiers.

    Le procès de l'Ordre du Temple qui dura plusieurs années a donné naissance, ne serait-ce que pour le royaume de France, à une documentation qui devait être considérable à l'origine.
     
    Même si celle-ci a connu d'innombrables pertes, elle n'en demeure pas moins importante, quoiqu'assez inégale selon les endroits concernés.
     
    De ce point de vue, les maisons du bailliage de Caen sont particulièrement bien servies puisque plusieurs sources documentaires sont encore existantes, cas assez exceptionnel en soi.
     
    En ce qui concerne les frères résidant dans ces commanderies, trois documents peuvent nous fournir des informations. Ce sont, en suivant l'ordre chronologique:

    — Les inventaires de mise sous séquestre des biens des commanderies du bailliage de Caen effectués par les officiers royaux le vendredi 13 octobre 1307, le jour même de l'arrestation des Templiers.

    — Le procès-verbal de l'interrogatoire des Templiers de ce même bailliage, mené à Caen les 28 et 29 octobre 1307 par les commissaires de l'Inquisiteur de France.

    — Les procès-verbaux de l'enquête de la commission pontificale qui s'est déroulée à Paris du 8 août 1309 au 5 juin 1311 (J. Michelet).

    Des trois sources utilisées, c'est sans conteste le procès-verbal de l'interrogatoire de Caen qui est le plus précieux.
     
    Nous ne souhaitons pas nous appesantir plus que nécessaire sur la première partie du procès-verbal qui relate les conditions dans lesquelles se déroula l'interrogatoire et reprend les charges qui pesaient sur l'Ordre.
     
    Les Templiers sont accusés d'être hérétiques et idolâtres — entre autres, de renier le Christ, de cracher sur la croix lors des réceptions et d'adorer des idoles — et d'avoir des pratiques obscènes et homosexuelles.

    Après avoir commencé par nier, les treize Templiers du bailliage de Caen avouèrent finalement les crimes imputés à l'Ordre.
     
    Le chevalier Gautier de Bullens contesta toutefois certaines accusations telles que celles portant sur « l'ydole fait afforme d'une teste d'omme » ou sur le sacrement de l'hostie.
     
    Seul le frère Guy Pesnee interrogé le samedi 28 octobre nia toutes ces accusations et persista dans ses dénégations après avoir subi la torture; il n'avoua que le lendemain.

    Au-delà de ces soi-disant aveux, l'interrogatoire de Caen apporte énormément à qui s'intéresse aux Templiers.
     
    En premier lieu, il nous fournit une liste complète des frères de l'Ordre résidant alors dans les cinq établissements du bailliage:
     
    ils étaient treize en tout et pour tout.
     
    Ce sont, en suivant l'ordre adopté par le procès-verbal:
     
     

    Le chevalier Gautier de Bullens, de la maison de Voymer,
    — Matieu Renaut, commandeur de Bretteville-le-Rabet,
    Etienne de Noefcastel, commandeur de Courval,
    — Giefroi Hervieu de Bretteville,
    — Jehan Challet, de Bretteville,
    — Guillaume le Raure, de Baugy,
    — Richard Bellenguel de Courval,
    — Guillain Tone, de Courval,
    — Henri de Rothours, de Voymer,
    — Aubin Lenglois, commandeur de Baugy,
    — Christofle de Loviers, de Voymer,
    — Raoul de Perrousel, de Baugy,
    — Guy Pesnee, de Louvigny.

    Les autres renseignements portent sur le statut dans l'Ordre de chacun d'entre eux - chevalier, sergent ou prêtre -, le diocèse d'origine, le lieu de réception ainsi que l'identité du frère qui y procéda, et le nombre d'années passées dans l'Ordre.
     
    Ces informations ont servi de base à l'élaboration de notices biographiques, qui ont été présentées sous forme d'un tableau de synthèse.
     
    Ces données ont pu être vérifiées et complétées ponctuellement par confrontation avec les deux autres sources citées précédemment.

    A l'issue de la lecture de ces notices, un commentaire s'impose.
     
    La première remarque qui se dégage concerne les effectifs des maisons du Temple: ceux-ci paraissent très faibles.
     
    On compte, en effet, treize Templiers en tout et pour tout, répartis dans nos cinq établissements.
     
    Le frère Guy Pesnee demeurait seul à Louvigny, petite dépendance de la maison de Fresneaux et les autres commanderies abritaient chacune trois frères, même celle de Bretteville-le-Rabet qui occupait pourtant, semble-t-il, le deuxième rang des commanderies normandes après Saint-Etienne-de-Renneville.

    Cette modicité des effectifs ne signifie pas cependant que les biens de l'Ordre étaient sous gérés car chaque établissement abritait une domesticité fort importante, comme en témoignent les inventaires établis le 13 octobre 1307.

    A Baugy, du chapelain au gardien des oies, la maisonnée regroupait vingt-sept personnes en plus des trois frères et les maisons de Bretteville et de Courval comptaient au moins treize domestiques chacune.

    La remarque suivante porte sur le caractère local du recrutement:
    Les frères de nos commanderies étaient très majoritairement originaires de Normandie, neuf sur treize plus précisément (soit 70 %).

    — Matieu Renaut,
    — Henri de Rothours,
    — Aubin Lenglois et
    — Chritofle de Loviers.

    Tous quatre originaires du diocèse d'Evreux, furent reçus dans la chapelle de Renneville, maison principale de la préceptorie de Normandie, de même qu'Etienne de Noefcastel, Richard Bellenguel et Guy Pesnee, venant, eux, du diocèse de Rouen.

    Quant à Giefroi Hervieu et Guillain Tone, originaires du diocèse de Bayeux, ils furent, pour leur part, reçus à Bretteville.

    A la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, les réceptions ne semblent plus se dérouler ailleurs que dans ces deux commanderies, alors que la préceptorie de Normandie compte environ douze établissements.

    L'indication du nombre d'années passées dans l'Ordre par chacun de nos Templiers permet par déduction de connaître l'année de la réception, mais nous n'avons qu'une seule indication de date précise: le témoignage de Mathieu de Cresson Essart (J. Michelet, Procès des Templiers) nous apprend que Gautier de Bullens fut reçu à Paris le die martis post festum apostolorum Pétri et Pauli (le 29 juin 1294).

    Nous connaissons en outre les dates de réception de quelques autres Templiers d'origine normande: furent reçus à Renneville:
    — Guillaume Bonchel, circa instans festum Nativitatis beati Johannis Baptiste, erunt XII anni vel circa (24 juin 1299),
    — Pierre Agate, neveu de Philippe Agate, in vigilia Symonis et Jude apostolorum, fuerunt decem anni vel circa (28 octobre 1301),
    — Raoul Louvet, fuerat [in ordine] nisi per llllor menses ante captionem eorum (juin 1307),
    — Thomas Quentin, reçu lui à Bretteville, circa instans festum beati Johannes, erunt X anni vel circa (30 juin 1301).
    — Les indications sont peu nombreuses, mais il semble tout de même que juin soit un moment privilégié.
    (Le Procès des Templiers, tome 2, pages 26-28, et pages 191-198, tome 1, pages 554-556).

    Le privilège de recevoir les postulants revenait le plus souvent à un dignitaire de l'Ordre, généralement au précepteur de la province: à Renneville, deux frères furent reçus par Girart de Villers, maître de France. (Le Procès-verbal de Caen cite également un « Richard de Villers »: il faut y voir une confusion de prénoms. Consulter E.G. LEONARD, Gallicarum militiae templi domorum, Introduction au cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317) constitué par le marquis d'Albon, suivie d'un tableau des maisons françaises du Temple et de leurs précepteurs, Paris, Librairie Champion, 1930, page 115).

    Mais la majorité le fut par frère Philippe Agate, qui exerça successivement, ou conjointement, les fonctions de commandeur de Renneville, de précepteur de Normandie, puis en 1307, de commandeur de Sainte-Vaubourg.
    (Sur Philippe Agate, voir Introduction au cartulaire manuscrit du Temple..., pages 116, 118 et 119)

    La plupart des Templiers du bailliage de Caen n'avaient donc jamais quitté leur région d'origine, voire la commanderie où ils avaient été reçus. Aubin Langlois, reçu à Renneville vers l'année 1283 était déjà commandeur de Baugy vers 1299 (J. Michelet, Procès des Templiers);
    Mathieu Renaut, reçu, lui, à Bretteville-le-Rabet aux environs de 1297, y était toujours vers 1301 (J. Michelet, Procès des Templiers); quand il assista à la réception de Thomas Quentin et, en 1307, il était commandeur de la maison.

    Cette stabilité des effectifs était de fait nécessaire à une gestion efficace du patrimoine de l'Ordre, qui se constituait principalement de grosses exploitations agricoles.

    Nos Templiers normands n'étaient assurément pas des guerriers attendant un départ de plus en plus hypothétique pour la Terre Sainte, mais d'efficaces administrateurs.

    Cette transition nous amène au point suivant concernant le statut des frères de nos commanderies.
     
    En effet, à l'encontre de l'image bien implantée dans l'inconscient collectif qui représente le Templier comme un chevalier vêtu d'un manteau blanc frappé d'une croix vermeille, chevauchant en armes et toujours prêts à combattre, on constate que la très grande majorité des frères du Temple sont des sergents.
     
    Parmi nos treize Templiers, seul Gautier de Bullens se dit chevalier: tous les autres sont frères sergents !

    Michel Miguet qui a pu recenser vingt-cinq Templiers pour toute la préceptorie de Normandie au début du XIVe siècle aboutit aux mêmes constatations en comptant pour sa part vingt-deux frères sergents, soit 88 % de l'effectif, deux chevaliers, soit 8 %, et un seul prêtre, soit 4 %.
     
    De même, l'étude des dépositions des Templiers des diocèses de Clermont et de Limoges a donné des résultats équivalents: sur un effectif de soixante-six, on a trouvé cinquante frères sergents (75,8 %), neuf chevaliers (13,6 %)
    et sept prêtres (10,6 %).
     
    Les frères chapelains sont encore moins nombreux que les chevaliers.

    De fait, l'Ordre avait souvent recours au recrutement extérieur pour desservir ses chapelles: les inventaires des maisons du bailliage de Caen
    signalent que le 13 octobre 1307 le chapelain de la commanderie de Baugy était Monseigneur Guillaume Duredent et celui de Bretteville Monseigneur Guillebert.
     
    A Courval, on signale également un chapelain mais sans le nommer.
     
    Aucun de ces trois hommes n'était frère du Temple et ils ne furent nullement inquiétés le jour de l'arrestation.
     
    Quant au faible effectif de chevaliers, il s'explique en partie par la disparition d'un grand nombre de combattants au Proche-Orient dans les années qui précédèrent la perte du Royaume latin de Jérusalem, mais il est aussi le reflet d'une désaffection certaine de l'aristocratie pour l'idée de croisade en général et l'Ordre du Temple, de plus en plus critiqué, en particulier.

    Les historiens du Temple voient dans la faiblesse du recrutement d'origine aristocratique une des causes du déclin de l'Ordre, tant au niveau spirituel qu'intellectuel, car les frères sergents remplaçaient de plus en plus fréquemment les chevaliers à la tête des commanderies et même des préceptories.
     
    Nous avons pu constater pour notre part que Matieu Renaut, Etienne de Noefcastel et Aubin Lenglois, commandeurs respectifs des maisons de Baugy, Bretteville et Courval étaient effectivement frères sergents, et que le chevalier Gautier de Bullens, pour sa part, n'était pas commandeur: le procès verbal des interrogatoires de Caen le désigne comme « compaignon de la maison deu Temple de Vaymer. »
     
    Il est par ailleurs établi que Philippe Agate, dignitaire de l'Ordre évoqué précédemment, était lui-même frère sergent.

    Pour autant, faut-il en déduire que l'ordre était irrémédiablement en crise ?
    Nous n'avons somme toute que peu de renseignements sur les époques antérieures et donc peu de points de comparaison.
     
    Après tout, les commanderies d'Occident n'avaient rien de commun avec les « casernes » du front, regroupant plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de combattants.
    Dans les premières, les frères étaient en petit nombre et ils ne menaient sûrement pas d'activités guerrières.

    On peut légitimement penser qu'en Occident on avait le plus souvent affaire, en dehors des chapelains, à des frères sergents plutôt qu'à des chevaliers.
    Les frères ayant des dispositions pour le combat étaient envoyés rapidement en Terre sainte, surtout dans les années qui précèdent sa perte définitive, tandis que ceux qui présentaient des dispositions pour la gestion du patrimoine restaient sur place.

    La perte de la Terre Sainte en 1291 et le repli sur Chypre ou l'Occident n'a peut-être pas eu une si grande incidence sur l'organisation des maisons rurales.
     
    De plus, jusqu'à ses dernières années d'existence, l'Ordre du Temple attirait encore des vocations, même si elles étaient relativement peu nombreuses.
     
    Sept membres de notre groupe de Templiers, soit la majorité, avaient été reçus dans l'Ordre après 1291, dont trois après 1300:
    ce sont les frères Giefroi Hervieu, Guillain Tone et Guy Pesnee.
     
    Si l'aristocratie boudait l'Ordre du Temple, ce n'était certes pas le cas de toutes les classes de la société !

    Qu'advint-il des Templiers de Caen après l'interrogatoire des 28 et 29 octobre 1307 ?
    Pour répondre à cette question, nous avons fait appel à un second document: le texte de l'enquête de la commission pontificale.

    La mission de cette commission était de convoquer tous les témoins aptes à déposer contradictoirement sur l'ordre du Temple, en sa faveur ou contre lui, de les interroger et de tenir un procès-verbal de ces dépositions.
     
    Elle devait siéger dans les limites de la province ecclésiastique de Sens où la plupart des Templiers se trouvaient incarcérés.
     
    De fait, elle se tint à Paris, capitale du royaume, dont l'évêché dépendait de la métropole sénonaise.
     
    Les travaux de la commission durèrent d'août 1309 à juin 1311.
    Environ 550 témoins, la plupart amenés de province, se présentèrent et la majorité d'entre eux voulaient défendre l'Ordre.
     
    Finalement deux cent trente-et-un témoins furent entendus par les commissaires du 11 avril 1310 au 5 juin 1311, date de clôture de l'enquête.

    L'exemplaire original sur parchemin du procès-verbal fut transmis au Pape en vue de la préparation du concile de Vienne et la copie sur papier, conservée à Paris, finit par aboutir en 1793 à la Bibliothèque nationale.
    Entre 1841 et 1851, ce texte a fait l'objet d'une publication intégrale par Michelet sous le titre de Procès des Templiers.
     

    Cette édition demeure le document de travail de référence pour qui s'intéresse à la question, bien que la publication, préparée un peu hâtivement, ne soit pas irréprochable dans le détail.
     
    Le texte n'a pas été annoté et aucune table des matières n'a été dressée; par contre, un index des noms de lieux et de personnes a été établi, ce qui peut s'avérer pratique.
     
    Ajoutons que le procès-verbal était rédigé, comme il se doit, en latin, ce qui peut poser problème à la nouvelle génération d'historiens dont la formation présente généralement quelques lacunes en la matière.

    Pour se repérer, il semble donc indispensable d'avoir recours à l'excellent ouvrage de Raymond Oursel qui traduit et commente de longs passages du texte et qui donne, dans sa table des matières, les concordances avec les pages de l'édition Michelet.

    Cette longue mise au point avait pour but de signaler les difficultés qui se sont présentées quand il s'est agi de retrouver la trace des treize Templiers du bailliage de Caen dans ce texte, ô combien rébarbatif.
     
    Et finalement, c'est grâce à l'utilisation de l'index que nous avons repéré laborieusement cinq passages où il est fait mention de ces derniers.

    Le 26 février 1310, cinquante-huit Templiers amenés de Gisors comparurent devant la commission pontificale; parmi eux se trouvaient assurément onze, probablement douze, des treize Templiers de Caen.
     
    Tous acceptèrent de défendre l'Ordre.
     
    Ce sont: Galtherus de Bullens, chevalier, du diocèse d'Amiens:
    — Stephanus de Novocastello, Ricardus Berlengue et Guido de Panaia, du diocèse de Rouen,
    — Anricus des Recors, Matheus Renaudi, Audinus Anglici et
    Christophorus de Locaveris, du diocèse d'Evreux,
     

    — Gilanus Toe et Guaufredus Cruci, du diocèse de Bayeux,
    — Johannes Barbonna, du diocèse de Troyes et
    — Radulphus de Perosello, du diocèse d'Amiens.

    L'identification n'allait pas de soi car ces noms diffèrent assez sensiblement de la graphie utilisée dans le procès-verbal de l'interrogatoire de Caen.
     
    La plupart des différences sont imputables à des latinisations plus ou moins approximatives, mais on note également des erreurs de prénoms assez fréquentes, ainsi qu'une erreur de transcription moderne (cruci pour ervei) qui n'aura pas échappé aux personnes ayant quelques notions de paléographie.
     
    Avec de la patience et un peu d'imagination, on peut, par recoupement d'informations, s'assurer de l'identification.

    Le 28 mars 1310, les commissaires firent comparaître l'ensemble des Templiers qui acceptaient de défendre l'Ordre, afin qu'ils choisissent parmi eux des procureurs. Parmi les cinq-cent-cinquante Templiers présents, ou environ, nous relevons à nouveau la présence de dix de nos Templiers.

    Entre les deux séances, Jehan Challet et Christophe de Loviers ont quitté notre horizon, tout comme Guillaume le Raure a disparu entre Caen et Paris.
     
     
    Qu'est-il advenu des ces derniers ?
     

    Ont-ils finalement renoncé à défendre l'Ordre, se sont-ils enfuis, ou bien sont-ils décédés ?

    Cette dernière hypothèse est malheureusement la plus vraisemblable: lors des interrogatoires, plusieurs frères se plaignirent aux commissaires des conditions d'incarcération ainsi que des mauvais traitements qu'ils avaient subis.
     
    Depuis 1307, plusieurs étaient déjà morts en prison et on peut supposer que les frères les plus âgés furent parmi les premiers à partir.
     
    Christophe de Loviers et Guillaume le Raure, reçus tous deux en 1282 ou 1283, avaient probablement dépassé la cinquantaine, sachant que les impétrants avaient généralement entre vingt et trente ans.

    A la suite de cette séance plénière du 28 mars 1310, les interrogatoires individuels commencèrent. Aucun Templier de Caen ne témoigna, malheureusement, devant la commission; les rares informations supplémentaires ont donc été recueillies indirectement dans les dépositions d'autres frères.

    Le témoignage le plus intéressant est celui de Mathieu de Cresson Essart, sergent, originaire du diocèse de Beauvais et précepteur de la maison de Beylleval dans le diocèse d'Amiens.

    Il fut reçu à Paris en 1293 ou 1294 en même temps que le chevalier Gautier de Bullens, du diocèse d'Amiens, lequel Gautier « fuit combustus Parisius », selon ses dires. Gautier de Bullens fut donc victime de ce que Raymond Oursel nomme « le coup du 12 mai. »
     
    En effet, le 12 mai 1310, cinquante-quatre Templiers qui s'étaient offerts à la défense de l'Ordre et étaient donc revenus sur leurs premiers aveux, furent condamnés à être brûlés vifs comme relaps le jour même.

    Ces Templiers étaient « ratione personnae » justifiables des tribunaux spéciaux de la province ecclésiastique de Sens, et l'archevêque qui venait d'être nommé - à savoir Philippe de Marigny, frère d'Enguer-ran de Marigny - s'était hâté de conclure les enquêtes, dans un sens propre à satisfaire le roi.
     
    Malgré les protestations des commissaires pontificaux, la sentence fut exécutée et ce bûcher ne fut que le premier d'une série qui devait se continuer les jours suivants.

    Les informations extraites de deux autres interrogatoires, ceux de Thomas Quentin et Guillaume Bonchel, sont encore plus laconiques que la première, mais elles ont le mérite de nous fixer une fois pour toutes sur le sort de Mathieu Renaut et d'Aubin Lenglois: ils sont tous deux décédés, mais les circonstances de leur mort ne sont pas précisées.
     
    Peut-être ont-ils péri eux-aussi sur les bûchers de mai 1310 ?

    Il ne semble pas innocent que les seuls Templiers dont nous ayons confirmation du décès soient justement deux commandeurs ainsi que le seul chevalier de notre groupe de Caen.
     
    Plutôt que le fruit du hasard, ne faudrait-il pas y voir la marque d'une volonté délibérée d'éliminer toute velléité de combat de la part des défenseurs de l'Ordre en éliminant ceux en qui pouvait s'incarner l'esprit de résistance ?
     

    Il n'est d'ailleurs pas non plus anodin que, lors de l'interrogatoire à Caen, le chevalier Gautier de Bullens ait été interrogé en premier, suivi des commandeurs de Bretteville et de Courval, les aveux des plus « fortes personnalités » entraînant généralement ceux des autres.

    A l'issue de cette étude, l'image finale que nous gardons des derniers Templiers du bailliage de Caen est celle d'humbles frères sergents, administrateurs et frères de métiers dont la tâche était de faire fructifier le patrimoine de l'Ordre, sans grand souci d'activités militaires.

    Certains parmi eux avaient-ils même porté les armes et s'étaient-ils rendus en Orient ?
    Rien n'est moins sûr. Pour la plupart, le destin ne les avait jamais entraînés au-delà de la limite de leur province, pour certains même, des murs de leur commanderie d'origine. Leur arrestation et l'accusation dont l'Ordre du Temple fut subitement l'objet ne pouvaient que les prendre au dépourvu.
     
    Dans l'épreuve, peu résistèrent aussi héroïquement que le frère Guy Pesnee mais le premier choc passé, tous trouvèrent suffisamment de courage pour venir défendre l'Ordre à Paris, au péril de leur vie.
     
    Certain comme le chevalier Gauthier de Bullens et peut-être les
    frères Matieu Renaut et Aubin Lengloi, se comportèrent plus que dignement, en mourant sur le bûcher.
     
     

    Melle Anne Gilbert-Dony - Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie - Tome LXII, années 1994-1997 - Caen

    Les interrogatoires en vieux François

    Examination faite le jour de samedi en la feste as sains apostres Cymon et Jude l'an de grâce mil. CCC. et sept pour partie et le diemenche prouchain ensuiant ensement pour partie des frères de la maison deu Temple de la baillie de Caen sur les articles de lour erreurs seelees deu contreseel notre seignor le roi, les quiex articles sont tex.

    Cest assavoir, cil qui sont premièrement receu requièrent le pain et l'eaue de l'ordre et puis le commandeour, ou le maistre qui le receoit le meine secreement derrière l'autel ou en revestiare ou aillors en secret et monstre la crois et la figure de nostre seignor jhesu crist et il fait renier le prophète, c'est assavoir nostre seignor jhesu crist de qui celé figure est, par trois fois et par trois crachier sur la crois, puis le fait despoillier de sa robe et cil qu'il le receoit le baise en bout de l'eschine sous le braeul puis en nombral et puis en bouche et li dit que se aucun frère voult gésir charnelment alui que il le seuffre quer il le doit et est tenu a souffrir selonc le statut de l'ordre, et que pluseurs dels pour cen par manière de sodomie que sont l'un oveques l'autre charnelment.

    Et ceint l'un chascun quant il est receuz d'une cordele sur lour chemise et la doit le frère touz jours porte sur soi tant comme il vivra, et entent que ces cordeles ont ete touchies et mises entour un ydole qui est en forme d'une teste d'omme a une grant barbe, laquele teste il baisent et aoureent en lour chapitres [...] nos et ne sont pas tint li frères fors li grant maistre et li avoient.

    Item les prestres de l'ordre ne sacrent pas sur l'autel le corps nostre seignor ihesu crist.

    Laquelle examination fut faite par nous frères Robert souprior, Michel Chouquet lectour, Roger d'Argences et lohan de Margny deu couvent des frères preechours de Caen selonc la forme de la commission sur ceu faite de religieus homme frère Guillaume de Paris, chapelain notre père le pappe, confessour notre sire le roi de France et inquisiteur députe d'iceli nostre père le pappe en roiaume de France de la mauvestie de hérésie et par nous: Hugues de Chastel et Enguerran de Villers, chevaliers notre sire le roi, députez d'icelui seignor quant a ceu, si comme il apparessoit par ses lettres, presenz a ceste examination les tesmoings, des quiex les nons s'ensuivent. Cest assavoir:
    monseignor Richard de Breteville chevalier, maistre Robert de Caudebeq clerq notre sire le roi, monsseignor lohan chapelain deu dit monsseignor Hugues, lohan deu Chastel clerq, Raoul Gloi, Thomas deu Toil clerq de la visconte de Caen, Henri Campion, Richart le Tumbeour sergent notre sire le roi, et pluseurs autres.

    Et pour cen que nous ne povions traire vérité des diz Templiers sur les erreurs contenus es diz articles, ja soit ceu que il avoient jure par deux fois et este examinez le plus diligemment que nous povions, nous: souppriour, lectour, Roger et lohan desus diz en la présence de nous, les diz Hugues et Eugerran pour ten que iceus Templiers avoient tout mis en nie, lour monsstrasmez singulièrement et a chascun par soi pluseurs raisons et pluseurs voies, par quoi eus povoient avoir sauvement deu corps et de l'âme, se eus vouloient vérité recognoistre et soi repentir des erreurs et retorner a la foi et l'unité de sainte église, et comme sainte église recevoit ceus, qui avoient erre et vouloient retorner a la foi, et lour promeismez a les recevoir a la miséricorde de sainte église, se einsi le vouloient fere; et nous Hugues et Engerran desus diz ensement lour promeismez a quitier toute peine temporel, dont notre seignor le roi les porroit punir de celx erreurs, et meesmement, pour plus mouvoir les, quant a traire vérité dels, lour deismez et monstrasmez, comme il estoit chose notoire et manifeste, que la graignor partie des Templiers deu roiaume de France avoient cogneu et confesse les erreurs et que les oviations et les deffenses proposées de lour partie en contraire n'estoit chose qui lour peust valoir, et que, se eus se parjuraient terche fois, bien si gardassent, que il lour convendroit souffrir tel peine, comme le cas requiert.

    Et ceu fait nous alasmez avant a l'examination sur les articles desus diz et oismez les diz Templiers singulièrement l'un après l'autre, et déposèrent sur les diz articles en la manière que il apparet par lour dépositions si dedenz escriptes, et furent les diz Templiers examinez en la sale deu petit chastel de Caen le samedi et le diemenche desus diz en la présence des diz tesmoingz, et a confirmation de vérité, nous souppriour, lectour, frères Roger et lohan devant nommez avons mis nos seaux a cest procès oveques les seaux des diz Hugues et Engerran presenz as chose ci dedenz escriptes.

    Frère Gautier de Bullens, chevalier nei de l'eveschie d'Amiens, compaignon de la maison deu Temple de Vaymer, receu et vestu a Paris par frère Hugues de Peraut chevalier, lequel frère Gautier a este en l'ordre l'espace de XIII anz ou environ, si comme il disoit, qui avoit jure par deux fois et este examine diligemment sur les articles dessus diz, les quiex il avoit touz mis en nie, requis, demande et examine derrechef sur les diz articles cognut et confessa touz les erreurs, excepte l'ydole fait afforme d'une teste d'omme, le quel il disoit que il n'avoit onques veu ne aoure ne riens n'en savoit. Et deu sacrement de l'autel disoit, que il creoit que les chapelains deu Temple sacraient le corps notre seignour sur l'autel comme bons crestions, ne ne savoit pas le contraire. Et est bien voir, que il avoit autre fois confesse, que il avoit este chaint, quant il fut vestu, d'une cordele sur sa chemise, en signe de chastee, et disoit, que il ne faisoit nule mauvestie, ne que elle eust ete touchie a l'ydole.

    Et des erreurs que il confessoit, se repentoit, si comme il disoit et retornoit a la foi et a l'unité de sainte iglise et requeroit a nous soupprior, lectour, Roger et lohan desus diz la miséricorde de l'église et a nous les diz Hugues et Engerran remission de peine temporel, les quiex choses le furent de nous otreiees.
    — Frère Matieu Renaut, commandoour de la maison deu Temple de Breteville la Rabel, recheu et vestu par frère Philippe, lors commandeour de Reneville, a présent commandeour Sainte Waubourg, a este en l'ordre l'espace de x anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Estienne deu Noef Castel, commandoour de la maison deu Temple de Court Val, receu et vestu a Saint Estienne de Reneville, par frère Girart de Villers, lors mestre de France, et a este en l'ordre environ sis anz, si comme il disoit.
    — Frère Giefroi Hervieu, compaignon de la maison de Breteville, receu et vestu a Breteville par le dit frère Philippe et a este en l'ordre III anz aura a la mi caresme prochain, si comme il disoit.
    — Frère lehan Challet, compaignon de la maison de Breteville, receu et vestu a Barbonne, par frère Robert, commadeour de Barbonne, et a este en l'ordre XVII anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Guillaume le Raure, compaignon de Baugie, receu et vestu a Fontenoi jouste Sablies (Fontenay-près-de-Chablis, yonne, arr, Auxerre, canton de Chablis) par frère Guillaume de Trees, commandeour de Fontenoi et a este en l'ordre XXIII anz ou XXV ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Richard Bellenguel, compaignon de la maison de Court Val, vestu et receu par frère Aimere, lors commandeour de Reneville, a este en l'ordre XVI anz, si comme il disoit.
    — Frère Guillain Tone, compaignon de Court Val, vestu et receu par le dit frère Philipe a Breteville, a este en l'ordre IIII anz, si comme il disoit.
    — Frère Henri de Rothours, compaignon de Vaymer, receu et vestu a Reneville, par le dit frère Philipe, et a este en l'ordre IX anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Aubin Lenglois, commandeour de Baugie, receu et vestu par le dit frère Aimere, et a este en l'ordre XXIII anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Christofle de Loviers, compaignon de Vaymer, receu et vestu a Reneville par le dit frère Aimere, et a este en l'ordre XXV anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Raoul de Perrousel, compaignon a Baugie, receu et vestu a Dole par frère Richard de Bonteycourt, lors commandeour de Bourgoigne, et a este en l'ordre XXII anz, si comme il disoit.

    Les quiex avoient jure par deux fois et este examinez diligemment sur les articles desus diz singulierement, les quiex articles eus avoient nie a plein, requis, demandez et examinez chascun par soi derrechief sur les diz articles cognurent et confessèrent les erreurs contenus es diz articles en la forme et en la manière que le dit frère Gautier, quant a vray entendement et a sentence, et des erreurs que il confessoient se repentoient, si comme il disoient, et retornoient a la foi et a l'unité de sainte église, requeranz a nous soupprior, lectour, Roger et Tohan desus diz la miséricorde de sainte église et a nous les diz Hugues et Engerran [remission] de peine temporel, les quiex choses lour furent otriees.

    Frère Guy Pesnee, demorant a la maison deu Temple de Louvigny tout soul receu et vestu par frère Richard de Villers, lors commandeour de France, et a este en l'ordre environ VI anz, si comme il disoit, le quel avoit este jure par deux fois et este examine diligenment sur les articles desus diz; les quiex articles il avoit nie, mis en gehine le samedi desus diz, en laquele gehine il ne vout riens confesser, en lendemain requis, demande et examine sur les diz articles confessa les erreurs en la manière que il avoient este confesse des autres desus diz quant a sentence et a vrai entendement requérant a nous souppriour, lectour, Roger et lohan desus diz miséricorde, et a nous les diz Hugues et Enguerran remission de peine temporel, la quele chose lui fut otriee.
     

    Sources: Anne Gilbert-Dony - Bulletin de la
    Société des Antiquaires de Normandie
    - Tome LXII, années 1994-1997 - Caen

    Maison du Temple de Caen
     

    Des historiens recommandables, Huet et l'abbé de la Rue, qui se sont occupés des antiquités de Caen, ne sont pas d'accord sur la question de savoir s'il y avait autrefois dans cette ville une maison de l'Ordre du Temple.

    Huet dit que l'hôtel des Templiers était situé dans la rue de Bernières allant au Pont-St-Pierre.
    Mais l'abbé de la Rue observe qu'en 1307, lors de l'arrestation des Templiers dans leurs maisons du bailliage de Caen, aucun d'eux ne fut arrêté dans la ville, par la bonne raison qu'ils n'y résidaient pas et qu'ils n'y avaient pas de maison.

    Cependant l'abbé de la Rue dit, dans une autre partie de son ouvrage, que du côté du Pont-Saint-Pierre, dans la rue des Quais, il y avait autrefois deux, jeux de paume, qu'on appelait le Grand et le Petit-Roch, du nom de leur propriétaire. Il ajoute que celui qui se trouvait entre la rue Guilbert et la rue des Cordes, était nommé beaucoup plus anciennement le Temple, et que dans le cartulaire de l'église Saint-Pierre, on trouve sous la date de l'année 1467 cette mention: « Maison et place du Temple sur la rive, appartenant à Jacques Dallon, curé de Langrune. »

    Ces mots indiquent suffisamment que c'était là l'ancienne demeure des Templiers. Cette maison, il est vrai, pouvait n'être plus occupée par eux en 1307, lors de leur arrestation, mais il n'est pas moins certain que les Templiers de Bretteville l'habitaient de temps à autre au siècle précédent.
     
    Elle leur avait été donnée vers le milieu du XIIIe siècle, par une noble demoiselle, du nom de Péronne, fille d'Asselin le Merchier.
     
    Nous avons trouvé la charte du mois de juillet 1266, par laquelle la noble demoiselle reconnaissait avoir abandonné aux frères de la chevalerie du Temple, demeurant à Bretteville-le-Rabet, « apucl Bretainvillam la rabel », sa maison située à Caen, « apud Cadonum », dans la paroisse Saint-Pierre de Darnetal, rue Basse, « in bassa rua », et tenue des frères du Temple au cens de 42 sols tournois par an, dans laquelle maison, est-il dit, les Templiers avaient coutume de manger et de loger, lorsqu'ils devaient, pour leurs affaires ou pour toute autre cause, séjourner en ville.
    Cette donation portait pour condition, que Péronne recevrait des Templiers, tout ce qui serait nécessaire à sa subsistance, et qu'on le lui ferait porter chaque jour dans celle de ses maisons de Caen qu'elle jugerait à propos d'habiter.

    Outre leur maison dans la ville, les Templiers en possédaient une autre en dehors, au hameau de la Folie.
     
    C'était une petite métairie avec une dizaine de vergées de terre, longeant la route royale, et qu'on a appelées depuis le Champ du Temple.

    Les Hospitaliers fieffèrent en 1413 ce petit domaine, et le donnèrent en arrentement perpétuel à un nommé Paul de Bailly, bourgeois de Caen, moyennant une redevance de 24 boisseaux de froment et de 40 sols tournois par an.
     


    Ils arrentérent également vers la même époque, l'ancienne maison du Temple, que le curé de Langrune, comme nous l'avons vu, tenait d'eux en 1467.

    Ils possédaient des cens dans la ville, notamment sur des maisons rue Basse-Saint-Pierre, et sur des terres au Mont-Petoux.
     
    Ils avaient le patronage de l'église de Saint-Julien que les Templiers leur avait laissé avec la collation de la cure.

    D'après l'abbé de la Rue, le commandeur de Bretteville avait toute la police épiscopale de cette église, droit de visite, etc., comme dépendante de l'Ordre de Malte. Le curé prenait le titre de prieur ou de curé commandataire.
     
    Enfin, lorsque l'Ordre de Malte recevait à Caen les voeux de quelque chevalier, c'était toujours dans cette église que la cérémonie avait lieu.

    Au commencement du XVIIe siècle, le chevalier Pierre de Caen, commandeur de Bretteville, voulut rétablir dans l'église de Saint-Julien, une charité qui avait été supprimée au temps des guerres, et dont il fit renouveler les règles et statuts.

     
     
    Cette charité devait se composer d'un échevin, d'un prévôt, d'un sous-prévôt et de douze frères servants.
     
     
    Pour y être admis, il fallait jurer d'être né de légitime mariage, d'être sain de corps et d'esprit, de condition libre et non serf, sans être sujet à un état de gêne ou de pauvreté qui empêchât le service à la dite charité.

    Le frère servant devait obéissance à l'échevin, au prévôt, au sous-prévôt et au curé pour tout ce qui regardait la charité.
     
    A la première désobéissance, il était mis à l'amende de cinq sols; à la seconde, il se trouvait suspendu de ses fonctions par le curé pendant trois mois; à la troisième, il était révoqué.
     

    Des frères et sueurs non servants pouvaient, par dévotion, se faire recevoir à la charité, moyennant de payer une somme de trente sols, lors de leur admission.

    Les échevin, prévôt, sous-prévôt et frères servants étaient tenus, lorsqu'il y avait quelqu'un de la charité malade, de le visiter deux fois par semaine s'il était frère servant, et une fois seulement lorsqu'il était frère ou sueur non servant.
     
    C'était là le but de celte société.

    Un règlement était fait pour les funérailles des membres de la charité, ainsi que pour les messes auxquelles ils devaient assister dans l'année.
     
    Ce règlement se terminait ainsi:
     
    Si quelqu'un ou plusieurs des frères servants ou non servants, échevin, prévôt, sous-prévôt, meuz de dévotion, veule pérégrincr pour visiter les lieux saints,
    Saint-Jacques en Galilée et Jérusalem, lesdits échevin, prevost, sous-prevost et douze frères servants avec le clerc, seront tenus et obligez le conduire hors le terroir de la paroisse du pèlerin, environ un quart de lieue avec croix et bannière; et avant son département, sera chantée une messe à none du Saint-Esprit dans telle église de Caen; à laquelle messe assistera le pèlerin avec les eschevin, prevost et frères servants. Cette charité existait encore à la fin du XVIIe siècle.
     

    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

     
    Eglise Saint-Julien à Caen
     

    La petite église Saint-Julien, à l'extrémité de la promenade, ressemble plutôt à une église de campagne qu'à une église de ville, et n'offre qu'un intérêt très minime.
    L'apside à pans coupés avec des contreforts appliqués sur la jonction des pans, les moulures du portail, enfin tout ce qui offre un peu de caractère dans l'édifice annonce le XVe siècle peut-être de la deuxième moitié.
     

    La tour centrale, d'une forme disgracieuse est plus moderne.
    Les templiers avaient possédé le patronage de Saint-Julien presque dès l'origine de leur ordre, c'est-à-dire peu après l'année 1118 après leur suppression en 1312 elle appartint à l'ordre de Malte.

    L'abbé De La Rue rapporte que lorsque l'ordre de Malte recevait à Caen les voeux de quelque chevalier, la cérémonie avait lieu à Saint-Julien.
     
     
    Il y avait à Saint-Julien un curé qui prenait le titre de prieur,
    un vicaire et deux obitiers.
     

    Sources: Bulletin monumental, publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques; et dirigé par M. de Caumon. Tome 8, page 165. Paris 1842.

     

     

     

    http://www.templedeparis.fr/armarium/documents-d-archives/

    http://www.templedeparis.fr/armarium/le-rouleau-d-interrogatoire-des-templiers-de-paris/

    http://www.templiers.net/departements/index.php?page=14

     

     

    http://www.templedeparis.fr/armarium/le-rouleau-d-interrogatoire-des-templiers-de-paris/

     

     

     


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