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    Le trésor des Templiers

     

    L'ordre du Temple avait pour mission de "conserver" la Terre Sainte conquise en 1099, c'est un ordre religieux qui avait été consacré par le Concile de Troyes en 1128.
     

    Ces Templiers avaient fait voeu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, de protection des colons et des pèlerins.
     

    Ce qui les a pas trop gêné... de faire autre chose... parce que la réalité était toute autre !

    Ils avaient developpé une activité bancaire qu'ils ont conservé même après la perte du royaume de Jérusalem.
     
    En peu de temps cet ordre du Temple a réuni une fortune colossale, en terres et en bâtiments.
     
    On est arrivé à recenser deux mille commanderiesdeux millions d'hectares de terres cultivées et la moitié des maisons de Paris leur appartenaient !

    L'ordre du Temple était bien plus riche que le royaume de France.... ce qui a déclenché la colère et la haine de Philippe le Bel.

     Il les a fait arrêter et emprisonner sous des accusations toutes plus fausses les unes que les autres !
     
    Les Templiers ont été jetés en prison et exécutés jusqu'au dernier en même temps que leur grand maître Jacques de Molay.


     

    Où est passée la fortune des Templiers ?

    Au moment de leur arrestation collective, les officiers royaux n'ont trouvé que quelques papiers sans importance.

    Où est passé l'argent manipulé par tous ces Templiers ?
     
    Est-il en sécurité, en France, dans un lieu secret ? Si secret que personne ne l'a trouvé ?
     
    Est-il sorti clandestinement du pays ?

    A Chinon, dans le domaine de Gisors où les Templiers étaient emprisonnés, les graffitis qu'ils ont laissés seraient peut-être des indications codées pour localiser ce fameux trésor ?



     

    Une rumeur a prétendu que la veille de l'arrestation de l'ordre, trois lourds chariots ont quitté le Temple de Paris, vers une destination connue de personne. (il faut toujours se méfier des rumeurs... elles ont la peau dure !)
     

    Un jour, durant la Seconde Guerre mondiale, un jardinier du château de Gisors a prétendu qu'il avait découvert une crypte secrète sous la forteresse, un endroit où se trouvaient des sarcophages et des coffres remplis de métaux précieux.
     
    Mais ce n'est qu'en 1960,  qu'André Malraux a ordonné de faire des fouilles.

    Ils ont pris leur temps ! et ces fouilles n'ont rien donné !

    Par contre, elles ont sapé les fondations du château qui était à deux doigts de s'effondrer !

    Une consolidation des fondations a été faite et depuis, il est interdit de faire d'autres fouilles à Gisors !

    Là aussi, il faut rester logique et se demander si un tel trésor a vraiment existé ?

    En effet, chaque commanderie avait la monnaie nécessaire pour les affaires courantes.
    Mais tout l'argent qui rentrait était aussitôt investi dans l'achat de nouvelles terres ou de nouveaux bâtiments.

    Pourtant, ces coffres remplis de richesses continuent de torturer l'esprit des chasseurs de trésor et certains... peut-être plus téméraires, rêvent de prouver qu'une fortune dort sous nos pieds !

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    Le MONDE AGRICOLE, souvent, très souvent méprisé !
    encore maintenant !

     

    Tous les habitants de la ferme formaient une communauté de travail : le maître, sa famille, ses domestiques, vivant tous des produits de l’exploitation et supportant, en conséquence, de la même façon les effets de la misère et de la prospérité. Ils étaient aussi étroitement liés les uns aux autres que le sont, sur un bateau, les membres de l’équipage.

     

    Dans cette société patriarcale, les rapports entre les uns et les autres étaient empreints de la plus grande familiarité (la servante appelait la patronne par son prénom), mais le chef était obéi : il était maître à son bord après Dieu.

     

     

     

    On poussait parfois fort loin l’esprit d’association.

    Ainsi, dans le Léon, un acte de société en bonne et due forme était souvent signé entre le père et un ou plusieurs de ses enfants mariés.

    Les bénéfices du travail collectif étaient partagés entre eux, au fur et à mesure des rentrées.

    Mais au-dessus de cette communauté à l’échelle de l’exploitation, il en existait une plus vaste entre toutes les fermes d’un même « quartier ».

    L’union était une nécessité.

    Certains gros travaux comme les défrichements, la fenaison, la moisson, les battages, les grands charrois, exigeaient une main-d’œuvre nombreuse et le personnel de la ferme n’y pouvait suffire. Elle était, en même temps, une tradition.

     

     

     

    Cela allait plus loin, car, par exemple, lorsqu’un incendie (fréquent en ce temps de chandelles et de toit de paille) avait dévasté une ferme, tous les voisins considéraient comme un devoir de faire au sinistré un cadeau de foin et de paille pour ses bêtes, de sacs de grain pour sa famille, ...

     

     

     

    Un pauvre homme avait-il perdu son cheval ou la meilleure laitière de son troupeau ? Aussitôt une quête était faite pour l’aider.

     

     

    La charité  avait la réputation d’être inépuisable. Il n’était pas de paysan qui ne reçut chaque jour la visite de pauvres et ne leur donnât (si pauvre fût-il lui-même) la soupe, du blé, de la farine, des pommes de terre, ...

     

    Les paroisses étaient divisées en des sortes de confréries appelées « cordées », qui souvent s’assemblaient dans une chapelle, et dont le but était de secourir les pauvres, les veuves et les orphelins.

     

     

     

     

     

     Au XIXe, la France est encore un pays très rural. 

     

    La plus grande partie de la population française vit encore dans les campagnes, mais c'est tout un monde qui change sous la double influence de la révolution industrielle et de la révolution des transports. 

     

    La petite propriété agricole demeure familiale, les ouvriers agricoles, sans terre, sont nombreux.

     

    A côté des paysans, les artisans et les commerçants du monde rural ont également du mal à vivre. 

     

    L’artisanat est concurrencé par les produits industriels. De nombreux ruraux quittent la terre et vont en ville en espérant y vivre mieux et trouver un emploi. 

     

    C’est l’exode rural.

     

    --- La vie Paysanne Un Monde de sauvages !! 

    Gambetta résume les choses en quelques mots en 1871 (imbécile !)

     

    De nombreux témoignages suggèrent qu’une grande partie de la France du XIXe siècle était habitée par des sauvages. 

     

    En 1840, un officier d’état-major constatait que les Morvandiaux de Fours « poussaient des hurlements aussi sauvages que ceux des bêtes ». Les paysans étaient vus comme des pécheurs. 

     

    Les soulèvements populaires de décembre 1851 apportèrent leur lot de commentaires : horde sauvage, pays de sauvages, de barbares.

     

     Même en 1903, le thème de la sauvagerie rurale est encore repris par un auteur de récits de voyage : visitant le Limousin, au nord de Brive, il est frappé par l’esprit inhospitalier de la région et par les huttes de sauvages dans lesquelles vivent les gens. 

     

    --- La vie Paysanne Un Monde de sauvages !! 
    Gambetta résume les choses en quelques mots en 1871

    (imbécile !) 

     

    Ce qui manque aux paysans ? La civilisation  !! imbécile !

     

    en 1850, la loi Gramont, pénalisant le mauvais traitement des animaux domestiques, est inspirée par le souhait de « civiliser les gens ». 

     

    On payait dans les foires pour tuer une poule à coups de cailloux ! 

     

    Entre 1860 et 1880, les rapports des inspecteurs des écoles primaires répètent que les paysans n’ont pas assimilé la civilisation française, ils vivent comme des bêtes avec leurs bêtes.

     

     Il faut leur enseigner les manières, la morale, l’alphabet, leur donner une connaissance du français et de la France, une perception des structures juridiques et institutionnelles. Gambetta résume les choses en quelques mots en 1871 : 

     

    les paysans sont « intellectuellement en retard de quelques siècles sur la partie éclairée du pays ».

     

    Le paysan ne se rend en ville que lorsqu’il y est obligé.

     

     Il n’y rencontre que des gens qui prennent un air supérieur et moqueur avec lui. Le paysan est donc toujours gêné et mal à l’aise en ville ; 

     

    l’opinion que les citadins ont de lui est à l’image de la méfiance qu’il a d’eux.

     

     Il a toujours le sentiment d’être trompés par des gens (notaires, percepteurs) qui, eux, savent lire et qui profitent de son ignorance (ce qui arrivait souvent). 

     

    Au XIXe siècle, les historiens de la Vendée se refusaient à croire que les paysans puissent avoir des idées ou des projets autres que ceux inspirés par des sources extérieures. 

     

    Ce thème perpétuait la notion du bouseux abruti, dont la pensée était incohérente -si toutefois il lui arrivait de pensée. 

     

    ----------Marcher comme un paysan, manger comme un paysan était un péché que les petits manuels d’étiquette vendus par les colporteurs condamnaient sans détour. !

     

     Le mot paysan lui-même devint porteur de mépris.

     

     Le paysan avait honte d’être un paysan. !!

     

    Il admettait avec ses juges que quelque chose de valable et de très supérieur existait, qui lui faisait défaut. 

     

     

    Paris, et même la France, restèrent des lieux vagues et éloignés pour de très nombreux campagnards, comme ces paysans d’Ariège qui, en 1850, s’imaginaient que le Louvre était un palais de contes de fées, que les membres de la famille impériale étaient des personnages de livres d’histoires.

     

     

    Un millénaire chasse l'autre. 

    Dans un livre récent, Le Temps des laboureurs 

    (Albin Michel, 374 p.), consacré au second espace de mille ans, celui qui commence au XIe siècle, Mathieu Arnoux, grand ruraliste devant l'Eternel, dresse la figure pacifique et durable du laboureur, héros éponyme du beau Moyen Age et d'une croissance économique jusqu'alors sans exemple :

    elle ne se termine que dans la première moitié du XIVe siècle.
    Le laboureur et le vilain, le gros fermier et le manouvrier (saisonnier), forment ainsi le couple auguste qui, tant bien que mal, survivra dans nos campagnes pendant plus de neuf siècles. 

    Néanmoins, la peste noire et les guerres de Cent Ans de 1348 à 1450 détruisent à plus de 50 % ce peuplement rural de la France d'autrefois avec sa double nature, exploitante et prolétarienne.

    La renaissance démographique de 1450 à 1560 rétablit l'agreste duo dans son intégrité de l'avant-peste : 

    20 millions d'Hexagonaux (l'Hexagone virtuel est une figure géographique commode), dont 18 millions de paysans socialement structurés comme précédemment. 

    Cette masse humaine est stable, malgré les blessures anti-populationnistes, vite réparées, que lui infligent de temps à autre les guerres bourbonniques et louis-quatorziennes.
     

     

     

     

    suite...( Photo BRETAGNE )

    Le XVIIIe siècle est témoin d'un essor des peuplements agraires, équilibré, sans plus, par le développement économique du temps des Lumières. 

    La Révolution française libère la paysannerie du "joug" seigneurial, un joug qui n'était pas toujours aussi pesant qu'on le dit puisque la seigneurie fonctionnait, comme le soulignera Fernand Braudel, en tant qu'agent éventuel du développement de l'économie sur son territoire.

     

     

    suite ( de notre HISTOIRE pour bien comprendre ! )

    La paysannerie survit comme telle, malgré les souffrances des guerres de la Révolution et de l'Empire, par rapport aux pertes d'un à deux millions de personnes que lui ont infligées ces conflits. 

    Le XIXe siècle, jusque vers 1860, voire 1870, marque l'apogée, en volume, du bloc agraire de la nation : plus de 30 millions de ruraux. 

    L'Hexagone, en dépit des faibles rendements agricoles, est cultivé comme un jardin. 

    Plus spectaculaire sera la chute. Dès la fin du Second Empire et sous la IIIe République, le reflux campagnard est amorcé.

     

    la suite.....

    Bientôt, dès 1913, la population active non agricole est en voie de rattrapage vis-à-vis de sa consoeur paysanne. 

    Le massacre de 1914-1918 éprouve davantage la jeunesse villageoise que ce n'est le cas pour les ouvriers : 

    ils sont souvent affectés spéciaux dans les usines d'armement.
    puis plus tard à VERDUN !

     

    Continuons notre récit...( années 30/ puis l'occupation, la guerre.. )

    La dépopulation rustique continue dans l'entre-deux-guerres ; elle est ensuite freinée à l'époque de l'occupation allemande, tant le secteur agricole, donc alimentaire et vital, s'avère indispensable dans un pays privé d'importations de nourriture : pour un certain nombre d'agriculteurs, les années 1940-1944, si déplorables qu'elles fussent à leur égard, ne furent pas les pires qu'ils aient jamais connues, compte tenu des très rudes épreuves que leur avait infligées la crise mondiale lors de la quatrième décennie du XXe siècle

     

     

     

    .. suite... toujours.. vous suivez ?

    Mais bien sûr, il y eut les déportations, les bombardements, les exécutions sommaires, après délations....aussi et RESISTANCE;;;etc. Inutile d'insister à ce propos. 

    L'après-guerre, les "trente glorieuses" et le tournant des XXe-XXIe siècles ont affecté les zones rurales. Nous sommes, en fait de démographie agricole, plus rabaissés qu'en 1450, la situation est pire, si l'on peut dire, puisque même en cette époque maudite, il y avait davantage de personnes employées à la terre, à l'herbage et à la forêt que ce n'est le cas de nos jours

     

     

    Nous en revenons toujours aux mêmes processus...
    Les ELUS ! qui souvent ne connaissent rien de la TERRE ni du monde RURAL 
    - Le rôle des notables ruraux

    Pour exercer son influence et imposer sa puissance, la force publique s'appuie sur les élites anciennes de la terre. 

    Ce sont ces fameux notables ruraux dont les compétences, si elles sont indéniables dans la plupart des cas, se manifestent souvent au détriment de l'intérêt général campagnard. 

    Exerçant des fonctions d'élus, de juristes en tous genres, d'industriels éloignés des campagnes une partie de l'année ou simplement de rentiers du sol, les notables des campagnes françaises servent l'ordre politique en place et favorisent le contrôle des espaces ruraux. 

    Ils transmettent les valeurs de la République, perpétuent les traditions ancestrales, mettent en place des communautés rurales organisées et hiérarchisées...

    Leur rôle est complexe puisqu'il s'attache à la fois à la modernisation des sociétés rurales et à une certaine forme de conservatisme qui sert QUE LEURS INTERETS..

     

     

    . mais un petit billet "Historique".. qui vaut la peine
    d'être lu...cette femme connue.....parle de la paysannerie...

    La citation « spirituelle mais un peu pitoyable »

    « On dit qu’il y a cinq ou six cents bonnets bleus en Basse-Bretagne qui auraient bien besoin d’être pendus pour leur apprendre à parler. »

    Mme de Sévigné

    dans une lettre à sa fille datée du 3 juillet 1675

     

     

     

     Tous les habitants de la ferme formaient une communauté de travail : le maître, sa famille, ses domestiques, vivant tous des produits de l’exploitation et supportant, en conséquence, de la même façon les effets de la misère et de la prospérité. Ils étaient aussi étroitement liés les uns aux autres que le sont, sur un bateau, les membres de l’équipage.

     

    Dans cette société patriarcale, les rapports entre les uns et les autres étaient empreints de la plus grande familiarité (la servante appelait la patronne par son prénom), mais le chef était obéi : il était maître à son bord après Dieu.

     

    On poussait parfois fort loin l’esprit d’association. Ainsi, dans le Léon, un acte de société en bonne et due forme était souvent signé entre le père et un ou plusieurs de ses enfants mariés. Les bénéfices du travail collectif étaient partagés entre eux, au fur et à mesure des rentrées.

     

    Mais au-dessus de cette communauté à l’échelle de l’exploitation, il en existait une plus vaste entre toutes les fermes d’un même « quartier ».

     

    L’union était une nécessité. Certains gros travaux comme les défrichements, la fenaison, la moisson, les battages, les grands charrois, exigeaient une main-d’œuvre nombreuse et le personnel de la ferme n’y pouvait suffire. Elle était, en même temps, une tradition.

     

    Cela allait plus loin, car, par exemple, lorsqu’un incendie (fréquent en ce temps de chandelles et de toit de paille) avait dévasté une ferme, tous les voisins considéraient comme un devoir de faire au sinistré un cadeau de foin et de paille pour ses bêtes, de sacs de grain pour sa famille, ... Un pauvre homme avait-il perdu son cheval ou la meilleure laitière de son troupeau ? Aussitôt une quête était faite pour l’aider.

     

     

    La charité  avait la réputation d’être inépuisable. Il n’était pas de paysan qui ne reçut chaque jour la visite de pauvres et ne leur donnât (si pauvre fût-il lui-même) la soupe, du blé, de la farine, des pommes de terre, ...

     

     

    Les paroisses étaient divisées en des sortes de confréries appelées « cordées », qui souvent s’assemblaient dans une chapelle, et dont le but était de secourir les pauvres, les veuves et les orphelins.

     

     

     

    L'hiver, moins harassant, exige tout de même son quota de travail. En préparant le terrain pour la culture des poireaux, ce paysan repart vers une nouvelle année de travail. France, 1930. © Jacques Boyer / Roger-Viollet

     

     

     

     

    Tout au long du XIXème siècle, en "Europe" et surtout en France, les mondes ruraux et agricoles ont une place indéniable 
    dans la société. ( ??? )

    En terme de démographie, d'économie ou de représentation sociale, la campagne influence les destinées des pays européens. 

    Bien que de plus en plus tournées vers le monde de l'industrie et de l'urbain, les sociétés européennes du XIXème siècle conservent des traditions originaires du monde rural et bien plus encore. 

    La politique ne demeure pas insensible à ces influences et, au lieu d'ignorer ces sociétés rurales, on cherche plutôt à s'attirer leur bienveillance voire même à les guider

    Quels systèmes de pouvoir met-on en place dans les campagnes ?

    Comment la politique s'immisce-t-elle dans les sociétés rurales du XIXème siècle ? 

     

     

    Contrôler indirectement par les BUREAUCRATES !qui méprisent le monde AGRICOLE !

    Au XIXème siècle, les mondes ruraux européens, et français en particulier, sont relativement isolés de l'ensemble de la société urbaine et des bouleversements modernisateurs qui s'y jouent. 

    En contact permanent avec les villes pour les échanges économiques et de fréquents exodes ruraux, les sociétés des campagnes françaises conservent une relative autonomie. 

    Ces communautés rurales n'en demeurent pas pour autant des isolats. Il s'agit d'un univers relié au monde englobant de la ville par des systèmes de pouvoir et de contrôle social.

    S'il n'existe pas de Ministère de l'Agriculture à proprement parler avant une décision de "Gambetta" en 1881, des formes d'organisation étatiques indirectes sont en place dès le début du XIXème siècle. 

    La politique rurale n'est ni définie avec précision ni avec un soucis de globalité. 

    Pourtant, si la pensée de l'Etat n'est pas spatialisée, les sociétés rurales sont sous le contrôle de forces et de dirigeants extérieurs, ou du moins pas clairement identifiés. Il faut comprendre que pendant la première moitié du XIXème siècle, la puissance publique ne possède pas les moyens d'un contrôle réel sur les espaces ruraux. 

    A cause de l'instabilité politique, du manque de moyens financiers, du manque d'agents publics et du manque de connaissance des mondes ruraux, le pouvoir de l'Etat et le contrôle se font de manière indirecte. 

    Cette logique de gouvernement indirect des espaces ruraux s'observe en France, mais également dans l'ensemble de l'Europe.
     
     
     
     

     

     

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  • LA VIE dans les MANOIRS du LEON
    (XVIe-XVIIe)
    par Jean-Yves LE GOFF
    Musée du Léon 1988

    Ces quelques notions sur la vie dans les manoirs du Léon à l’époque de la construction du château de Kerjean sont tirées en grande partie des renseignements inclus dans deux documents d’époque : l’inventaire du pillage du manoir de Mésarnou en Plounéventer en 1594, et l’inventaire après décès de l’hôtel de Hamon Barbier à Saint-Pol en 1544. 

    Le mode de vie étant lié aux conditions économiques du moment, nous commencerons par donner un aperçu sur la situation économique de notre région à cette époque. Puis nous verrons successivement :
    • Qui étaient les gentilhommes léonards ?
      des gentilhommes campagnards 
      des militaires 
      des employés de l’administration
    • Où vivaient-ils ? Les manoirs. 
      (architecture, décoration intérieure, mobilier, habillement, vaisselle, jardins) 
    • Leur alimentation 
    • Leurs distractions (la chasse, les réceptions, les jeux) 
    • Leur culture (leurs études, leurs lectures, la musique) 

    I - L’économie du Léon aux XVe-XVIe siècles.

    A partir du XVe siècle, la Bretagne vit une ère de paix, après les troubles des Guerres de Succession de Bretagne. Les traités de Guérande (1365 et 1381) éta­blissent Jean IV sur le trône ducal. La population augmente, bien qu’elle soit déjà assez dense à la fin du XIVe siècle (1 250 000 habitants, soit 30 à 36 par km².
    Le Léon, zone côtière, est proportionnellement plus riche et plus peuplé que la Bretagne intérieure. On y cultive du blé, de l’orge, des fèves, des pois, dont une partie est exportée. L’élevage de bovins est prospère, mais on élève aussi des moutons, des porcs, des chevaux.
    La pêche est importante. La pêche en eau douce sert surtout à la consommation locale, mais une partie est commercialisée (surtout le saumon, très abondant). La pêche côtière commence à se développer, puis la pêche hauturière à partir du XVe siècle. 
    L’industrie est faite d’une multitude de petites entreprises : pelletiers, cor­donniers, pintiers, exportent vers l’Angleterre et l’Espagne. Les tanneries sont très florissantes et le cuir breton est largement exporté. 
    La construction navale est florissante au Conquet, à Brest, à Morlaix, et des navires sont vendus en Ecosse, en Angleterre, en Zélande. 
    L’industrie textile est en pleine expension, surtout toiles de lin (les crées), mais aussi toiles de chanvre qui servent à emballer le sel, les balles de laine, et à faire des voiles. 
    Au XVIe siècle, ces activités. prennent de l’essor. C’est l’âge d’or de la Bretagne.
    La production de céréales augmente. L’introduction du sarrazin, ou blé noir, venu d’Asie Mineure au début du XVIe siècle, permet de garder le blé pour l’exportation. La Bretagne devient un des greniers à blé de l’Europe. C’est l’un des facteurs de l’essor économique de cette période. A côté on trouve toujours divers légumes : fèves, pois, navets, choux, poireaux, artichaux qui apparaissent à Saint-Pol en 1661. Le lin est toujours abondamment cultivé. 
    L’élevage continue à être florissant, surtout de bovins. Les abeilles sont très répandues, le miel remplaçant le sucre qui ne se diffuse qu’à partir du XVIIe siècle. 
    Le cidre est introduit en Bretagne au XVIe siècle, venant de Normandie. Il contribue à l’abandon du vignoble breton. 
    La production de toiles de lin (les crées) atteint son apogée aux XVIe -XVIIe siècles. 
    Mais l’essentiel de l’économie bretonne réside dans son rôle commercial. La Bretagne exporte du blé vers l’Espagne et le Portugal ; du cuir, du lard ,du beurre salé, du miel, de la cire ; du poisson, exporté vers le sud de la France et l’Espagne ; des toiles (9 à 10 millions de livres de valeur en 1690) vers la Hollande, l’Angleterre, l’Espagne ; le papier vers l’Angleterre et la Hollande. 
    Elle importe des fruits (oranges, citrons, raisins secs, figues, olives) et de l’huile d’olive d’Espagne et du Portugal ; des harengs de la Mer du Nord (Flandre, Hollande, Angleterre) ; du fer d’Espagne ; des draps anglais ; du vin. 
    La balance commerciale bretonne est excédentaire, et la bretagne s’enrichit. En 1581-1590, l’Hôtel des Monnaies de Rennes est de loin le premier de France pour la frappe de la monnaie d’argent. De 1551 à 1610, les deux ateliers de Rennes et de Nantes frappent 35 % de l’argent français. 
    Grace aux exportations vers l’Espagne, l’argent espagnol devient si abondant en Bretagne que le Réal (monnaie espagnole) va désigner la pièce de 5 sous de­puis le XVIe siècle jusqu’à nos jours. En raison de cette prospérité, la mon­naie bretonne est très recherchée et résiste mieux aux difficultés monétaires. Les prix bretons sont plus bas qu’à l’étranger, ce qui favorise les exportations. En 1532 le denier tournois français vaut 80 % du denier breton. 
    Les échanges se font à peu près exclusivement par voie maritime. Du fait de sa situation, à mi-chemin entre les deux grands centres commerciaux de l’époque (la Flandre et la Hollande au Nord, et l’Espagne au Sud), l’armement breton est favorisé. La Bretagne est un passage et une escale obligés entre ces deux régions. Les ports de la Baltique n’étant pas praticables en hiver, les équipages font souvent escale en Bretagne pour ne gagner la Baltique qu’entre mai et juillet. 
    Le trafic maritime était donc considérable au large de la Bretagne. A la fin du XVIe siècle, la flotte hanséatique est estimée à un bon millier de navires tota­lisant 90 000 tonnes. La flotte hollandaise dépasse 2 500 navires, totalisant 240 000 tonnes. Les flottes espagnole et italienne sont au moins égales. Au total donc plus de 7 000 navires passent au large de la Bretagne, sans compter la flotte bretonne. 
    Ce nombre considérable de navires dans les ports bretons rapportent pour l’année 1500 près de 30 000 livres de droits d’entrée et de sortie.
    En 1470 et 1484 les bateaux bretons ont, conjointement avec les Espagnols et les Portugais, prépondérance au poste de Damme (accès de Bruges). En 1450, les registres de Bordeaux signalent dans ce port 19 navires du Nord-Ouest de la Bretagne (Le Conquet, Brest, Saint-Pol et Landerneau). En Hollande, ils fré­quentent de nombreux ports, mais surtout Arnemuiden. près d’ Anvers, où il est enregistré :
    • en 1475-1483, 139 navires bretons par an,
    • en 1483, 344 navires bretons dans l’année, 
    • en 1493-1499, 188 navires bretons par an (soit 80 % des mouvements du port), 
    • en 1518-1521, 426 navires bretons par an (soit 74 % des mouvements du port), 
    • en 1533, 957 navires bretons dans l’année. 

    De 1491 à 1513, on trouve à Anvers 12 bretons qui y représentent leur pays, dont 8 de l’extrème Ouest de la Bretagne, et 4 de Blavet (Lorient).
    Encore plus nombreux sont les navires espagnols, flamands ou anglais dont l’équi­page est breton, et qui font transiter par la Bretagne des produits du Nord et du Sud (vin, fruits, raisins secs, sucre de canne, huile, épices, soieries, mousseline, tissus de Damas, gazes, laines, cuirs de Cordoue, fer d’Espagne, liège, savon, parfums, teintures, ivoires, venant du Sud 1 toiles et orfèvrerie flamandes, draps des Pays-Bas, tapisseries, peaux et fourrures, étain, morue, harengs, ambre ... , venant du Nord). 
    Tous ces produits alimentent de nombreuses foires dont celle de La Martyre, l’une des plus importantes d’Europe. 
    Des échanges culturels se font aussi. A Bruges, on copie, au XVe siècle, et on diffuse des récits de chevalerie dont on est friand. Les marins rapportent des livres, des dessins, des estampes, des gravures, qui vont servir de modèles pour des tableaux ou des rétables des églises bretonnes. 
    Cette richesse provoque l’apparition de nombreux artistes en Bretagne. C’est l’époque de la construction de l’église du Kreisker en Saint-Pol, de la basili­que du Folgoet ... , et aussi des manoirs, très nombreux en Léon (où j’en ai recensé au moins 1500). 
    Les nouvelles inventions pénètrent très tôt en Bretagne, ainsi que les décou­vertes, apportées par tous ces marins et marchands. Dès 1484 il Y a des impri­meries (à Loudéac en particulier). En 1571 on voit une tulipe à Mésarnou en Plounéventer, fleur introduite en Europe seulement 20 ans plus tôt, et dont l’oignon coûta peut-être autant que le château tant il est encore rare ! Toujours à Mésarnou, il y a en 1570 3 horloges, quand la ville de Strasbourg se contente d’une seule ! ...

    II - Les gentilshommes léonards

    Au XVIe siècle, ils résident le plus souvent dans leur manoir, qu’ils exploitent en faire valoir direct. Ce n’est pas encore la vogue des résidences urbaines comme au siècle suivant. 
    Ces manoirs sont très nombreux en Léon (environ 1500), et surtout dans la zone littorale. Ils sont beaucoup plus rares dans l’intérieur (ainsi on en trouve 60 en Plounevez-Lochrist, contre seulement 3 en Lampaul-Guimiliau). 
    La terre constitue l’essentiel de leurs revenus. Plusieurs nobles possèdent plus d’une seigneurie, et donc de nombreuses terres. Il est difficile de chiffrer exactement leur revenu. La moyenne semble osciller entre 5 et 10 000 livres par an au XVIIIe siècle.
    Voici quelques chiffres, en 1665, selon le rapport de Charles Colbert de Croissy.

    • le marquis de Kerjean : 20 000 livres
    • sa mère Françoise de Parcevaux, marquise de Kerjean, héritière de Mésarnou en Plounéventer : 10 ou 12 000 livres 
    • le marquis de Molac : en tout en Bretagne 40 à 50 000 livres (dont 8 à 9 000 livres pour Kergounadech en Cléder) 
    • le comte de Boiséon, baron de Kérouzéré (Sibiril) : 12 à 13 000 livres 
    • le baron de Penmarc’h (Saint-Frégant) : 30 000 livres 
    • le marquis de Kergroadès (Brélès) : 20 000 livres 
    • le marquis de Sourdéac (marquis d’Ouessant, seigneur de Landivisiau) : 60 000 livres 
    • le baron du Rusquec (Plouvorn) : 22 000 livres 
    • la duchesse de Erissac (dame du Chastel) : 50 000 livres
    • le marquis de Carman (Kernilis), seigneur de Maillé (Plounevez), de Coatquénan (Plouguerneau), etc ... : 80000 livres 
    • le sieur de Kersauzon (Guiclan) : 15 000 livres
    • le sieur de Coatjunval (Le Folgoet) : 35 000 livres
    • le sieur de Kerouartz (Lannilis) : 25 000 livres
    • le sieur de Penfeuntenio de Kermorus (Saint-Pol) : 20 000 livres
    • Madame de Rohan, princesse de Léon : 21 000 livres
    • le sieur de Kerno (Ploudaniel) : 12 000 livres 
    • le sieur du Poulpry (Ploudaniel) : 30 000 livres 
    • le sieur du Poulpry de Keranaouet (Ploumoguer), sénéchal de Lesneven : 15 000 livres
    • le sieur de Tronjoly (Cléder) : 12 000 livres
    • le marquis de Trévigny (Plounéour-Trez) : 60 000 livres.

    Bien entendu, ces chiffres concernent l’ensemble des propriétés de ces grands seigneurs et pas seulement la seigneurie principale notée dans la liste. 
    Au XVIe siècle, les revenus devaient être moins importants, des regroupements parfois importants s’étant produits au XVIIe siècle. Pour la marquise de Kerjean, Françoise de Parcevaux, les domaines n’ont pas changé et 10 000 livres consti­tuaient probablement le revenu du seigneur de Mésarnou à l’époque de la construc­tion du manoir (1570), et il était très riche...
    Mais de nombreux gentilshommes avaient des revenus beaucoup plus faibles et vivaient chichement sur leur domaine en cultivant leur terre, comme leurs voisins, paysans comme eux. C’étaient les plus nombreux. 
    Beaucoup étaient obligés, pour vivre, de se consacrer à un métier, surtout les cadets. Quatre possibilités s’offraient à eux : l’état ecclésiastique, le métier des armes, l’administration, le grand commerce. 

    1- Les ecclésiastiques
    L’état ecclésiastique était souvent réservé à un cadet, ceci en général afin d’éviter d’avoir à partager les terres. Dans la succession, en effet, les 2/3 du domaine revenait à l’ainé, le reste étant partagé entre les cadets. Il est évident que ces derniers ne pouvaient vivre de cet héritage, que leur aîné leur rachetait bien souvent contre une rente. Certains de ces cadets épousaient une héritière et vivaient sur le bien de leur femme (tel Louis Barbier de Kerjean qui épouse Jeanne de Gouzillon, héritière de Kerno). D’autres entraient dans l’armée ou la marine, mais la plupart des familles avaient un de leur membre en religion. 
    Ainsi Hamon Barbier, cadet de Yves Barbier, seigneur de Kerjean, entra dans les ordres au XVIe siècle. Très ambitieux, il amassa une fortune considérable, qui permit à son neveu de bâtir le château actuel. Il est mort en 1544 dans son hôtel de Saint-Pol (connu sous le nom d’hôtel de Kéroulas). 
    A Kérouzéré (Sibiril), au XVe siècle, Alain, fils cadet de Eon de Kérouzéré et Jeanne de Rosmadec, devint évêque de Léon. Il est mort en 1445. 
    A Mézarnou, en Plounéventer, François de Parcevaux, frère cadet de Yves et oncle du constructeur du manoir actuel, est chanoine, official et grand vicaire de Léon vers 1520. 
    De même, de nombreuses filles sont religieuses. 

    2- L’armée et la marine 
    Un des devoirs des nobles est le métier des armes. Ils font partie de l’armée du duc de Bretagne, puis du roi, et sont dans l’obligation de répondre aux convocations soit en cas de conflit, soit pour des revues. Chacun doit entretenir un équipement militaire en rapport avec sa fortune. 
    Cependant, à cette époque (fin XVIe siècle), peu nombreux étaient les militaires de métier, qui apparaîtront surtout sous Louis XIV. 
    Citons quand même Sébastien de Rosrnadec, colonel-général d’infanterie à la fin du XVIe siècle, dont le fils épouse en 1616 l’héritière de Kergounadech en Cléder. De même Guillaume de Brézal, de Plounéventer, était capitaine des francs-archers et homme d’armes de la garde d’Anne de Bretagne en 1503. 
    D’autres servaient dans la marine ; ainsi Bizien Méryan, seigneur de Kerambars, de Morlaix, était en 1481 capitaine du navire de guerre « La Françoise ». 
    Jehan de Pontplancoet, de Plougoulm, était en 1486 maître et capitaine du navire de guerre « Le Bœuf ». 

    3- Bien plus nombreux étaient les gentilshommes employés dans l’administration. Ainsi, Alain de Parcevaux est capitaine de Lesneven en 1430, puis secrétaire du duc Jean V ; son petit-fils Yves de Parcevaux est sénéchal de Lesneven en 1515 son frère Prigent est lieutenant de justice au siège de Lesneven ; leur neveu Yves de Parcevaux est conseiller au Parlement de Bretagne en 1557 ; Bernard Le Bihan de Kerouslac est sénéchal de Morlaix de 1571 à 1594 ...

    4- Moins connu est le rôle de nombreux gentilshommes comme marchands. Il leur était en effet permis de pratiquer le grand négoce sans perdre leur qualité. Il leur était seulement interdit de faire le commerce de détail. 
    Ainsi, quatre nobles sont marchands à Saint-Pol en 1448. Jean Forget, riche armateur de Morlaix, est anobli en 1429 ; Richard Quintin, de Morlaix, fait du négoce sur mer, et en 1487 il envoie 3 ou 4 de ses bateaux participer à la défense de Nantes assiégée par les français ; Nicolas Coatanlem, opulent arma­teur morlaisien, fait construire la « Cordelière », nef amirale de la duchesse Anne ; Bernard Le Bihan, marchand de Morlaix, achète le manoir de Pennelé vers 1520 ; Pierre Guingamp, marchand de Morlaix, achète le manoir de Pénenvern en 1520 ...

    III - Les Manoirs

    A la fin de la guerre de Succession de Bretagne (1365-1381), la prospérité commence. Les gentilshommes ont de l’argent. Ils se sentent à l’étroit dans leurs austères châteaux-forts (La Roche-Maurice, Lesquelen en Plabennec, Trémazan en Landunvez ...), au confort très relatif. 
    Ils rebâtissent alors leur demeure et abandonnent leur ancien logis. Ainsi Jean de Kérouzéré abandonne-t-il sa tour de Coat-an-Tour pour bâtir vers 1425 le château actuel de Kerouzéré en Sibiril. A La Roche-Maurice un autre logis est élevé en bas du donjon. Lesquelen est abandonné pour le manoir de La Salle ...
    Ces châteaux, dont seul subsiste celui de Kerouzéré, sont encore des châteaux forts avec des tours, des courtines, des douves, etc ...
    En outre, pour récompenser d’anciens soldats ayant contribué à sa viotoire sur Charles de Blois, le duc de Bretagne Jean IV puis son fils Jean V les anoblissent, et leur donnent des terres. Eux aussi vont construire des manoirs, plus modestes.
    Il apparait donc, à la fin du XVe et au XVIe siècle, une multitude de manoirs, sur un plan type : une cour fermée par 3 corps de batiments et, à l’entrée, un portail fortifiê percé de 2 portes, piétonne et charretière. En face de l’entrée, le corps de logis principal, flanqué d’une tourelle d’escalier. A côté, si le domaine dépasse 300 journaux, on trouve souvent un pigeonnier, sinon des boulins dans la façade. Parfois une chapelle et un moulin complètent le domaine. 
    Le décor en est tout gothique : portes ogivales au XVe siècle puis à arc sur­baissé, surmontées d’une arcade parfois ornée de 3 écussons où étaient sculptées ou peintes les armoiries de la famille ; fenêtres à meneaux de pierre et au linteau mouluré en double accolade ; lucarnes à frontons de pierre ouvragés. Ce modèle de manoir se rencontre encore très souvent dans notre campagne du Léon, plus ou moins mutilé. 
    Dans le courant du XVIe siècle, l’influence de la Renaissance s’introduit en Léon et se manifeste d’abord dans le décor, et surtout le décor intérieur.
    Par quelles voies arrive cette influence ? 
    D’abord et surtout par les marins et les marchands, très nombreux, on l’a vu. Ils ont voyagé en Espagne, en Italie, en Flandre, et ils apportent des gravures, des livres, des tableaux, des éléments sculptés. Les artistes bretons s’en inspirent, sans toutefois les copier. Les églises (surtout les porches et les rétables) fourmillent ainsi de ces œuvres italiennes ou flamandes, incorporées dans un cadre original, et juxtaposées les unes aux autres. Cette même influence a certainement marqué les manoirs. 
    En 1580, Louis Barbier, seigneur de Kerjean, ayant hérité de l’immense fortune de son oncle Hamon Barbier, fait reconstruire son manoir. L’architecte qu’il a engagé va innover, et, pour la premDère fois en Bretagne, il construit un manoir au décor Renaissance. Cependant, le plan reste celui du manoir léonard (même si le portail est plus décoratif que défensif), et le gothique subsiste dans certains éléments (en particulier les meneaux des fenêtres). 
    Mais c’en est fini du manoir gothique. A partir du début du XVIIe siècle tous les manoirs seront du style Renaissance (Kergroadez en Brélès, Kerbabu en Lannilis, Keroual en Guilers ...). Les meneaux de pierre disparaissent des fenêtres, qui s’agrandissent : les lucarnes s’ornent de frontons triangulaires ou en demi-cercle ; les portes s’ornent de frontons triangulaires, parfois très ouvragés. 

    La décoration intérieure.
    Il est plus difficile de la connaître, cette décoration ayant le plus souvent disparu. On peut encore voir les cheminées, ornées de sculptures ou d’armoiries sculptées et peintes. Il y avait peut-être déjà des portraits d’ancêtres illustres ...
    Les lambris des chambres et les plafonds étaient peints, comme une chambre d’un pavillon du manoir de Kérestat (Roscoff), aux lambris peints dans le style Renaissance par un élève du Primatice, qui avait une importante école de peinture à Florence (fin du XVIe siècle). 
    A Mésarnou, on devine encore sur un mur des fresques peintes, avec en particulier un cheval ailé, peut-être illustration de l’une des fables d’Esope alors très en vogue, et publiées en 1512 par Jean Macé, éditeur à Rennes. 
    Le château de Kérouzéré en Sibiril et les manoirs de Maillé (Plounevez), de Tronjcly (Cléder) et de Penmarch (Saint-Frégant) conservent encore de somptueux décors peints du XVIIe siècle.
    Les murs étaient tendus de tapisseries, qui,les décoraient et servaient aussi d’isolation thermique : L’inventaire de Mésarnou signale ainsi, lors du pillage de 1594, « de la tapisserie pour garnir et tapisser les salles que chambres... tirez à personnages représentant diverses histoires avec plusieurs vers et dictons ». 
    L’inventaire après décès de Hamon Barbier, dans son hôtel de Saint-Pol, en 1545, signale aussi qu’une salle était tendue de six tapisseries armoriées, d’ailleurs « fort usées et gastées par la vermine ». 
    Encore à Mésarnou, le sol des chambres était recouvert de tapis brodés de soie, d’or et d’argent.

    Le mobilier.
    Je me contenterai ici de citer l’inventaire de Mésarnou en 1594 (ce manoir est alors dit « l’un des mieux meublés de Bretagne »), et l’inventaire de l’héritage de Hamon Barbier en 1545. 
    A Mésarnou on peut voir :

    • trois grands bahuts, façon de Flandre, et 18 coffres, grands et petits, façon de Flandre et de Rouen. Pas d’armoires encore, qui n’apparaîtront qu’au XVIIe siècle. 
    • 3 douzaines de chaises garnies de cuir (soit 36 chaises), et 24 petits tabourets garnis de laine. 
    • 3 horloges sonnantes (une au manoir, une à la chapelle, une sur le portail). 
      De telles horloges n’ont été inventées que vers 1550 ! Le château royal d’Anet n’en avait qu’une !

    Les 10 chambres du manoir renfermaient chacune 2 lits avec « tours de ciel » (baldaquin), couvertures et courtines en velours et en soie avec des franges en fils d’or et d’argent, de plusieurs couleurs, brodés de vers et dictons avec les écussons et armoiries brodés en fils d’or et d’argent et en fils de soie de diverses couleurs. Des tapis couvraient le sol. Chaque lit possédait les « garnitures pour tours de lit » (tentures tombant du baldaquin), certaines brodées en fils de soie de diverses couleurs, les autres en fil de laine et de serge de Caen avec franges crêpées.
    La literie comprend :

    • 120 couettes de duvet avec un traversin et 2 oreillers par couette ;
    • 240 couvertures en fine cathelonne et drap de Londres ;
    • 30 douzaines (soit 360) draps de fine toile ;
    • 10 douzaines (soit 120) draps de « fil de réparation » ;
    • 12 draps de « raiseul » ;
    • 18 taies d’oreiller ouvragés ;
    • 72 taies d’oreiller en fine toile non ouvragés.

    36 grands chandeliers de cuivre assuraient l’éclairage des chambres. Pour les autres pièces on disposait de 12 chandeliers d’étain et 18 chaldeliers moyens en cuivre. Pour la salle à manger, par contre, on utilisait 12 grands chande­liers d’argent.
    Le chauffage est assuré par les cheminées, bien sûr, mais aussi par 24 chaudières et poêles en bronze, 6 brasières en fer et 18 brasières en laiton et en fer. Dans la salle à manger on trouve 6 brasières en argent. Une brasière est un bassin couvert dans lequel on met des braises. Mise sous la table, par exemple, elle permet de garger les pieds au chaud. 
    12 vases (dits saunières) en cuivre, en forme de grands personnages, et en faïence, ornaient les cheminées des chambres. De même 6 vases en argent doré et 6 en argent non doré ornaient 1ss tables de la grande salle. A propos de la faïence, Bernard Palissy venait, vers 1570, d’en redécouvrir le secret. 
    Pour la toilette, 4 grands bassins et 6 plus petits, tous en argent (soit un par chambre). En outre, 20 pots de chambre en étain (soit un par lit). 
    Dans la cuisine, sont cités les trépieds, broches, landiers, pasles (pour entretenir le feu), fourchettes, crémaillères, 12 poèles à queue, 18 marmittes et pots en fer, 6 marmittes en bronze, 24 chaudrons et grands bassins en bronze. 

    Après cet ameublement somptueux de l’un des plus riches manoirs du Léon, voyons l’inventaire de la maison de Hamon Barbier à Saint-Pol (en 1544). 
    Dans son cabinet de travail on trouve une bibliothèque et un banc-armoire fermant à clé. Dans une seconde salle, un beau coffre en cyprès avec les vêtements, et une table couverte d’un tapis tissé « semé de bestes ». Les autres meubles sont en bois de frène ou de chêne : coffres, chaises, bancs, escabeaux, lits, tables, dressoirs et bahuts, dont plusieurs sont ciselés. Citons aussi une « table de Flandre » pliante et une chaise garnie de cuir rouge. La maison comptait 6 lits avec leurs couettes, oreillers, couvertures et ciels de lit. Dans la cuisine, les habituels ustensiles en bronze, poèles, broches, pots et crémaillères ...
    L’habillement du seigneur est moins connu. A Mésarnou, l’inventaire cite seulement les habits, « valant 18 livres et plus ». Les dames de Mésarnou possédaient de nombreux bijoux « liz de tête » en or et argent (diadèmes), pierres précieuses, bagues et joyaux ... , et 2 chaines en or valant au moins 800 livres chacune. 
    L’inventaire de Hamon Barbier précise 1 « une robe d’escalatte fourré de visons », des robes de « mygrene », de « pavenance », de serge d’Arras, de frise d’Espagne, des pourpoints de satin, de velours et de drap noir, des chaperons de drap et de camelot, des coiffes de satin noir, des casaques, des « surcots », des « salons », 24 chemises, 29 bonnets de nuit ...
    La vaisselle, dans les maisons les plus humbles, est en bois ou en terre cuite. Pas encore de faïence. Les plus riches avaient une vaisselle en étain ou en argent. 

    Voyons la vaisselle de Mésarnou. 

    Le linge de table, d’abord, comprend 30 douzaines (360) de nappes de fine ; toile de lin et 60 douzaines (720) de serviettes, pour la salle à manger ; en outre 4 douzaines (48) nappes de « fil de réparation » et 4 douzaines de serviettes plus grossières servent à la cuisine. 
    Dans les bahuts de la salle à manger sont rangés 80 coupes et 40 tasses en argent doré, couvertes et non couvertes : 2 coupes en or massif ; une aiguière en or massif, haute de une coudée ; une aiguière couverte, à écailles en or massif, haute de 1/2 coudée ; 14 aiguières en argent doré ; 4 douzaines (48) d’assiettes en argent ; une douzaine d’écuelles en argent ; une douzaine de cuillères en argent ; 6 vinaigriers d’argent « pour servir le vinaigre à table » 2 flacons d’argent « avec leurs chaines ». Pour le service : 6 douzaines de Vaisselle d’argent (72) et 6 autres douzaines de vaisselle d’argent « pour servir le dessert ». 
    Après cette vaisselle précieuse, utilisée sans doute dans les grandes occasions, la vaisselle en étain : 4 douzaines (48) de plats de service : 20 douzaines (240) d’assiettes ; 6 douzaines (72) d’écuelles ; 4 douzaines (48) de saucières (24 grandes et 24 plus petites) ; 12 pots à anses appelés coquemarts ; 4 douzaines de pots ; 2 douzaines de pintes ; 18 « flacons ».
    Chez Hamon Barbier, à Saint-Pol, on trouve aussi une somptueuse vaisselle en argent et en vermeil ; 20 cuillere en argent, 6 tasses en argent, en partie dorées et armoriées du blason des Barbier, vases, aiguières, coupes, tasses, gobelets, bassins, ainsi que un calice et 2 burettes en argent doré ; n’oublions pas que nous sommes chez un ecclésiastique. 
    La vaisselle d’étain fut estimée 87 livres 10 sols et comprenait plats, écuelles, saucières, bassins, flacons, ainsi qu’une cuve en laiton pour mettre le vin à rafraichir l’été. 
    Les jardins jouent un rôle important dans le vie d’un manoir. L’inventaire de Mésarnou cité « étendue de jardins, vergiers, étangs et remparts d’étendue de logix, jeux de pailmail, paulme, carrières et autres exercices et décorations de maison. » 
    Un jardin d’agrément s’étendait devant le portail du manoir, planté de fleurs. Il y avait certainement, au centre, une tulipe, luxe inoui pour l’époque. En effet, la culture de la tulipe ne fut introduite en Occident que vers 1570 par le docteur Delécluze, né à Arras en 1526, botaniste de l’Université de Leyde aux Pays-Bas. Il était auparavant directeur des jardins impériaux à Vienne où il reçut de Busbecq, ambassadeur de Charles Quint auprès de Soliman le Magnifique, des bulbes de tulipe venant de Turquie. Quelques années seulement après leur arrivée en Europe, on voit donc des tulipes arriver au fin fond de la Bretagne. On peut estimer que ce seul bulbe a coûté le même prix que le château. Comme preuve de la présence de cette fleur, preuve en tout cas qu’on connaissait la tulipe à Mésarnou en 1570, on peut signaler la tulipe sculptée au sommet de la lucarne. Ne faisant jamais rien à moitié, Hervé de Parcevaux, ne pouvant quand même pas se payer deux tulipes, met la seconde dans la pierre. 
    A l’arrière du manoir on trouvait le verger, le jardin potager et le jardin de plantes médicinales.
    Il est cependant difficile d’avoir beaucoup de détails sur les jardins à cette époque. 

    IV - Leur alimentation.

    En Bretagne, pays de polyculture, la nourriture était beaucoup plus équilibrée que dans certaines autres régions. 
    A coté du pain et des légumes, on trouve en effet du lait, de la viande, du lard ; du beurre, grace à l’abondance de l’élevage. 
    Pour les céréales, citons dans le cellier de Mésarnou en 1594 6 ou 7 tonneaux de froment, 10 ou 12 tonneaux de seigle, 15 tonneaux d’avoine, 4 tonneaux d’orge et de blé. 
    Parmi les légumes, on trouve des navets, des choux, des poireaux. Les artichaux apparaîtront en 1661, et les pommes de terre seulement à la fin du XVIIIe siècle. Les vergers fournissent pommes et poires ...
    L’essor commercial fait apparaître des produits « exotiques » (oranges, citrons, raisins secs, figues, olives, huile d’olive, un peu de sucre de canne), ainsi que des harengs de la mer du Nord. 
    La pêche fournit beaucoup de saumon, des congres, des raies, des seiches, des juliennes, des merlus, beaucoup de sardines. La morue de Terre Neuve commence à affluer. Certains manoirs, tels Mésarnou, ont leur vivier à poisson.
    L’élevage est abondant. Toujours en 1594, les charniers de Mésarnou renferment 8 bœufs et 7 pourceaux gras. La basse-cour abrite 300 chapons (poulets) et 75 coqs et poules d’Inde, sans compter les pigeons du colombier. Dans les étables on compte 6 grands bœufs à engraisser, 16 vaches à lait, 15 ou 16 taureaux et génisses. 
    ’ Comme boisson, beaucoup de vin. Toujours à Mésarnou, les caves abritent en 1594 5 tonneaux de vin de Gascogne et 2 tonneaux de vin d’Anjou. Cependant le cidre commence à s’étendre depuis la Normandie. 
    Le miel remplaçant le sucre, on trouve de nombreuses ruches. 

    V - Les distractions

    Avant d’entrer dans les détails, citons cette lettre de Madame de Sévigné à sa fille, datée du manoir des Rochers près de Vitré le 18 septembre 1689. Elle donne une idée du déroulement d’une journée. 

    « Vous voulez savoir notre vie, ma chère enfant ? La voici : nous nous levons à huit heures, la messe à neuf ; le temps fait qu’on se promène ou qu’on ne se promène pas, souvent chacun de son côté ; on dîne fort bien, il vient un voisin, on parle de nouvelles ; l’après-dinée nous travaillons, ma belle-fille à cent sortes de choses, moi à deux bandes de tapisserie que Mme de Kerman me donna à Chaulnes ; à cinq heures on se sépare, on se promène, ou seule, ou en compagnie, on se rencontre à une place fort belle, on a un livre. on prie Dieu, on rêve à sa chère fille, on fait des châteaux en Espagne, en Provence, tantôt gais, tantôt tristes. Mon fils nous lit des livres très agréables ; nous en avons de dévotion, les autres d’histoire ; cela amuse et nous occupe ; nous raisonnons sur ceux que nous avons lus ; mon fils est infatigable, il lit cinq heures de suite si on veut. Recevoir des lettres, y faire réponse, tient une grande place dans notre vie, principalement pour moi. Nous avons eu du monde, nous en aurons encore, nous n’en souhaitons point ; quand il y en a, on en est bien aise. Mon fils a des ouvriers, il a fait parer, comme on dit ici, ses grandes allées ; vraiment elles sont belles ; il fait sabler son parterre. Enfin, ma fille, c’est une chose étrange comme avec cette vie toute insipide et quasi triste, les jours courent et nous échappent en même temps : ah ! ne parlons point de cela ; j’y pense pourtant et il le faut. Nous soupons à huit heures ; Sévigné lit après souper, mais des livres gais de peur de dormir ; ils s’en vont à dix heures, je ne me couche guère que vers minuit ; voilà à peu près la règle de notre couvent ; il y a sur la porte : Sainte Liberté ou Fais ce que tu voudras ». 

    Ce texte donne le déroulement d’une journée à la fin du XVIIe siècle. Ce ne devait pas être très différent 100 ans auparavant ! repas, promenade, tapisserie, lecture, réceptions, conversation ...

    La chasse occupe une grande place chez les hommes. Les écuries de Mésarnou renferment en 1594 46 chevaux, dont 28 grands chevaux de selle et 4 poulains de 2 à 3 ans, avec leurs harnais et éqUipage. Dans la salle d’armes, on trouve 6 filets pour la chasse au loup et au sanglier, 40 arquebuses de Milan à mèche et 20 autres arquebuses de chasse à rouet, à côté d’armes de guerre : 15 paires d’armes complètes, 20 mousquets gravés et dorés, 15 pistolets 24 épées et coutelas, ainsi que 2 pièces de fonte montées (canons sur essieu) et 18 fauconneaux en fonte (petits canons). Les munitions pour toutes ces armes consistent en 200 balles en fer, 85 livres de poudre à canon de Rennes et 200 livres de poudre de Flandre ...
    La chasse jouait encore un grand rôle dans la vie des Châtelains de la fin du XVIIIe siècle. On se rassemblait entre amis et voisins pour de grandes chasses au chevreuil ou au sanglier. 

    Les réceptions.
    On recevait beaucoup dans les manoirs, des parents, des voisins, des amie, mais certainement aussi des marchands en escale en Bretagne, qui apportaient des nouvelles de tous ces nouveaux pays découverts au XVIe siècle, qui faisaient connaître des objets nouveaux (dessins, tableaux, sculptures, fruits exotiques, ... mais aussi tulipes et autres fleurs et plantes ... ) 
    La richesse de la vaisselle, le nombre de chambres toutes équipées, tout laisse penser que les réceptions étaient somptueuses à Mésarnou, et que l’on pouvait y héberger les visiteurs. On dinait, puis on chassait, pendant que les dames se promenaient dans les jardins ou brodaient ; puis on soupait jusque tard le soir. Probablement écoutait-on de la musique, des chanteurs. On dansait, peut­être ...
    Ainsi, le 4 aout 1594, Hervé de Parcevaux reçut-il à sa table le sieur du Liscoet et lui offrit un joyeux festin jusque tard dans l’après-midi, avant que ce dernier ne l’arrête et ne pille son manoir. 

    Le jeu, aussi, était répandu. A Mésarnou on trouvait ainsi des jeux de Pail-mail et de paume. Il existait aussi certainement des jeux de tric-trac, ancêtre du jacquet. Des pions de tric-trac ont déjà été découverts dans les fouilles du donjon de la motte féodale de Lamber em Ploumoguer, datant du XIIIe siècle. Etaient encore connus les dés, les cartes ... 

    La culture.
    Les grands seigneurs étaient très cultivés, souvent. C’était indispensable pour tous ceux qui occupaient des postes àdministratifs irmportants. Leur niveau de culture se voit dans leurs manoirs où toutes les nouveautés peuvent se retrouver. 
    Après des études primaires, souvent sous la direction d’un ecclésiastique résidant au manoir où il s’occupait de la chapelle, parfois un membre de la famille, les jeunes nobles allaient au collège (Saint-Pol-de-léon, Quimper, Nantes ... ). Puis la plupart d’entre eux allaient à l’Université, surtout à Paris et Angers, mais aussi, souvent, à l’étranger. Ainsi, Yves de Parcevaux, de Mésarnou, reçoit, en 1551, le bonnet de docteur de l’Université de Boulogne (où il rencontre la Renaissance Italienne). C’est son neveu Hervé qui a construit le manoir actuel. 
    Les manoirs possédaient une bibliothèque souvent importante. L’inventaire de Mésarnou cite « les livres et études ». sans les détailler malheureusement.
    La bibliothèque de Hamon Barbier renfermait en 1544 une soixantaine d’ouvrages manuscrits ou imprimés. Comme il était homme d’église et magistrat, la majorité était composée d’ouvrages de théologie et de jurisprudence. Aucun ouvrage en grec : il ne devait pas connaître cette langue, pourtant répandue alors dans les milieux cultivés. La littérature latine était représentée par Cicéron, Aulu-Gelle, Quinte-Curce, Perse et Valerieus Maximus. Un ouvrage sur l’histoire de Bretagne, la « Gesta Britonum ». Un autre sur l’histoire naturelle : « le Grand Herbier en Franczois ». 
    Plusieurs nobles jouaient d’un instrument de musique. On sait que Guy Eder de La Fontenelle, capitaine d’une troupe de Ligueurs pendant les guerres de la Ligue (autour de 1590), qui épousa Marie Le Chevoir, fille d’un premier mariage de la dame de Mésarnou, jouait de la viole. Sur la cheminée de Mésarnou est sculpté un joueur de bombarde. Sur la porte de Trébodennic en Ploudaniel, datée de 1584, sont représentés un joueur de flute et un joueur de tambour.

    Voilà quelques idées sur la vie dans les manoirs du Léon à l’époque de la construction du château de Kerjean, surtout dans les manoirs les plus riches. Le mobilier de Mésarnou est à peine imaginable et a pu être estimé à plus de 7 millions de francs ... Mais il faut bien dire que la grande majorité des nobles de la région Vivaient oomme leurs paysans, en exploitant leur terre. Seules différences : leur maison plus spacieuse, et quelques vieilles armes dans un coin pour pouvoir se présenter dans les « montres » ...

     


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  • Je l’avoue, j’en ai bu, et souvent avec grand plaisir, mais je n’ai jamais porté un intérêt un tant soit peu « sérieux » à ce produit. Je viens de réaliser que j’ai eu tort car le monde du cidre et riche et fascinant : peut-être pas autant que celui du vin, mais il faut néanmoins s’y attarder.

    buvez_cidreencore une belle affiche qui serait interdite aujourd’hui par les cons

    Si on regarde les choses en face, le cidre présente plusieurs points communs avec le vin. Il s’agit d’une boisson alcoolisée, fait avec un fruit dont le jus est transformé par l’action de levures. Même s’il est consommé jeune la plupart du temps, il peut parfois se conserver, aidé en cela par sa combinaison entre tanins, acides et la présence assez généralisé de CO2. Son faible degré d’alcool (théoriquement entre 2 et 8%, mais très souvent entre 4 et 5 %) ne l’aide peut-être pas dans ce domaine mais les variations entre les saveurs et équilibres de différents cidres doivent autant à des variations entre les sites agricoles, les variétés de pommes et les techniques de transformation que dans le cas d’un vin, bien que les climats des régions de production soient moins variables.

    cidre

    Le cidre existe depuis longtemps. Pas autant que le vin mais on trouve des références à des boissons « aigres » fabriquées à partir des pommes dans des textes de Pline ou de Strabon. Vu les climats, généralement plus septentrionaux que pour le raisin, propices à la production de la pomme, les premières références au cidre se trouvent en France en langue d’oil et datent du 12ème siècle, mais on trouve aussi de références à ce type de boisson en Suède au 10ème siècle, puis en Angleterre et au Danemark, également au 12ème.  Encore une fois, le vin l’avait bien précédé, mais partant de la Méditerranée, tandis que la culture cidricole semble bien plus une affaire sous influence atlantique ou nordique. Quant à sa consommation, lors des années de disette en matière de vin, on buvait du cidre au Moyen Age en France, situant ainsi cette boisson plus bas dans l’échelle de la valeur accordé aux produits, chose qui trouve son reflet encore aujourd’hui car les cidres peinent à dépasser un prix de 4 euros à la vente. Par endroits le cidre se situait au niveau de la bière dans cette échelle de valeurs, parfois entre la bière et le vin, mais tout cela était variable selon le lieu et le moment. Les techniques de transformation ont été affinées au 16ème siècle, au Pays d’Auge en Normandie, mais bon nombre de variétés de pommes semblent avoir leur origine au pays basque : encore un point commun avec le vin et des variétés de raisins.

    récoltes de pommes

    J’ai participé à une dégustation d’un vingtaine de cidres (et deux poirés) la semaine dernière sur invitation de la filière cidricole et j’ai trouvé cet exercice passionnante. D’abord j’ai appris plein de choses sur l’élaboration et ses contraintes, mais aussi sur les références gustatives et la gamme de saveurs possibles entre différentes origines, types de pommes et techniques de transformation. Une des surprises pour moi a été l’importance de l’amertume dans les cidres. L’acidité, je m’y attendais un peu. Cet élément amer est plus ou moins gommé par du sucre résiduel dans les cidres doux, mais est toujours présent, et parfois bien marqué, dans les bruts et demi-secs, et même dans certains doux. Associé à de l’acidité, il constitue même la colonne vertébrale du cidre, particulièrement dans des régions comme le Cotentin. On voit bien là l’importance de la culture locale dans le domaine du goût, car le cidre, sauf quelques exceptions, voyage peu et se trouve surtout consommé dans et autour de sa région de production.

    pressoir à pommes

    De cette géo-localisation du goût dans le domaine du cidre J’ai des souvenirs personnels du cidre très sec du comté de Devon, dans l’ouest de l’Angleterre. Ce cidre est souvent  bu dans les pubs, tiré directement du tonneau et appelé localement « scrumpy« . Il m’a valu quelques déconvenues lors d’une marche forcée quand j’étais cadet militaire pendant mes années scolaires et notre platoon devait rejoindre un point désigné en navigant par carte et boussole. Il faisait chaud et nous nous sommes arrêtés dans un pub pour nous désaltérer avec 2 pints de cidre. L’effet sur nos jeunes estomacs vides était radical et notre capacité de lire les cartes et marcher vite et dans la bonne direction sérieusement entamé par la suite.

    20080718pommes

    cherchez celle qui n’est pas une pomme

    Une cinquantaine de variétés de pommes est utilisée en France pour l’élaboration du cidre, très rarement en faisant appel à une seule variété à la fois. Il s’agit, comme pour le raisin et le vin, de variétés différentes de celles que nous mangeons. La pomme ayant une chaire très ferme, il faut la broyer avant de la presser et extraire le jus, qui est riche en phénols et relativement peu sucré. Cette fermeté aide à rendre la pomme résistant pendant la récolte et le transport, tandis que la nature du jus ralentit le fermentation qui peut durer trois mois et ne produit qu’une faible part d’alcool. A ma surprise, on n’utilise que des levures indigènes car la sélection de souches de levure est en retard par rapport au vin  et, jusqu’à présent, les souches essayées jusqu’à présent dominant trop le goût du cidre. Mais toutes ces souches naturellement présentes dans les champs et les chais ne sont pas bonnes ; la famille des brettanomycess’y trouve comme pour le vin et j’ai dégusté au moins un cidre qui en était sérieusement affecté. En effet, des Ph faibles et une bonne dose de phénols dans le moût constituent un terrain favorable à leur développement. Les techniques de pressurages varient aussi pas mal, en partie en fonction de la taille de l’entreprise.

    cidre_mousseuxsi seulement les étiquettes modernes de cidre avaient ce cachet un peu vieillot mais élégant, ou même un brin de créativité graphique

    On pense à la Bretagne et à la Normandie comme étant les grandes régions de production de cidre, mais j’ai aussi dégusté des échantillons du Val de Loire, de la Maine, de l’Orne et du pays d’Othe, près de Troyes. Il n’y avait pas de cidre basque dans cette série, mais voilà une autre région de production qui a son importance historique. Il existe deux AOP pour le cidre (Pays d’Auge et Cornouaille) et d’autres zones ont demandé ce statut, dont le Cotentin. J’étais frappé par la disparité dans les couleurs des cidres que j’ai dégusté. Très peu étaient pâles, avec des tons ambrés dominants. Pas mal de nuances brunes montraient un effet d’oxydation prononcé. Et il y avait un cidre rosé fait avec une variété de pommes à chair rose. D’autres cidres rosés existent, mais sont teintés artificiellement pour attraper la vague de la mode rose.

    2013-10-11 11.36.27 HDRune idée de la gamme des couleurs du cidre

    Voici mes cidres et poirés préférés, issus de cette dégustation à l’aveugle. Le producteur vedette des cidres haut de gamme, l’ancien sommelier Eric Bordelet, était absent de cette dégustation et je n’ai pas pu estimer ses produits contre les autres. Les étiquettes, avec quelques rares exceptions, sont d’une mocheté rare, dans le genre ringard et rustique. Peut-être ne faudrait-il pas s’étonner que le prix moyen de ces produits, parfois d’excellente qualité, n’arrivent pas à grimper un peu.

    2013-10-11 11.40.24 HDRet voici une des très rares étiquettes esthétiquement acceptable

    Poiré Fournier (departement 61)

    Robe d’un or intense. Très aromatique et clairement issu de la poire. Une attaque douce, puis surette, pour finir presque sec. C’est délicat et très désaltérant.

    Poiré Leroyer (Domfrontais)

    Robe assez pâle, d’un vieil or. Nez fin mais moins expressif que le précédent. Le palais est bien acidulé mais fine de texture, avec un côté tranchant qui rappelle la pomme verte. Sec en apparence (ceci est parfois trompeur car un poiré ou cidre « brut » peut contenir jusqu’à 28 grams de sucre), il m’a semblé très adapté à un usage à table avec des fruits de mer, de la volaille ou des viandes blanches.

    Cidre Ferme du Pressoir (Val de Loire)

    Robe d’un or orangé. Parfumé dans la gamme florale, la sucrosité de ce cidre demi-sec ne s’aperçoit qu’un finale, donnant un produit bien équilibré et agréable.

    Cidre Théo Capelle (Cotentin)

    Or brillant, relativement pâle. Nez peu agréable, proche de l’urine (!). Mais en bouche c’est une toute autre affaire avec une dominance de l’amertume qui est la plus marquée de la série. On y sent bien la peau de la pomme et cela semble très sec. Un style à part qui doit bien convenir aux fruits de mer ou à un côte de porc.

    Cidre de Tradition Cambremer (Pays d’Auge) 

    Couleur ambré. Assez rond avec une très belle richesse dans ses saveurs. Facile d’accès et très complet.

    Cidre de Cru Bellot (Pays d’Othe)

    Nez très vif qui semble porté par une forte volatilité. Mais cela porte ses arômes et le rend très dynamique et savoureux.

    Cidre Dujardin Doux (je n’ai pas noté son origine)

    Or ambré. De très jolies saveurs, alertes et vives malgré la sucrosité qui est parfaitement intégrée. Une belle association entre amertume et acidité donnant un cidre très fin et gourmand.

    Cidre Ecusson rosé

    Rosé moyen/pâle. Voilà une curiosité qui semble avoir été patenté par cette marque qui serait propriétaire d’une variété de pommes roses (situation étrange et peu défendable, il me semble, comme pour les cépages). Nez de paille humide. Surette en goût, avec une belle fraîcheur et une excellent équilibre.

    Cidre blanc Val de Rance (doux)

    Or profond. Belle vivacité, équilibré par une pointe de sucre. Un joli cidre allègre et très digeste.

    2013-10-11 11.41.09 HDRet voici ce qu’on trouve plus souvent en matière d’étiquette…et ce n’était pas le pire !

    Voilà. Que cela vous ouvre l’appetit et les horizons…

    David

     

    sources blog de DAVID 

    https://les5duvin.wordpress.com/2013/10/14/decouvrons-le-cidre/

     


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