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    La vigne était cultivée en Normandie aux XIIe et XIIIe siècles, la bière remplaça le vin, et fut supplantée vers le milieu du XVIe siècle par le cidre.
     
    Au XVIe siècle encore, en Normandie, la bière était la boisson du peuple et le cidre la boisson de luxe.
    - Origine du cidre ou sydre
    Les pommiers de Normandie furent importés d'Espagne.
    A l'origine ils provenaient de la province de Guipuzcoa ou Biscaye faisant partie du pays basque espagnol au VIe siècle par des navigateurs dieppois.
    On en trouvait également dans les Asturies autre province espagnole.
    Il apparaît dès 1189 dans le Labourd, règlement sur les pommeraies, puis dans d'autres décrets royaux de Navarre.
     
    pressoir à pommes 
    Il faut savoir que la Normandie est la première région française productrice de pommes à cidre (300 000 tonnes) et la première région française productrice de cidre (700 000 hl).
    - la récolte des pommes Les variétés de pommes à cidre sont très nombreuses et toutes sont loin d'avoir une égale valeur cidrière.
    Pour la création de vergers, il est conseillé de consulter la liste des variétés recommandées.
    - Les variétés d'élites doivent avoir un moût de densité supérieure à 1,055, c'est-à-dire contenant plus de 115 grammes de sucre par litre.
    - Les pommes douces et douces amères qui constituent la base du mélange sont riches en sucre et apporteront donc une teneur élevée en alcool.
    - Les pommes aigres communiquent au cidre une fraîcheur améliorant la saveur tout en assurant une certaine protection contre les maladies.
    - Les pommes amères donnent du "corps" au cidre et facilitent la formation du chapeau brun.
     
     
    Le cidre existe depuis longtemps. Pas autant que le vin mais on trouve des références à des boissons « aigres » fabriquées à partir des pommes dans des textes de Pline ou de Strabon. Vu les climats, généralement plus septentrionaux que pour le raisin, propices à la production de la pomme, les premières références au cidre se trouvent en France en langue d’oil et datent du 12ème siècle, mais on trouve aussi de références à ce type de boisson en Suède au 10ème siècle, puis en Angleterre et au Danemark, également au 12ème.  Encore une fois, le vin l’avait bien précédé, mais partant de la Méditerranée, tandis que la culture cidricole semble bien plus une affaire sous influence atlantique ou nordique. Quant à sa consommation, lors des années de disette en matière de vin, on buvait du cidre au Moyen Age en France, situant ainsi cette boisson plus bas dans l’échelle de la valeur accordé aux produits, chose qui trouve son reflet encore aujourd’hui car les cidres peinent à dépasser un prix de 4 euros à la vente. Par endroits le cidre se situait au niveau de la bière dans cette échelle de valeurs, parfois entre la bière et le vin, mais tout cela était variable selon le lieu et le moment. Les techniques de transformation ont été affinées au 16ème siècle, au Pays d’Auge en Normandie, mais bon nombre de variétés de pommes semblent avoir leur origine au pays basque : encore un point commun avec le vin et des variétés de raisins. 
    Si elles sont récoltées séparément, un assortiment judicieux de ces catégories permettra d'obtenir chaque année un cidre régulier, bien équilibré, se clarifiant et se conservant bien.
    - Brassage des pommes - Il ne faut pas oublier que le brassage des pommes vertes donnerait des moûts pauvres en sucres, de défécation très difficile et de fermentation rapide ce qui conduirait a l'obtention de cidres troubles et trop faiblement alcoolisés. - Tous les fruits pourris doivent être éliminés.
    Ces pommes donneraient des cidres trop faibles en alcool chargés en lies et acétiques donc impropres à la consommation . Le lavage - Cette opération est indispensable pour obtenir un bon cidre se conservant bien.On la pratique dans un bac alimenté en eau courante ou ma technique personnelle sur une bache.
     
    - Le pilage ou broyage des pommes
    Il permet d'obtenir une pulpe assez fine facilitant l'extraction du jus. On utilise soit un broyeur (moulin à pommes) soit une râpe munie de lames en dents de scie. Cette dernière donne une pulpe plus fine et plus régulière et permet un rendement en pur jus plus élevé.
    - Pressurage du marc avec un ancien pressoir

     

     
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    Cette opération, la plus spectaculaire sans doute des étapes pour la fabrication du cidre, consiste à monter le marc de pommes sur la table du pressoir pour ensuite le presser afin d’extraire tout le jus de la pulpe.
    Le rendement de la pulpe en jus oscille de 60% à 90% selon les pressoirs et les techniques de pressage. Le pressoir traditionnel à vis - sur table en bois ou en ciment- permet d’obtenir environ 500 litres de jus par tonne de fruits.
    Les pressoirs hydrauliques sont plus performants en rendement : 800 litres par tonne de fruits pressés.
    Autrefois (et encore aujourd’hui par quelques cidriculteurs artisanaux), l’utilisation de la paille pour le drainage du jus obligeait à couper le marc avec un grand couteau.
     

     

     
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    De nos jours, la paille peut contenir des résidus de pesticide ou des bactéries responsables des défauts du cidre. Aujourd’hui, L’utilisation des claies et de toiles est préférable pour l’augmentation en jus et pour éviter ce recoupage du marc.
    Les toiles doivent toutefois être lavées régulièrement pour ne pas altérer le goût du cidre.
    Un gabarit permet de tasser le marc.
    Chaque couche de pommes (lie) est séparée par un tapis de paille (Ghu).
    Cela rigidifie l'édifice et permet au jus de s'écouler.
    Le rendement est de 60% (60 litres pour 100kg de pommes)
    Le jus de pomme pressée obtenu s'appelle le moût.
     

     

     
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    - La défécation ou débourbage du jus
    Le jus étant mis en tonneau, la défécation ou clarification consiste à obtenir la formation d'un chapeau de couleur brune à sa surface, d'un dépôt de lies au fond du tonneau. Le jus devenu limpide entre ces " deux lies ", doit être immédiatement soutiré, à l'abri de l'air, dans un tonneau propre préalablement méché où il continuera de fermenter lentement.
    Il est nécessaire d'obtenir cette défécation et ne pas laisser le jus en contact avec le chapeau et les lies qui renferment une quantité innombrable de ferments de maladie.
    Le jus ainsi débarrassé de ses impuretés, de ses microbes nuisibles, ne renferme alors presque uniquement que de la levure ou ferment alcoolique, c'est-à-dire le bon ouvrier qui nous donnera par son seul travail un cidre de qualité.
    Pour se placer dans des conditions qui favorisent la formation du chapeau brun, il faut principalement :
    1/ travailler des fruits de complète et égale maturité, de manière que leurs matières pectiques appelées encore mucilagineuses, se coagulent bien. Ce sont, en effet, ces matières coagulées qui constitueront le chapeau;
    2/ remplir le tonneau dans la même journée, mais en laissant un vide de 10 centimètres;
    3/ obtenir une fermentation lente et continue, et pour cela brasser autant que possible par temps froid.
    Si le temps est un peu doux c'est à dire si la température dépasse 10' environ, on retardera 1% fermentation commençante en méchant fortement le tonneau avant son remplissage, ou bien on ajoutera au jus de pommes, dès sa sortie du pressoir, 10 grammes de méta bisulfite de potasse par hectolitre.
     

     

     
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    C'est une substance qui apporte au jus de l'acide sulfureux, antiseptique qui paralyse la levure et par conséquent la fermentation pendant le temps nécessaire à la montée du chapeau.
    Si la fermentation est trop rapide, le chapeau brun ne se forme pas; il est remplacé par une mousse blanche ou chapeau blanc. Comme conséquence le cidre au lieu d'être limpide reste trouble et renferme de nombreux microbes nuisibles qui pourront plus tard le rendre non marchand.
    - Soutirage
    Aussitôt le chapeau brun formé, le moût clair, qui peut déjà s'appeler cidre, doit être séparé de ses impuretés et des microbes nuisibles. Pour cela on a recours au soutirage qui doit être effectué dans un fût préalablement méché. On opèrera autant que possible à l'abri de l'air en veillant à n'entraîner ni chapeau, ni lies.
    Le soutirage sera pratiqué par temps clair, froid, le baromètre indiquant le beau temps.
     
     
    Un soutirage mal fait est plutôt nuisible qu'utile. Il rend le cidre plat, et le fait fermenter plus vite.
    - Fermentation principale
    Le cidre sera placé après soutirage dans une cave aussi fraîche que possible, saine, aérée, propre, où on ne logera ni fruits, ni légumes, ni vinaigre, ni autres substances pouvant donner lieu à de mauvaises odeurs.
    C'est dans les caves les plus fraîches qu'on fabrique le meilleur cidre. La levure ou ferment alcoolique qui se trouve dans le,cidre fait fermenter lentement le sucre apporté par le jus de pommes, ce qui veut dire qu'elle le transforme en alcool et en acide carbonique.
     
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    Le cidre prend de la force, se charge de gaz carbonique, ce qui le rend légèrement pétillant et agréable.
    On surveillera la marche de la fermentation à l'aide d'un densimètre, petit appareil qu'on peut se procurer chez les marchands d'articles de cave.
    Le densimètre accompagné d'une table des densités et des richesses en sucre fait connaître la quantité de sucre qui existe dans le cidre au moment de la prise de densité.
    Le densimètre plongé dans le jus sortant du pressoir marque environ 1050, 1060 selon la qualité des fruits brassés.
    Dans un cidre complètement fermenté, c'est-à-dire " sec " " paré " il ne marque plus que 1000.
    Parfois, pour retarder la fermentation du cidre et le conserver doux et sucré pendant un temps plus long, il est bon d'effectuer un second soutirage.
    - Deuxième souturage
    Il devra être effectué en prenant toutes les précautions indiquées pour le premier soutirage, et autant que possible lorsque le cidre marque 1030 au densimètre.
    Il faut se rappeler qu'on n'a jamais intérêt à laisser le cidre sur la lie.
    La lie ne nourrit pas le cidre, mais peut au contraire le déprécier.
    - Fermentation complémentaire
    Elle devra se poursuivre lentement, en fût méché, en veillant à maintenir le cidre hors de l'atteinte des microbes nuisibles. La plus grande propreté s'impose donc encore pendant toute cette période de la conservation du cidre en fût.
    - Conservation du Cidre en fûts
    On protègera soigneusement le cidre en fût contre les ferments de maladie qui sont des plus dangereux.
    Parmi eux, il faut citer en particulier, la bactérie acétique, qui forme des voiles d'abord minces, qui s'épaississent progressivement pour arriver à constituer une masse solide, d'aspect glaireux qui couvre toute la surface du cidre et qu'on appelle ta mère du vinaigre.
    Cette masse glaireuse est formée par des milliards de microbes qui transforment l'alcool du cidre en vinaigre.
    Le cidre devient alors aigre, dur, piqué, acétique et parfois imbuvable.
     

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  • BOUILLEUR DE CRU 

    travail réalisé par Michel HERICHER (4 mars 2013)

     

     

    Transformer le Cidre en Calva.

     

     

     

     

    Distillerie de cidre en Normandie

     

    Profitons d'bouilli pendant qu'j'en avons encore le droué...

    La pomme et le cidre, l'alambic, le Calva ou le calvados.

     

     

     

    Je me rappelle lorsque j'habitais aux Sapins, à Rouen, mon père faisait venir un chargement de pommes devant notre maison.

     

    Ensuite une presse et broyeur de pommes étaient installés dans notre cour pour la transformation des pommes en cidre.

     

    Je pouvais boire le jus de pomme directement à la cuve ou attendre la fermentation pour boire le cidre.

     

    Mais avant la dégustation, mon père mettait le jus dans un tonneau pour y séjourner suffisamment longtemps pour ensuite le mettre en bouteille, puis il devait y mettre un bouchon et stocker toutes les bouteilles pleines à l'horizontale dans notre cellier.

     

    La fabrication du cidre était donc faite à la main par mon père.

     

    La presse et broyeur étaient ensuite loués par un autre voisin pour continuer à y transformer les pommes en cidre.

     

    Ainsi de suite, la presse allait de pavillon en pavillon, dans tout le quartier des Sapins.

     

    Au fil des années, l'égrugette installée à un tracteur était gérée, non plus par les habitants des Sapins, mais par un professionnel.

     

    La transformation des pommes en jus de pommes se faisait de manière mécanique, avec le tracteur.

     

    Sa mise en tonneau et mise en bouteille après la fermentation se faisait toujours à la main par mon père.

     

    Nous avons goûté notre cidre maison durant plusieurs années de mon enfance ; puis un jour, alors que j'étais adolescent, un incident arriva dans notre cellier : toutes les bouteilles encore à l'horizontale ont perdu leur bouchon.

     

    Mon père ne nous donna aucune explication. Le mise en bouteille a-t-elle été effectuée trop tôt pendant la fermentation ? Ou est-ce à cause de la chaleur entrée dans notre cellier ? Ce fut la dernière année que mon père fabriqua son cidre lui-même.

    Dégoûté ou constatant qu'il était plus facile de l'acheter au magasin "COOP" qui venait de s'installer dans notre quartier : le cidre acheté remplaça le cidre maison à notre table.

     

    Et vers l'âge adulte, l'égrugette disparaissait de notre quartier.

    Scènes normandes

     

    A dire en patois normand :

     

    - "Fais ben attention, té, Baptiste. C'est la vieuille fine qui câoffe l'à-dedans 8 "

    - "Profitons d'bouilli, pendant qu'j'en avons encore le droué".

     

    Les Normands de la Belle Epoque aiment terminer leur café avec le calva, pour rincer la tasse ; consommé au cours d'un grand repas, le calva est alors appelé le trou normand.

     

     

    Les premières machines hydauliques font leur apparition à la Belle Epoque.

     

    Remplaçant à la fois broyeurs et pressoirs, elles extraient le jus et le brassent en seulement une demi-journée.

     

    Quand le cidre n'est pas consommé tel quel, il peut être transformé en eau-de-vie appelée calvados ou calva.

     

    C'est le travail du bouilleur de crû ambulant qui, à la saison de la bouille, déplace son alambic de ferme en ferme.

     

    Le cidre est placé dans une cuve et chauffé.

     

    L'alcool qui s'évapore est alors recueilli dans une citerne où, refroidissant, il se liquéfie.

     

    Ce procédé est reproduit plusieurs fois pour obtenir cette goutte normande, le calvados.

     

    Malheureusement, avec l'arrivée du chemin de fer, le cidre s'exporte vers les grandes villes et à l'étranger.

     

    La fabrication artisanale à la ferme ne suffit plus et l'industrie cidricole se développe le long des voies ferrées.

     

    Ces grandes cidreries éclosent dans toute la Normandie et bénéficient des progrès techniques, notamment les machines à vapeur.

     

    La production est industrialisée, le travail des hommes est facilité par des poulies pour le levage, des chariots pour le transport...

     

    L'industrialisation donne lieu à des nouveautés dans les cidreries : les grilles de fer lavables remplacent la paille qui séparait les lits de marc de pommes ; les cuves de verre et ciment vont remplacer les tonneaux en chêne pour le transport ; les bouteilles de verre remplacent le pichet de table.

     

    Et bien sûr, l'industrialisation supprime le cidre fait maison.

     

    Le métier de bouilleur de crû ambulant suit cette disparition et entre inévitablement dans les métiers d'antan et disparus.

     

     

    Source :

    "La Normandie d'antan"

    par Barbara AUBE et Olivier BOUZE, édition HC.

    Lien 

     

    http://www.elisabeth-saunier.fr/m%C3%A9tiers-d-antan/bouilleur-de-cr%C3%BB/

     

     

     

     

     


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    Dans les premières années du XIIIe siècle, l’évêque de Lisieux Jourdain du Hommet, fils du connétable de Normandie Richard du Hommet, installa sur ses terres du Bessin une petite communauté de religieux prémontrés, issus de l’abbaye de la Lucerne d’Outremer (Manche), pour y fonder une abbaye.

     

    Elle connut grâce à ses fondateurs une certaine prospérité au XIIIe siècle.

    La Guerre de Cent Ans, ainsi que les grandes pestes du XIVe siècle, ravagèrent les terres de l’abbaye où séjourna en 1377 Bertrand du Guesclin.

     

    Plus désastreux encore fut le XVIe siècle : les guerres de religions déchirent le pays, et en 1562, les soldats protestants pillent les églises et les abbayes de la région. L’adhésion de l’abbaye à la réforme de l’Antique Rigueur entraîne au XVIIe et au XVIIIe siècles un formidable renouveau spirituel.

     

    Les abbés réguliers vont engager la reconstruction générale de l’église et des bâtiments sur les plans du père Eustache Restout, à la fois religieux,

    architecte et peintre.

     

     

    La Révolution chassa les religieux de l’abbaye, mais épargna heureusement les bâtiments inachevés et l’église transformée en église paroissiale.

     

    En 1859, quelques religieux prémontrés originaires de Grimberghen, près de Bruxelles, s’installent dans les murs de l’abbaye.

     

    Expulsés à deux reprises par les lois anticléricales, les chanoines sont revenus définitivement en 1921.

     

     

    L'abbaye de Mondaye fut fondée dans la paroisse de Juaye, d'après le Neustria Via, en 1214, et d'après l'abbé Delarue, en 1216, par Jourdain du Hommet, évêque de Lisieux.

     

    Le P. Dumonstier s'est trompé, en assurant que cet évêque avait établi le monastère sur son propre patrimoine.

     

    Une charte de Guillaume-le-Conquérant confirme la baronnie de Nonant à l'évêque de Lisieux, qui la tenait de ses prédécesseurs.

     

     

    Ainsi, dès le XIe siècle, cette baronnie appartenait à l'évêque de Lisieux, et, conséquemment, c'est sur le patrimoine de son siége, et non sur celui de sa famille, que Jourdain du Hommet fonda l'abbaye de Mondaye.

     

    Elle était sous l'invocation de saint Martin, et comptait saint Louis au nombre de ses bienfaiteurs.

    • Ordre de Prémontré ;
    • taxe en cour de Rome, 24 florins ;
    • revenu, 14000 livres.

    Source : Histoire du diocèse de Bayeux, XVIIe et XVIIIe siècles par J. Laffetay 1855.

    Mondaye ou mieux, Mon-Dée (Mons Dei)

     

     

    Le village de Mondaye dont il faudrait, en vertu de l'étymologie, écrire le nom Mont-Dée, est situé dans un territoire assez agréable sur la rivière d'Aure, à huit kilomètres environ de Bayeux, et sur les limites de la paroisse de Juaye autrefois soumise à la juridiction de l'évêque de Lisieux.

     

    Ce prélat ne l'avait pas obtenue de Robert des Ableiges, évêque de Bayeux ; comme l'a dit A. du Monstier, car cette paroisse et l'abbaye faisaient partie de la baronnie de Nonant qui s'étendait de Bayeux à Caen.

    Il domine toutes les localités voisines par sa position sur un monticule qu'on trouve mentionné sous le nom de Aé ou saint Martin d'Aè dans une charte de 1215.

     

    Aussi prétend-on que c'est de ce monticule qu'est venu le nom qu'il porte aujourd'hui, Mondaye, et latinisé par ceux de Mons Dei, ou même Mons Auxilii.

    MONDAYE - Abbaye et Eglise

    Le fondateur de l'abbaye de Prémontrés, que le village de Juaye possédait avant la révolution, et qui était sous le vocable de Saint-Martin, fut Jourdain du Hommet, tiré en 1202 du chapitre de Bayeux pour monter sur le siége épiscopal de Lisieux, et à qui appartenaient, à ce titre, la terre de Nonant et les fiefs qui en dépendaient. Jourdain acheta cependant d'un certain Raoul de Percy, chevalier, tout le terrain sur lequel furent construites des maisons dans la paroisse de Juaye, et où un anachorète nommé Toustain avait choisi son domicile.

     

    Il le donna à l'abbé de la Luzerne pour y placer des religieux Prémontrés et l'abbaye fut agrégée à l'Ordre dans le chapitre général du 25 septembre 1216. A. du Monstier se trompe donc en assurant que Jourdain établit le monastère sur son propre patrimoine. Une charte de Guillaume le Conquérant confirme la baronnie de Nonant à l'évêque de Lisieux qui la tenait de ses prédécesseurs.

     

    Outre Jourdain du Hommet et Raoul de Percy, l'abbaye comptait au nombre de ses bienfaiteurs Éléonore, comtesse de Salisbury, les rois de France saint Louis et Philippe IV, les évêques de Bayeux et de Lisieux.

    L'abbaye de Mondaye essuya bien des désastres pendant les longues guerres qui désolèrent la Normandie. François du Bouillonay, après celles du XVIe siècle, en fut nommé abbé et s'efforça de réparer les malheurs qu'elle avait soufferts. Il recouvra la moitié des revenus, restaura simultanément les bâtiments et la discipline et mourut le 18 octobre 1631.

     

    Son successeur, Claude-Philippe Le Clerc du Tremblay, adopta en 1634 la réforme de l'abbaye d'Ardenne, et mourut le 4 septembre 1704, à l'âge de 91 ans.

    L'église abbatiale, aujourd'hui paroissiale, est un chef-d'oeuvre d'architecture grecque.

    Elle fut commence par Philippe l'Hermite, abbé régulier de 1704 à 1725, mort le 17 juin 1725, et achevée par son successeur Olivier Jahouel, mort le 31 mars 1738. Ce fut un des religieux, Eustache Restout, d'une famille féconde en artistes, né à Caen le 12 novembre 1655, mort à Mondaye le 1er novembre 1743, à l'âge de 88 ans, qui, à la fois peintre, sculpteur et architecte, la construisit et l'orna de fresques et de plusieurs tableaux généralement estimés.

     

    Les enfants de saint Norbert sont, grâce à la protection du regretté Mr Didiot, revenus en 1857, prendre possession de leur ancienne maison qui promet le plus brillant avenir. S. S. Pie IX leur a accordé, par un bref de 1862, d'y établir un noviciat. Les religieux sont actuellement au nombre de douze.

     

    On sait que le but des Prémontrés est la vie apostolique unie à la vie contemplative.

     

    La Gallia christiana mentionne une série de 34 abbés tant réguliers que commendataires. Les trois derniers que les Bénédictins n'ont pu citer furent :

    • N. Raffin, chanoine, chancelier et vicaire général de Bayeux, archidiacre de Caen de 1763 à 1782, nommé en 1763;
    • N. de la Rochefoucauld du Breuil, vicaire général d'Aix, nommé le 15 août 1782, transféré, le 31 décembre 1783 à l'abbaye de Preuilly, au diocèse de Sens ;
    • Jean Bochart de Champigny, chanoine de Paris le 1er février 1751, vicaire général de Mâcon, nommé abbé de Mondaye le 31 décembre 1783, mort à Paris le 9 juin 1790, à l'âge de 53 ans.

     

     

    Source : La France pontificale par H. Fisquet 1864.

    Description actuelle

    Ensemble prestigieux, l'abbaye de Juaye-Mondaye, fondée vers 1200 par l'évêque de Lisieux, s'impose dans l'histoire architecturale du mouvement prémontré pour avoir été entièrement reconstruite dans le style classique, à partir de 1706, par un chanoine, artiste d'illustre descendance :

     

    Eustache Restout (oncle du peintre Jean Restout).

     

    Son oeuvre demeura toutefois inachevée, notamment le cloître.

    La communauté dut quitter l'abbaye plusieurs fois (1789, 1880, 1903), mais le projet initial fut poursuivi : l'ensemble des bâtiments du XVIIIe siècle fut achevé à la fin du XIXe siècle dans le respect du parti et de l'esprit architectural imaginé par Restout

    • église : 1704-1717 ;
    • aile est du carré claustral et aile sud : 1731-1738 ;
    • pavillon d'entrée et ses ailes, pressoir, grange à dîmes : 1741-1743 ;
    • galerie sud du cloître et aile ouest : 1860-1880 ;
    • aile nord avec galerie du cloître : 1896-1903.

    Aujourd'hui en extension, la communauté vient d'acquérir un bâtiment agricole (ancienne grange avec pressoir dépendant de la ferme à l'ouest de l'abbaye), où elle envisage un projet d'hôtellerie. C'est un des monuments majeurs de la Basse-Normandie.

    Source : Ministère de la culture.

    Abbaye Saint-Martin de Mondaye à Juaye mondaye
    Crédit photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies (Abbaye Saint-Martin de Mondaye, juaye mondaye)

    bâtiment classé. 

    Informations structurelles

    Abbaye Saint-Martin de Mondaye, Ensemble prestigieux, l'abbaye de Juaye-Mondaye, fondée vers 1200 par l'évêque de Lisieux, s'impose dans l'histoire architecturale du mouvement prémontré pour avoir été entièrement reconstruite dans le style classique, à partir de 1706, par un chanoine, artiste d'illustre descendance, Eustache Restout. juaye mondaye, calvados


    Localisation et informations générales

    • identifiant unique de la notice : 12804
    • item : Abbaye Saint-Martin de Mondaye
    • Localisation :
      • Basse-Normandie
      • Calvados
      • Juaye-Mondaye
    • Code INSEE commune : 14346
    • Code postal de la commune : 14250
    • Ordre dans la liste : 1
    • Nom commun de la construction :
      • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
    • Etat :
      • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

     

     

    http://www.bayeux-intercom.fr/tourisme/patrimoine/juaye-mondaye/


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  • La vie à la campagne au Moyen Âge

    Vivre au Manoir de Merlin au Moyen Âge

    Janvier

    C’est le mois de janvier, il neige. Un serviteur vient d’aller chercher du bois.

    Dans le Manoir de Merlin, il fait si froid que le maître des lieux a gardé son manteau bleu et son chapeau.

    Sa femme se réchauffe près de l’âtre.

    Février

    Le maître des lieux qui a le dos au feu a demandé à son serviteur de lui apporter deux aiguières de vin. 

    Sur la nappe blanche, le repas est servi.

    Au fond à gauche, se trouve le lit.

    Mars

    Les paysans au service du seigneur taillent la vigne avec une serpe.

    Celle-ci est munie au dos d’un renfort coupant qui permet de l’utiliser comme une hachette. 

    Au Moyen Âge, la vigne était plantée au Manoir de Merlin sur une pièce de terre de douze journaux, soit environ quatre hectares.

    Avril

    Dans un jardin clos, un damoiseau cueille les premières fleurs du printemps et il fait deux bouquets pour les offrir à une belle jeune fille.

    Va-t-elle lui offrir la couronne de fleurs qu’elle réalise ?

    Aujourd’hui encore, les fleurs sauvages poussent dans les jardins du Manoir de Merlin

    Mai

    Au mois de mai, damoiseaux et damoiselles cueillent dans les bois une  branche pour fêter l’arbre de mai.

    Juin

    C’est le mois de la fenaison, les paysans au service du seigneur fauchent les champs. Les femmes font des  tas de foin pour le faire sécher.

    A leurs pieds, des tonnelets de bois  sont remplis d’eau ou de vin.

    Juillet

    C’est le mois de la moisson, les paysans coupent le blé à la serpe.

    Epis et paille sont coupés à mi-hauteur et rangés sur le sol. Le reste de la paille, une fois fauchée, servira pour la litière des bêtes.

    Il fait si chaud qu’ils portent un fichu blanc ou un chapeau de paille tressée sur leur tête, certains sont pieds nu.

    Août

    La charrue de blé, tirée par deux bœufs est amené à l’aire de battage du Manoir de Merlin.

    Dans la grange, des paysans à l’aide d’un fléau séparent les céréales de leur enveloppe.

    Le fléau est un outil composé de deux pièces de bois reliées entre elles par une lanière de cuir.

    Septembre

    C’est le mois des vendanges, les femmes cueillent les grappes de raisin. Au pressoir du  village Saint-Christophe, un paysan, pieds-nus, foule le raisin avant de remplir un fût.

    Les barriques de  vin seront ensuite entreposées dans le cellier du Manoir de Merlin.

     

    Octobre

    Le cycle de la terre recommence. Un paysan sème, il jette le grain dans des sillons bien tracés.

    A droite, des chevaux tirent la herse qui recouvrira de terre les semailles. 

    Les terres du manoir de Merlin étaient semées de blé et de seigle.

    Novembre

    Dans la forêt, les cochons se nourrissent des glands qu’un paysan fait tomber à l’aide d’un bâton de bois.

    Décembre

    Le paysan vient de tuer les cochons bien engraissés.

    La femme récolte le sang dans une grande poêle.

    Il aiguise son couteau pour découper les cochons qui seront servis le soir de Noël dans la grande salle du Manoir de Merlin.

     

    Sources

    http://www.manoir-de-merlin.fr/sorties-pedagogiques-contes-

    moyen-age-jardin/vivre-a-la-campagne-au-moyen-age/

     

    Ponne : grande cuve en terre utilisée au Moyen Âge pour la lessive

    Coquemar : pot en terre utilisé au Moyen Âge pour la cuisson des aliments (potages, lait)
    Mortier : pot à fond épais utilisé au Moyen Âge pour la préparation de la pâte à galette, des bouillies de céréales
     

     

     


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    Le 14 octobre 1066, une petite armée féodale à peine débarquée en Angleterre bat les troupes du roi en titre. La victoire à Hastings du duc de Normandie 

    Guillaume le Bâtard marque la naissance de l'Angleterre moderne.

    Le vainqueur descend de Rollon, un chef viking qui s'est établi 150 ans plus tôt à l'embouchure de la Seine.

    Guillaume, un bâtard formé à la dure

    À la mort du roi anglais Édouard le Confesseur, les seigneurs anglo-saxons élisent Harold pour lui succéder. Mais le duc de Normandie prétend que la couronne d'Angleterre lui a été promise par le défunt roi qui était aussi son oncle. C'est ainsi qu'il débarque sur l'île avec 4 à 6.000 hommes.

    Harold arrive à sa rencontre avec une infanterie réputée mais qui sort fourbue d'une bataille contre des Norvégiens.

    Après un début de combat indécis, les Normands prennent le dessus grâce à leur cavalerie. Harold est blessé à l'oeil par la flèche d'un archer normand. Sa mort entraîne la dispersion de ses troupes et la victoire définitive de Guillaume.

    À Bayeux, en Normandie, on peut voir la célèbre tapisserie dite «de la reine Mathilde», du nom de l'épouse de Guillaume. Elle raconte l'histoire de la Conquête sur 70 mètres de long.

    Cette tapisserie a été commandée à des artisans saxons par l'évêque de Bayeux, Otton de Conteville, pour orner le choeur de sa cathédrale. C'est la première bande dessinée connue.

    Un réformateur hardi
     

    Guillaume est couronné roi d'Angleterre à l'abbaye de Westminster, à Londres, le jour de Noël 1066. Mathilde est à son tour couronnée deux ans plus tard.

    Le souverain modernise l'administration du pays. Il partage aussi entre ses vassaux les seigneuries anglaises, éliminant de la sorte la noblesse issue des précédents envahisseurs, les Angles et les Saxons.

    Les Normands introduisent par ailleurs leur langue d'adoption, le français. De là le très grand nombre de mots et de racines que possèdent en commune l'anglais et le français modernes.

    Les îles britanniques : 2000 ans d'Histoire

    Cliquez pour agrandir


    Cette série de 9 cartes illustre 2000 ans d'Histoire... 

    Elle nous mène de la conquête romaine à nos jours en passant par les invasions successives (Angles et Saxons, Danois, Normands) et les péripéties du dernier millénaire : guerres dynastiques, assaut espagnol et révolutions, unification de la Grande-Bretagne, crises irlandaises...

     

     

    http://www.herodote.net/14_octobre_1066-evenement-10661014.php


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