• Afficher l'image d'origine

                     

                         

     

     

     

     

     

     

     

    Dans les premières années du XIIIe siècle, l’évêque de Lisieux Jourdain du Hommet, fils du connétable de Normandie Richard du Hommet, installa sur ses terres du Bessin une petite communauté de religieux prémontrés, issus de l’abbaye de la Lucerne d’Outremer (Manche), pour y fonder une abbaye.

     

    Elle connut grâce à ses fondateurs une certaine prospérité au XIIIe siècle.

    La Guerre de Cent Ans, ainsi que les grandes pestes du XIVe siècle, ravagèrent les terres de l’abbaye où séjourna en 1377 Bertrand du Guesclin.

     

    Plus désastreux encore fut le XVIe siècle : les guerres de religions déchirent le pays, et en 1562, les soldats protestants pillent les églises et les abbayes de la région. L’adhésion de l’abbaye à la réforme de l’Antique Rigueur entraîne au XVIIe et au XVIIIe siècles un formidable renouveau spirituel.

     

    Les abbés réguliers vont engager la reconstruction générale de l’église et des bâtiments sur les plans du père Eustache Restout, à la fois religieux,

    architecte et peintre.

     

     

    La Révolution chassa les religieux de l’abbaye, mais épargna heureusement les bâtiments inachevés et l’église transformée en église paroissiale.

     

    En 1859, quelques religieux prémontrés originaires de Grimberghen, près de Bruxelles, s’installent dans les murs de l’abbaye.

     

    Expulsés à deux reprises par les lois anticléricales, les chanoines sont revenus définitivement en 1921.

     

     

    L'abbaye de Mondaye fut fondée dans la paroisse de Juaye, d'après le Neustria Via, en 1214, et d'après l'abbé Delarue, en 1216, par Jourdain du Hommet, évêque de Lisieux.

     

    Le P. Dumonstier s'est trompé, en assurant que cet évêque avait établi le monastère sur son propre patrimoine.

     

    Une charte de Guillaume-le-Conquérant confirme la baronnie de Nonant à l'évêque de Lisieux, qui la tenait de ses prédécesseurs.

     

     

    Ainsi, dès le XIe siècle, cette baronnie appartenait à l'évêque de Lisieux, et, conséquemment, c'est sur le patrimoine de son siége, et non sur celui de sa famille, que Jourdain du Hommet fonda l'abbaye de Mondaye.

     

    Elle était sous l'invocation de saint Martin, et comptait saint Louis au nombre de ses bienfaiteurs.

    • Ordre de Prémontré ;
    • taxe en cour de Rome, 24 florins ;
    • revenu, 14000 livres.

    Source : Histoire du diocèse de Bayeux, XVIIe et XVIIIe siècles par J. Laffetay 1855.

    Mondaye ou mieux, Mon-Dée (Mons Dei)

     

     

    Le village de Mondaye dont il faudrait, en vertu de l'étymologie, écrire le nom Mont-Dée, est situé dans un territoire assez agréable sur la rivière d'Aure, à huit kilomètres environ de Bayeux, et sur les limites de la paroisse de Juaye autrefois soumise à la juridiction de l'évêque de Lisieux.

     

    Ce prélat ne l'avait pas obtenue de Robert des Ableiges, évêque de Bayeux ; comme l'a dit A. du Monstier, car cette paroisse et l'abbaye faisaient partie de la baronnie de Nonant qui s'étendait de Bayeux à Caen.

    Il domine toutes les localités voisines par sa position sur un monticule qu'on trouve mentionné sous le nom de Aé ou saint Martin d'Aè dans une charte de 1215.

     

    Aussi prétend-on que c'est de ce monticule qu'est venu le nom qu'il porte aujourd'hui, Mondaye, et latinisé par ceux de Mons Dei, ou même Mons Auxilii.

    MONDAYE - Abbaye et Eglise

    Le fondateur de l'abbaye de Prémontrés, que le village de Juaye possédait avant la révolution, et qui était sous le vocable de Saint-Martin, fut Jourdain du Hommet, tiré en 1202 du chapitre de Bayeux pour monter sur le siége épiscopal de Lisieux, et à qui appartenaient, à ce titre, la terre de Nonant et les fiefs qui en dépendaient. Jourdain acheta cependant d'un certain Raoul de Percy, chevalier, tout le terrain sur lequel furent construites des maisons dans la paroisse de Juaye, et où un anachorète nommé Toustain avait choisi son domicile.

     

    Il le donna à l'abbé de la Luzerne pour y placer des religieux Prémontrés et l'abbaye fut agrégée à l'Ordre dans le chapitre général du 25 septembre 1216. A. du Monstier se trompe donc en assurant que Jourdain établit le monastère sur son propre patrimoine. Une charte de Guillaume le Conquérant confirme la baronnie de Nonant à l'évêque de Lisieux qui la tenait de ses prédécesseurs.

     

    Outre Jourdain du Hommet et Raoul de Percy, l'abbaye comptait au nombre de ses bienfaiteurs Éléonore, comtesse de Salisbury, les rois de France saint Louis et Philippe IV, les évêques de Bayeux et de Lisieux.

    L'abbaye de Mondaye essuya bien des désastres pendant les longues guerres qui désolèrent la Normandie. François du Bouillonay, après celles du XVIe siècle, en fut nommé abbé et s'efforça de réparer les malheurs qu'elle avait soufferts. Il recouvra la moitié des revenus, restaura simultanément les bâtiments et la discipline et mourut le 18 octobre 1631.

     

    Son successeur, Claude-Philippe Le Clerc du Tremblay, adopta en 1634 la réforme de l'abbaye d'Ardenne, et mourut le 4 septembre 1704, à l'âge de 91 ans.

    L'église abbatiale, aujourd'hui paroissiale, est un chef-d'oeuvre d'architecture grecque.

    Elle fut commence par Philippe l'Hermite, abbé régulier de 1704 à 1725, mort le 17 juin 1725, et achevée par son successeur Olivier Jahouel, mort le 31 mars 1738. Ce fut un des religieux, Eustache Restout, d'une famille féconde en artistes, né à Caen le 12 novembre 1655, mort à Mondaye le 1er novembre 1743, à l'âge de 88 ans, qui, à la fois peintre, sculpteur et architecte, la construisit et l'orna de fresques et de plusieurs tableaux généralement estimés.

     

    Les enfants de saint Norbert sont, grâce à la protection du regretté Mr Didiot, revenus en 1857, prendre possession de leur ancienne maison qui promet le plus brillant avenir. S. S. Pie IX leur a accordé, par un bref de 1862, d'y établir un noviciat. Les religieux sont actuellement au nombre de douze.

     

    On sait que le but des Prémontrés est la vie apostolique unie à la vie contemplative.

     

    La Gallia christiana mentionne une série de 34 abbés tant réguliers que commendataires. Les trois derniers que les Bénédictins n'ont pu citer furent :

    • N. Raffin, chanoine, chancelier et vicaire général de Bayeux, archidiacre de Caen de 1763 à 1782, nommé en 1763;
    • N. de la Rochefoucauld du Breuil, vicaire général d'Aix, nommé le 15 août 1782, transféré, le 31 décembre 1783 à l'abbaye de Preuilly, au diocèse de Sens ;
    • Jean Bochart de Champigny, chanoine de Paris le 1er février 1751, vicaire général de Mâcon, nommé abbé de Mondaye le 31 décembre 1783, mort à Paris le 9 juin 1790, à l'âge de 53 ans.

     

     

    Source : La France pontificale par H. Fisquet 1864.

    Description actuelle

    Ensemble prestigieux, l'abbaye de Juaye-Mondaye, fondée vers 1200 par l'évêque de Lisieux, s'impose dans l'histoire architecturale du mouvement prémontré pour avoir été entièrement reconstruite dans le style classique, à partir de 1706, par un chanoine, artiste d'illustre descendance :

     

    Eustache Restout (oncle du peintre Jean Restout).

     

    Son oeuvre demeura toutefois inachevée, notamment le cloître.

    La communauté dut quitter l'abbaye plusieurs fois (1789, 1880, 1903), mais le projet initial fut poursuivi : l'ensemble des bâtiments du XVIIIe siècle fut achevé à la fin du XIXe siècle dans le respect du parti et de l'esprit architectural imaginé par Restout

    • église : 1704-1717 ;
    • aile est du carré claustral et aile sud : 1731-1738 ;
    • pavillon d'entrée et ses ailes, pressoir, grange à dîmes : 1741-1743 ;
    • galerie sud du cloître et aile ouest : 1860-1880 ;
    • aile nord avec galerie du cloître : 1896-1903.

    Aujourd'hui en extension, la communauté vient d'acquérir un bâtiment agricole (ancienne grange avec pressoir dépendant de la ferme à l'ouest de l'abbaye), où elle envisage un projet d'hôtellerie. C'est un des monuments majeurs de la Basse-Normandie.

    Source : Ministère de la culture.

    Abbaye Saint-Martin de Mondaye à Juaye mondaye
    Crédit photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies (Abbaye Saint-Martin de Mondaye, juaye mondaye)

    bâtiment classé. 

    Informations structurelles

    Abbaye Saint-Martin de Mondaye, Ensemble prestigieux, l'abbaye de Juaye-Mondaye, fondée vers 1200 par l'évêque de Lisieux, s'impose dans l'histoire architecturale du mouvement prémontré pour avoir été entièrement reconstruite dans le style classique, à partir de 1706, par un chanoine, artiste d'illustre descendance, Eustache Restout. juaye mondaye, calvados


    Localisation et informations générales

    • identifiant unique de la notice : 12804
    • item : Abbaye Saint-Martin de Mondaye
    • Localisation :
      • Basse-Normandie
      • Calvados
      • Juaye-Mondaye
    • Code INSEE commune : 14346
    • Code postal de la commune : 14250
    • Ordre dans la liste : 1
    • Nom commun de la construction :
      • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
    • Etat :
      • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

     

     

    http://www.bayeux-intercom.fr/tourisme/patrimoine/juaye-mondaye/


    1 commentaire
  • La vie à la campagne au Moyen Âge

    Vivre au Manoir de Merlin au Moyen Âge

    Janvier

    C’est le mois de janvier, il neige. Un serviteur vient d’aller chercher du bois.

    Dans le Manoir de Merlin, il fait si froid que le maître des lieux a gardé son manteau bleu et son chapeau.

    Sa femme se réchauffe près de l’âtre.

    Février

    Le maître des lieux qui a le dos au feu a demandé à son serviteur de lui apporter deux aiguières de vin. 

    Sur la nappe blanche, le repas est servi.

    Au fond à gauche, se trouve le lit.

    Mars

    Les paysans au service du seigneur taillent la vigne avec une serpe.

    Celle-ci est munie au dos d’un renfort coupant qui permet de l’utiliser comme une hachette. 

    Au Moyen Âge, la vigne était plantée au Manoir de Merlin sur une pièce de terre de douze journaux, soit environ quatre hectares.

    Avril

    Dans un jardin clos, un damoiseau cueille les premières fleurs du printemps et il fait deux bouquets pour les offrir à une belle jeune fille.

    Va-t-elle lui offrir la couronne de fleurs qu’elle réalise ?

    Aujourd’hui encore, les fleurs sauvages poussent dans les jardins du Manoir de Merlin

    Mai

    Au mois de mai, damoiseaux et damoiselles cueillent dans les bois une  branche pour fêter l’arbre de mai.

    Juin

    C’est le mois de la fenaison, les paysans au service du seigneur fauchent les champs. Les femmes font des  tas de foin pour le faire sécher.

    A leurs pieds, des tonnelets de bois  sont remplis d’eau ou de vin.

    Juillet

    C’est le mois de la moisson, les paysans coupent le blé à la serpe.

    Epis et paille sont coupés à mi-hauteur et rangés sur le sol. Le reste de la paille, une fois fauchée, servira pour la litière des bêtes.

    Il fait si chaud qu’ils portent un fichu blanc ou un chapeau de paille tressée sur leur tête, certains sont pieds nu.

    Août

    La charrue de blé, tirée par deux bœufs est amené à l’aire de battage du Manoir de Merlin.

    Dans la grange, des paysans à l’aide d’un fléau séparent les céréales de leur enveloppe.

    Le fléau est un outil composé de deux pièces de bois reliées entre elles par une lanière de cuir.

    Septembre

    C’est le mois des vendanges, les femmes cueillent les grappes de raisin. Au pressoir du  village Saint-Christophe, un paysan, pieds-nus, foule le raisin avant de remplir un fût.

    Les barriques de  vin seront ensuite entreposées dans le cellier du Manoir de Merlin.

     

    Octobre

    Le cycle de la terre recommence. Un paysan sème, il jette le grain dans des sillons bien tracés.

    A droite, des chevaux tirent la herse qui recouvrira de terre les semailles. 

    Les terres du manoir de Merlin étaient semées de blé et de seigle.

    Novembre

    Dans la forêt, les cochons se nourrissent des glands qu’un paysan fait tomber à l’aide d’un bâton de bois.

    Décembre

    Le paysan vient de tuer les cochons bien engraissés.

    La femme récolte le sang dans une grande poêle.

    Il aiguise son couteau pour découper les cochons qui seront servis le soir de Noël dans la grande salle du Manoir de Merlin.

     

    Sources

    http://www.manoir-de-merlin.fr/sorties-pedagogiques-contes-

    moyen-age-jardin/vivre-a-la-campagne-au-moyen-age/

     

    Ponne : grande cuve en terre utilisée au Moyen Âge pour la lessive

    Coquemar : pot en terre utilisé au Moyen Âge pour la cuisson des aliments (potages, lait)
    Mortier : pot à fond épais utilisé au Moyen Âge pour la préparation de la pâte à galette, des bouillies de céréales
     

     

     


    votre commentaire
  • Les commanderies avaient, entre autres, pour rôle d'assurer de façon permanente le recrutement des frères. Ce recrutement devait être le plus large possible. Ainsi, les hommes laïcs de la noblesse et de la paysannerie libre pouvaient prétendre à être reçus s'ils répondaient aux critères exigés par l'ordre.

    Tout d'abord, l'entrée dans l'ordre était gratuite et volontaire. Le candidat pouvait être pauvre. Avant toute chose, il faisait don de lui-même. Il était nécessaire qu'il fût motivé car il n'y avait pas de période d'essai par le noviciat. L'entrée était directe (prononciation des vœux) et définitive (à vie).

     

    Les principaux critères étaient les suivants :

     

    • être âgé de plus de 18 ans (la majorité pour les garçons était fixée à 16 ans) (article 58)
    • ne pas être fiancé (article 669)
    • ne pas faire partie d'un autre ordre (article 670)
    • ne pas être endetté (article 671)
    • être en parfaite santé mentale et physique (ne pas être estropié) (article 672)
    • n'avoir soudoyé personne pour être reçu dans l'ordre (article 673)
    • être homme libre (le serf d'aucun homme) (article 673)
    • ne pas être excommunié (article 674)

    Le candidat était prévenu qu'en cas de mensonge prouvé, il serait immédiatement renvoyé. « ... si vous en mentiez, vous en seriez parjure et en pourriez perdre la maison, ce dont Dieu vous garde. » (Extrait de l’article 668)

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

    170c1.jpg 

     

    Je consacre ici un article pour résumer ce que j’ai trouvé et compris des Templiers au cours de mes recherches, plus exactement de leur système bancaire, au travers de mon mémoire. Joie non-dissimulée de pouvoir m’exprimer et poser des questions/problématiques librement, où ce n’était clairement pas le cas au sein de l’Université « bien pensante ».

    Car oui, sous la direction d’un tuteur de mémoire ou de thèse, il est difficile de soulever des problématiques allant à l’encontre du dogme universitaire. Pensée unique quand tu nous tiens…

    Pour comprendre un mal, il faut remonter à son origine. Donc pour comprendre les banques modernes, approchons ses ancêtres.

    La création de l’ordre

    Le sceau de l’ordre du Temple représentant 2 personnes partageant le même cheval. Symbole de pauvreté. (Bien que chaque templiers puisassent posséder jusqu’à 3 chevaux…) On peut y lire « Sigilum Militum Xpisti » = « Sceau militaire du Christ ». Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

    Les Templiers, de leur titulature complète Les pauvres chevaliers du Christ de l’ordre du Temple de Salomon (rien que ça !) ont vu le jour au début du XIIème siècle, sans doute à Jérusalem, sur l’initiative d’Hugues de Payns. Bref rappel historique pour les personnes n’étant pas familiarisées avec le sujet. Il y a pour ainsi dire, trois dates importantes dans la fondation de l’ordre du Temple : la première, 1120 sur l’initiative d’Hugues de Payns à Jérusalem donc.

    La règle du nouvel établissement fut mise au point lors d’un concile tenu à Troyes le 14 janvier 1129. C’est la seconde date. Et le 23 mars 1139, la troisième date, qui est la reconnaissance canonique de l’ordre via la bulle « Omne datum optimum » du Pape Innocent II, qui officialise l’existence des Templiers et spécifie tous les avantages qui leur sont accordés, soit :

    • Seul le pape a autorité sur les Templiers. Les tribunaux laïcs et religieux ne peuvent statuer à leur sujet .
    • Dispense de payer la dîme (Impôt ecclésiastique) plus des droits des quêtes….
    • … tout en leur accordant la jouissance des dîmes qui leur auront été données en accord avec les évêques !
    • L’Église accorde aux chevaliers du Temple la possibilité de garder tout type de butin conquis en Terre-Sainte sur les sarrasins.
    • Les Templiers possèdent et nomment leur propre prêtre.

    La vocation première des Templiers est de protéger et d’accompagner les pèlerins sur les routes qui mène à la terre sainte. Officiellement car pendant plusieurs années après la création de l’ordre, les Templiers étaient au nombre de sept… « Heuuuu sept grands et beaux chevaliers élancés sur leur chevaux robustes pour protéger la veuve et l’orphelin sur toute la route Paris-Jerusalem? Ah mais oui bien sur, on y croit !!! »

    Bref, il est évident que leurs intentions étaient toutes autres…. Très tôt on remarquera des liens (parfois amicaux, parfois familiaux) entre les familles régnantes en terre sainte et les Templiers : là ou viennent se mêler intérêt personnel et politique. C’est toujours la même musique n’est-ce pas? Mais ne nous égarons pas.

    Facile dans les conditions décrites ci-dessus d’accumuler des richesses non?

    Développement économique du Temple

    D’autant plus que les Templiers profiteront justement de ces conditions favorables pour développer leur « pôle financier », et ils le firent très rapidement ! Comme l’atteste le prêt hypothécaire le plus ancien, puisqu’il date d’octobre 1136, contracté dans le Sud de l’Espagne entre un couple et les Templiers, lequel leur prêta juste de quoi financer le pèlerinage en terre sainte, en échange d’une garantie mobilière et immobilière (1). Première constatation : ce prêt date de 1135, soit trois ans avant la reconnaissance canonique de l’ordre par l’Église, quand même!!

    Deuxièmement, le premier prêt connu à ce jour a été contracté en Espagne…  Ceci démontre la rapide extension des services financiers des Templiers dans l’Europe, au-delà de l’aspect primaire militaro-religieux de l’ordre !

    Et troisièmement,  ce système représentait un très très bon moyen d’enrichissement (encore une fois).

    Contexte : Nous sommes vers 1140, je suis un grand et beau (déjà) riche Templier, tu es un pauvre petit paysan souhaitant accomplir son pèlerinage pour devenir un bon petit croyant et ainsi gagner ta place au paradis. Parce que je suis gentil et bien intentionné, je vais te prêter une petite bourse remplies de petites piécettes pour que tu puisses te rendre à Jérusalem. C’est cool hein? Et toi en échange de ce petit service de rien du tout, tu va mettre tous tes biens (ou une partie des biens) en hypothèque. Équitable non?

    Gonfanon représentant la croix pattée des Templiers.

    Redevenons sérieux trente secondes pour analyser ce cas de figure qui, bien que vulgarisé, romancé et légèrement ridiculisé, est représentatif des tenants et aboutissants des prêts bancaires :

     

     

    N’y aurait-il pas parfois conflit d’intérêt ?! Je vous pose la question ami lecteur ! On a vu que les Templiers ont été créés afin de sécuriser les routes menant à la terre sainte pour les pèlerins. Ok! On a aussi vu que les Templiers prêtaient aux pèlerins, en cas de besoin, de l’argent contre garantie et/ou hypothèque, afin de les aider à accomplir leur pèlerinage. Toujours ok? Mais qu’a-t-il pu bien se passer dans la tête d’un Templier à ce moment là, dans le cas où la somme prêtée serait inférieure à la valeur de la garantie ou de l’hypothèque. Ne serait-il pas tenté de souhaiter la malencontreuse mort dudit pèlerin ? Peut-être même par suicide assisté allez savoir !

    J’invoque une citation :

    «Mais il me paraît difficile d’admettre que des hommes aussi puissants et maniant des sommes aussi considérables, aient pu demeurer, dans l’ensemble, si intègres. Pour un scandale public et sévèrement puni, n’y en eut-il pas nombre d’autres, discrètement étouffés ? Les règles de l’Ordre étaient une barrière fragile contre la tentation, et j’ai peine à croire que les banquiers du Moyen Âge aient été sensiblement plus vertueux que ceux de nos jours. » 

    Tout est dit…

    Afficher l'image d'origine

     

    La puissance financière des Templiers

    Très rapidement les Templiers se sont enrichis, à l’image de leur bourse qui a prit de l’ampleur avec le temps. Leur notoriété prit le même chemin. Très vite ils se sont retrouvés à prêter de l’argent aux rois, et même au pape en personne ! Ajouté à cela, les biens immatériels et matériels récupérés sur les dettes non-payées sur les paysans ayant perdu la vie en pèlerinage. Plus le fait que chaque Templier souhaitant rejoindre l’ordre se devait de lui faire un don (la très grande majorité des Templiers étaient issus de la basse et de la moyenne noblesse), et vous comprenez quelle a pu être la puissance des Templiers sur son temps.

    A propos de banquiers du moyen âge, n’oublions pas que les Templiers ne furent pas les seuls dans ce domaine d’activité, puisque les banquiers florentins et vénitiens exerçaient déjà avant les Templiers, à la différence que ces derniers n’exerçaient que dans leur ville et rarement au-delà, avec une seule et unique monnaie. Les Templiers, eux, ont repris cette idée pour l’appliquer à plus grande ampleur à une grande partie de l’Europe, soit au monde méditerranéen de l’époque médiévale, en inventant au passage le fameux billet de banque ! Ce papier était remis au pèlerin, au départ de Paris (par exemple) sur lequel était indiqué que ledit pèlerin a déposé une somme X au Temple de Paris, et que par conséquent ce billet de banque autorise ce même pèlerin a récupérer la somme X une fois arrivé au Temple de Jérusalem.

    Ne serait-ce que par leur système financier, les Templiers étaient véritablement un pont entre l’orient et l’occident.

    Les Templiers importèrent d’Orient énormément de techniques aussi bien bancaires, commerciales, ou encore architecturales. Le système bancaire mis en place par les Templiers était fait pour transférer des fonds de l’Occident à l’Orient, non l’inverse. C’est probablement à cet effet qu’a servi l’importante flotte navale dont disposaient les Templiers, et non à un but militaire (3). Absurde? Alors dites-moi combien de batailles navales concernant les Chevaliers du Temple l’histoire a-t-elle retenue?

    Tout ceci explique en quoi la perte de la terre sainte, via la perte de Saint-Jean d’Acre en 1291, fut un coût terrible pour les Chevaliers de l’Ordre du Temple et l’Église.

    Pertes dont aucun des deux ne se relèvera…

    Carte de la présence templière en Europe. On y voit les principaux fiefs et commanderies.

    Début du XIVème siècle, soit en 1308 puis en 1314, c’est le moment qu’a choisit Philippe le Bel pour porter l’estocade. De la moitié du Moyen Âge jusqu’à l’époque moderne, le but des rois (pouvoir temporel) en Europe sera de se détacher de l’influence de l’Église (pouvoir spirituel), alors que celle-ci cherchera justement à préserver son emprise sur les royautés européennes. En portant un coup aux Templiers, Philippe IV dit Le Bel avait l’occasion de faire d’une pierre deux coups : d’un côté affaiblir l’Église en abattant son bras armé et ainsi se détacher de son influence, et de l’autre ne pas avoir à rembourser les prêts que les Templiers lui avaient octroyés. Le procès des Templiers était tout simplement politique et rien d’autre !

    C’est cool tout ça, mais il est où leur trésor ?!

    « Et le trésor des Templiers dans tout ça? Toi, rédacteur de cet article tu va me dire que Philippe le Bel n’en avait pas après l’or des Templiers peut-être? Bouh que tu es naïf ! »

    Patience jeune padawan, laisse-moi te répondre : probablement que le roi de France, Philippe IV dit le Bel, n’aurait pas été contre le fait de mettre la main sur le trésor. Surtout au vu des instabilités économiques et des dévaluations monétaires effectuées par le roi en vue de trouver un équilibre. Mais l’héritier des Templiers, de leur trésor, de leur infrastructures, etc était déjà tout trouvé : non pas l’Église elle-même (qu’aurait-elle fait de toutes ces armes et commanderies?), mais les Hospitaliers, ou les Chevaliers de l’ordre de Malte de Saint-Jean de Jérusalem. Après lecture de cet article, il n’est pas étonnant de constater que les Hospitaliers bénéficiaient d’une importante flotte maritime. Normal, c’est celle que les Templiers leur ont cédé involontairement, s’ils n’avaient pas commis l’erreur politique majeure de mourir… idem pour une partie des possessions matériels et immatériels !

    Alors pourquoi cela ne serait-il pas également le cas pour le fameux trésor ?

    Comment distinguer les 5 ordres militaires? Cliquez pour agrandir.

    Quoi qu’il en soit, d’une manière ou d’une autre, il est évident que l’héritage des Templiers a perduré dans le futur. Et qui sait, peut-être que les banquiers du Moyen Age sont les ancêtres de ceux d’aujourd’hui ?

    Lisandro Dias

    Edito : Evidemment la question de l’usure mérite un article à lui tout seul, non seulement pour ce qui est de la période médiévale ou des Templiers, mais pour toutes les périodes de l’histoire. J’ai lu dans plusieurs de vos commentaires (sur Facebook et Twitter par exemple) que vous soulignez le fait que les Templiers n’étaient pas les premiers banquiers de l’histoire. Vous avez en partie raison. Les Templiers furent les premiers véritables banquiers (au sens contemporain du terme) dans la mesure où, leurs activités économiques traversaient les frontières et prirent une ampleur jamais égalée auparavant : on parle bien d’une influence sur plusieurs continents et plus précisément sur l’ensemble du monde méditerranéen, voir même sur l’Asie !

    Pour revenir à la question de l’usure, je tâcherai d’être concis : Bien que fermement condamnée par l’église, l’usure était tolérée par cette dernière. Le terme exacte serait « camouflée » comme le rapporte une des archives que j’ai pu consulter par la suite :

    «  Nous avons ici un prêt hypothécaire camouflé en deux dons réciproques, faits par charité pour éviter la condamnation de l’usure si souvent formulée par l’Église. L’usufruit de la propriété pendant l’absence des emprunteurs représente l’intérêt sur le capital » (4).

    Je pense que cette courte citation suffit amplement à comprendre le stratagème qu’utilisaient les Templiers pour pouvoir prêter de l’argent avec des intérêts, très certainement en accord avec l’Église. Pourquoi l’Église aurait-elle élevé la voix contre son bras armé, alors qu’elle lui a justement accordé autant d’avantages par le passé? (Voir la première partie de l’article « La création de l’ordre« ) N’aurait-ce pas été se tirer une balle dans le pied?

    Les taux d’intérêts des prêts étaient assez variés en fonction de la somme demandée, de la zone géographique dans laquelle était contractée le prêt, ou encore de l’usage que le client souhaitait faire de cet argent par exemple. Bien que les taux d’intérêts pouvaient atteindre jusqu’à 25%, l’impact sur le remboursement n’était pas du tout le même que de nos jours, si l’on veut faire la comparaison, pour des questions d’ordre économique assez complexes et pour des raisons de sécurité. (Les chances de se faire rembourser étaient quand même plus faibles qu’à notre époque. C’est peut-être le calcul qu’on fait les Templiers…)

    Mais ce n’est pas certain que ces prêts aux taux parfois exorbitants furent la première source d’enrichissement des Templiers. N’oublions pas qu’à l’époque médiévale les économies tournaient plus autour du foncier que de la monnaie, qui prendra, à partir du XIème siècle environ, avec le début de l’essor des villes, petit à petit la place que nous lui connaissons aujourd’hui.

     

     

    sources :

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

     

     

     

    Le 14 octobre 1066, une petite armée féodale à peine débarquée en Angleterre bat les troupes du roi en titre. La victoire à Hastings du duc de Normandie 

    Guillaume le Bâtard marque la naissance de l'Angleterre moderne.

    Le vainqueur descend de Rollon, un chef viking qui s'est établi 150 ans plus tôt à l'embouchure de la Seine.

    Guillaume, un bâtard formé à la dure

    À la mort du roi anglais Édouard le Confesseur, les seigneurs anglo-saxons élisent Harold pour lui succéder. Mais le duc de Normandie prétend que la couronne d'Angleterre lui a été promise par le défunt roi qui était aussi son oncle. C'est ainsi qu'il débarque sur l'île avec 4 à 6.000 hommes.

    Harold arrive à sa rencontre avec une infanterie réputée mais qui sort fourbue d'une bataille contre des Norvégiens.

    Après un début de combat indécis, les Normands prennent le dessus grâce à leur cavalerie. Harold est blessé à l'oeil par la flèche d'un archer normand. Sa mort entraîne la dispersion de ses troupes et la victoire définitive de Guillaume.

    À Bayeux, en Normandie, on peut voir la célèbre tapisserie dite «de la reine Mathilde», du nom de l'épouse de Guillaume. Elle raconte l'histoire de la Conquête sur 70 mètres de long.

    Cette tapisserie a été commandée à des artisans saxons par l'évêque de Bayeux, Otton de Conteville, pour orner le choeur de sa cathédrale. C'est la première bande dessinée connue.

    Un réformateur hardi
     

    Guillaume est couronné roi d'Angleterre à l'abbaye de Westminster, à Londres, le jour de Noël 1066. Mathilde est à son tour couronnée deux ans plus tard.

    Le souverain modernise l'administration du pays. Il partage aussi entre ses vassaux les seigneuries anglaises, éliminant de la sorte la noblesse issue des précédents envahisseurs, les Angles et les Saxons.

    Les Normands introduisent par ailleurs leur langue d'adoption, le français. De là le très grand nombre de mots et de racines que possèdent en commune l'anglais et le français modernes.

    Les îles britanniques : 2000 ans d'Histoire

    Cliquez pour agrandir


    Cette série de 9 cartes illustre 2000 ans d'Histoire... 

    Elle nous mène de la conquête romaine à nos jours en passant par les invasions successives (Angles et Saxons, Danois, Normands) et les péripéties du dernier millénaire : guerres dynastiques, assaut espagnol et révolutions, unification de la Grande-Bretagne, crises irlandaises...

     

     

    http://www.herodote.net/14_octobre_1066-evenement-10661014.php


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires