•  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • 320454 594545433898542 2085000499 n 

     

    Les moines marchent, comme des champions, à la suite du Christ. Ils vont se placer en première ligne de la guerre qui oppose le Bien au mal, la Lumière de l'éveil, de la vie et de l'épanouissement de l'âme aux ténèbres de l'illusion, de la mort et l'entropie.

    De gauche à droite : différents ordres de moines-soldats, Jacques de Molay, et un sceau templier, où le cheval pour deux soldats symbolise le vœu de pauvreté.De gauche à droite : différents ordres de moines-soldats, Jacques de Molay, et un sceau templier, où le cheval pour deux soldats symbolise le vœu de pauvreté.De gauche à droite : différents ordres de moines-soldats, Jacques de Molay, et un sceau templier, où le cheval pour deux soldats symbolise le vœu de pauvreté.

    De gauche à droite : différents ordres de moines-soldats, Jacques de Molay, et un sceau templier, où le cheval pour deux soldats symbolise le vœu de pauvreté.

     

    ls vont se placer comme des cierges au cœur d'un océan de ténèbres et les forces noires viennent se briser comme autant de vagues impies sur le brise lames de leur esprit.

     

    Ayant repoussé l'ennemi, leur cœur battant au rythme de l'invocation du Saint nom de Jésus, une force numineuse irradie de leur être sur toute la Terre, éloignant les forces de l'ombre et tiranttoute la Création vers le haut.

     

     

    Afficher l'image d'origine 

    Jean Paul II le résumait très bien :

     

    Depuis les premiers siècles de l'Église, des hommes et des femmes se sont sentis appelés à imiter la condition de serviteur du Verbe incarné et ils se sont mis à sa suite en vivant de manière spécifique et radicale, par la profession monastique, les exigences qui découlent de la participation baptismale au mystère pascal de sa mort et de sa résurrection.

     

    En portant la Croix, ils se sont ainsi engagés à devenir témoins de l'Esprit, hommes et femmes authentiquement spirituels, capables de féconder secrètement l'histoire par la louange et l'intercession continuelles, par les conseils ascétiques et les œuvres de charité.

    En voulant transfigurer le monde et la vie dans l'attente de la vision définitive du visage de Dieu, le monachisme oriental privilégie la conversion, le renoncement à soi-même et la componction du cœur, la recherche de l'hésychia, c'est-à-dire de la paix intérieure, et la prière continuelle, le jeûne et les veilles, le combat spirituel et le silence, la joie pascale dans la présence du Seigneur et dans l'attente de sa venue définitive, l'offrande de soi et de ses propres biens, vécue dans la sainte communion du monastère ou dans la solitude érémitique.

    L'Occident lui aussi a pratiqué la vie monastique dès les premiers siècles de l'Église, et il en a connu une grande variété d'expressions dans les domaines cénobitique et érémitique.

     

     

    Afficher l'image d'origine 

    Dans sa forme actuelle, inspirée surtout de saint Benoît, le monachisme occidental est l'héritier d'hommes et de femmes nombreux qui, après avoir quitté la vie selon le monde, cherchèrent Dieu et se donnèrent à lui, « sans rien préférer à l'amour du Christ».

     

    Aujourd'hui encore, les moines s'efforcent de concilier harmonieusement la vie intérieure et le travail dans l'engagement évangélique de la conversion des mœurs, de l'obéissance et de la stabilité,

    ainsi que dans la pratique assidue de la méditation de la Parole (lectio divina), de la célébration de la liturgie, de la prière.

     

    Dans la société actuelle quel pourrait être le rôle du moine ?

     

    Cette fonction de guerrier de l'Absolu, de contemplatif de l'Infini, a-t-elle encore un sens ?

     

    Repoussant les forces ténébreuses par sa recherche de sainteté, c'est-à-dire l'actualisation de l'image divine présente en lui afin de passer de l'image à la ressemblance, le moine a-t-il encore voix au chapitre en ce début de IIIe millénaire ?

     

     

    Afficher l'image d'origine 

    Certainement. Peut-être plus que jamais, mais les frontières doivent s'estomper entre le monastère et la vie laïque.

    Le moine ne peut plus se permettre de vivre reclus.

     

    Aujourd'hui le désert, c'est nos villes tentaculaires, impersonnelles, où chaque homme et chaque femme se fait bousculer, noyer, exploiter pour nourrir une machine dantesque, sorte de créature de Frankenstein qui nous échappe totalement.

     

    Redonner l'espoir et illuminer ce monde en difficulté et en questionnement, témoigner sereinement de la lumière pascale, incarner l’Éternité ouverte par le vainqueur de la mort, voilà leur mission.

     

     

    Le moine est là pour donner du sens, pour incarner une bulle d'éternité dans le torrent furieux de la vie moderne, pour sanctifier le monde d'en-bas et le temps dans une société chronophage qui désacralise tout.


    Mais la frontière doit aussi s'estomper entre la vie laïque et l'idéal monastique. Autrement dit, le monde, la cité a besoin d'hommes et de femmes qui portent les valeurs monastiques dans leur cœur.

    Mais on pourrait dire « valeurs chevaleresques », car le moine laïque, vivant dans la cité, au cœur du tourbillon du monde, est un véritable chevalier.

     

    En effet, n'est-ce-pas précisément le rôle du chevalier consacré que d'affronter les ombres du monde.

     

     

    Afficher l'image d'origine 

    Par l'armure flamboyante de la Présence et par l'épée sainte du Verbe, refuser les superficialités du monde, s'opposer aux lâchetés érigées en valeurs sociétales, renverser les contre-valeurs données en exemples, défendre les bonnes choses de la modernité contre les forces d'entropie et la décadence débilitante.

     

    Le monde a besoin de moine-chevaliers qui n'ont pas peur de chercher l'Absolu, de partir en quête de la lumière pascale et de Celui qui la porte.

     

    Forces de résurrection agissante, ces hommes, ces femmes, ces familles ne devront pas défendre les positions réactionnaires figées mais plutôt accompagner la force de l'Esprit qui mène l'humanité dans une ascension évolutive en spirale.

     

    Aujourd'hui, le moine-chevalier doit incarner, au cœur de la cité, les hautes valeurs spirituelles : la prière, la vie désintéressée, la quête de la Beauté, l'Amour du prochain, l'ouverture au Souffle de Feu, la culture de l'intelligence du cœur et de l'esprit.

     

    Il est plus que jamais un guerrier de l'Absolu qui doit se dresser contre l'idiocratie, la marchandisation, la vulgarité, la violence, l'injustice, l'absurde et la mécanisation.

     

    Oeuvrer à la réunion des chrétiens, afin que nous soyions unis, afin que soyons Un, tout en nous respectant et en nous enrichissant de nos différences. 

     

    Le moine d'aujourd'hui a la responsabilité de mener tous ces combats au nom du Christ qui n'est pas resté dans le désert mais s'est mêlé à la foule pour guérir et conjurer les plaies de son temps.

     

    377595_166285576852743_69988670_n.jpg

     

    Intégrité, désir de Dieu, confiance en soi inséparable de la confiance en Lui, optimisme profond, courage et enthousiasme sont les qualités que doivent incarner les moines-chevaliers-laïques.

     

    Redonner l'espoir et illuminer ce monde en difficulté et en questionnement, témoigner sereinement de la lumière pascale, incarner l’Éternité ouverte par le vainqueur de la mort, voilà leur mission.

     

    Un des symboles les plus connus : la croix " pattée ". 

    IMAGE 1 : copyright ENRIQUE PARIETTI

     

    SOURCES

    http://www.relianceuniverselle.com/article-les-moines-3-3-des-moines-chevaliers-dans-la-cite-120169619.html

     

     


    votre commentaire
  •  

      

      

      

      

    CHATEAU DE FONTAINE HENRY

     

     

    Le château de Fontaine-Henry est un château Renaissance,

    situé dans la commune de Fontaine-Henry, dans le département français du Calvados, en région Basse-Normandie.

    Le château de Fontaine-Henry est classé monument historique depuis 1924.

     

    Afficher l'image d'origine

     

    Histoire 

    Le château de Fontaine-Henry appartient à la même famille depuis environ dix siècles sans avoir jamais été vendu.

     

    Néanmoins, plusieurs noms s’y sont succédé, car il a à plusieurs reprises été transmis par des femmes.

     

    Les familles de Tilly, d’Harcourt, de Morais, Boutier de Château d'Assy, de Montécler, de Marguerie, de Carbonnel, de Cornulier et d’Oilliamson l’ont donc tour à tour possédé par voie d’héritage.

    Il existait à cet emplacement une forteresse dès le début du XIe siècle.

     

    La famille de Tilly l’a remplacée entre 1200 et 1220 par un nouveau château.

     

    De cette époque subsistent notamment la chapelle et des salles voûtées qui formaient autrefois le rez-de-chaussée du bâtiment d’habitation.

     

    Ces deux éléments donnent la mesure de l’ampleur et de l’importance de ce château au Moyen Âge.

    En 1374 Jeanne de Tilly épousa Philippe d'Harcourt et lui apporta en dot, entre autres, cette seigneurie.

    C’est la famille d’Harcourt qui entrepris de reconstruire le château après la guerre de Cent Ans.

     

    Afficher l'image d'origine

    http://www.photoscalvados.com/v/Patrimoine/Chateaux+et+

    Manoirs/Fontaine+henry/Chateau+Fontaine+Henry+07.jpg.html

    Les travaux s’étalèrent sur pratiquement un siècle, entre la fin du XVe siècle et les années 1560.

    Afficher l'image d'origine  

    Fontaine-Henry est située dans la plaine de Caen entre Caen et

    Courseulles-sur-Mer.

     

    Le Douet traverse la commune au milieu d'un vallon en contrebas du plateau calcaire.

     

    Hormis le clocher de l'église, le village est ainsi quasiment invisible vu des champs de blé alentour.

     

    Une autre curiosité locale est la présence de grottes creusées dans le calcaire à usage de carrières de pierre qui servent aujourd'hui de champignonnières

      

    Afficher l'image d'origine  

    Architecture 

    Sur sa façade ouest du château de Fontaine-Henry on peut voir les différents styles employés, qui reflètent l’évolution de l’architecture en Normandie et en France.

    Le premier gothique très simple est en effet rapidement remplacé par le gothique flamboyant, puis par la première Renaissance française.

     

    Mais l’élément le plus curieux du château se trouve à gauche de cette façade.

    Afficher l'image d'origine

    On peut en effet remarquer une superposition de colonnes, qu’une inscription date précisément de 1537, ce qui semble être remarquablement précoce pour une telle réalisation.

    De plus de 15 mètres de haut, le toit qui surmonte ce bâtiment, est considéré comme le plus haut de France.

     

    Afficher l'image d'origine

    Ce château, œuvre de Jean d'Harcourt, seigneur de Fontaine-le-Henri et de son fils Pierre d'Harcourt, baron de Briouze, fut remanié aux XVIIIe et XIXe siècles sur sa façade est.

    Il est aujourd’hui entouré d’un parc à l’anglaise, classé monument historique en 1959.

    Le château, entièrement meublé, et toujours habité, abrite une remarquable collection de tableaux constituée durant la Révolution.

    Des peintures de Nicolas Mignard, Rubens, Corrège ou Titien ornent les murs des salons

     

    http://fontaine-henry.wix.com/chateaufontainehenry
    ADRESSE
    Château de Fontaine-Henry

    3 Pl du Château

    14610 FONTAINE-HENRY

    Sources WIKIPEDIA 

    photos google


    votre commentaire
  • Caen   (14)
    Les Templiers dans le bailliage de Caen
     
     
    Département: Calvados, Arrondissement et Canton: Caen - 14

     
     
    Les aléas de l'histoire font que bien des aspects de la vie des maisons du Temple en Occident nous échappent à jamais.
     
    L'étude des hommes qui se succédèrent deux siècles durant dans ces commanderies est un sujet des plus obscurs, du moins jusqu'aux abords du XIVe siècle.
     
    En effet, par une paradoxale et cruelle ironie du sort, il aura fallu attendre les tristes circonstances de « l'affaire des Templiers » et la mort programmée de l'Ordre pour que ses derniers membres quittent, pour leur malheur, le paisible anonymat dont jouissaient leurs prédécesseurs.

    Les cinq établissements du Temple installés dans les limites du bailliage de Caen, à savoir:
     

    BaugyBien du Temple à Baugy
    : Commune de Planquery, Calvados, arrondissement Bayeux, canton Balleroy
     
     
     

    : Commune de Vassy, Calvados, arrondissement Vire, chef-lieux de canton
     

    Bretteville-le-RabetBien du Temple à Bretteville-le-Rabet
    : Calvados, arrondissement Caen, canton Bretteville-sur-Laize
     
     

    VoymerBien du Temple à Voymer
    : Commune de Fontaine-le-Pin, Calvados, arrondissement Caen,
    canton Bretteville-sur-Laize
     
     
    Bien du Temple à Louvigny
    : Commune de Ferrière-la-Verrerie, Orne, arrondissement Alençon, canton Courtomer
    Bien du Temple à Fresneaux
     

    : Commune d'Aunou-sur-Orne, Orne, arrondissement Alençon, canton Sées

    — La petite maison de Louvigny, dépendant de celle de Fresneaux, ne déroge pas sur ce sujet à la règle générale.

    Les noms de Templiers relevés dans les actes concernant ces commanderies sont fort rares pour les XIIe et XIIIe siècles.
     
    Ainsi peut-on citer à titre d'exemple frère Guillaume Oeil-de-Boeuf maître de la milice du Temple « en deçà de la mer »
     
    (Frater Oculus Bovis, militiae Templi citra mare magister humilis)
     
    - c'est-à-dire en Occident - qui, à Noël 1206, concéda au chapitre de Bayeux une portion de dîme à Carcagny appartenant précédemment à la maison de Baugy.

    En juin 1226, c'est frère Guillaume Aquila, précepteur des maisons du Temple en Normandie, (Fratrem Willelmum Aquila, preceptorem domorum templi in Normannia) qui apparaît dans une affaire opposant l'abbaye d'Aunay à la maison du Temple de Courval,
     
    au sujet de deux gerbes de dîme à Vassy.

    On peut encore évoquer frère Robert Paiart, exerçant la même fonction (Frater Robertus Paiart, preceptor milicie templi in Normannia), qui est cité à plusieurs reprises entre 1258 et 1261, d'abord dans le différend opposant de nouveau
     
    l'abbaye d'Aunay à la maison de Courval, puis dans celui qui opposa le prieuré du Plessis-Grimoult aux maisons de Baugy et Bretteville-le-Rabet.

    Il faut cependant remarquer que tous ces personnages sont des dignitaires de l'Ordre, intervenant occasionnellement dans des affaires d'importance impliquant le patrimoine ou mettant en jeu des sommes d'argent conséquentes.
     
    Des simples frères demeurant alors dans les  dites maisons du bailliage de Caen, nous ne savons rien, à une exception près: dans une charte non datée, mais attribuable au milieu ou à la seconde moitié du XIIe siècle, confirmant le don des dîmes de la paroisse de Bretteville-le-Rabet au prieuré du Plessis-Grimoult, apparaît en tant que témoin un certain Ranulf templier.
     
    On peut logiquement supposer que ce Ranulf était alors précepteur de la commanderie de Bretteville-le-Rabet.

    Pour les XIIe et XIIIe siècles, notre information se limite donc à quelques noms et quelques titres, sans autres éléments pour esquisser une biographie, même sommaire.
     
    Pour accéder à un niveau supérieur de connaissance sur les frères du Temple, il faut attendre le début de l'affaire des Templiers.

    Le procès de l'Ordre du Temple qui dura plusieurs années a donné naissance, ne serait-ce que pour le royaume de France, à une documentation qui devait être considérable à l'origine.
     
    Même si celle-ci a connu d'innombrables pertes, elle n'en demeure pas moins importante, quoiqu'assez inégale selon les endroits concernés.
     
    De ce point de vue, les maisons du bailliage de Caen sont particulièrement bien servies puisque plusieurs sources documentaires sont encore existantes, cas assez exceptionnel en soi.
     
    En ce qui concerne les frères résidant dans ces commanderies, trois documents peuvent nous fournir des informations. Ce sont, en suivant l'ordre chronologique:

    — Les inventaires de mise sous séquestre des biens des commanderies du bailliage de Caen effectués par les officiers royaux le vendredi 13 octobre 1307, le jour même de l'arrestation des Templiers.

    — Le procès-verbal de l'interrogatoire des Templiers de ce même bailliage, mené à Caen les 28 et 29 octobre 1307 par les commissaires de l'Inquisiteur de France.

    — Les procès-verbaux de l'enquête de la commission pontificale qui s'est déroulée à Paris du 8 août 1309 au 5 juin 1311 (J. Michelet).

    Des trois sources utilisées, c'est sans conteste le procès-verbal de l'interrogatoire de Caen qui est le plus précieux.
     
    Nous ne souhaitons pas nous appesantir plus que nécessaire sur la première partie du procès-verbal qui relate les conditions dans lesquelles se déroula l'interrogatoire et reprend les charges qui pesaient sur l'Ordre.
     
    Les Templiers sont accusés d'être hérétiques et idolâtres — entre autres, de renier le Christ, de cracher sur la croix lors des réceptions et d'adorer des idoles — et d'avoir des pratiques obscènes et homosexuelles.

    Après avoir commencé par nier, les treize Templiers du bailliage de Caen avouèrent finalement les crimes imputés à l'Ordre.
     
    Le chevalier Gautier de Bullens contesta toutefois certaines accusations telles que celles portant sur « l'ydole fait afforme d'une teste d'omme » ou sur le sacrement de l'hostie.
     
    Seul le frère Guy Pesnee interrogé le samedi 28 octobre nia toutes ces accusations et persista dans ses dénégations après avoir subi la torture; il n'avoua que le lendemain.

    Au-delà de ces soi-disant aveux, l'interrogatoire de Caen apporte énormément à qui s'intéresse aux Templiers.
     
    En premier lieu, il nous fournit une liste complète des frères de l'Ordre résidant alors dans les cinq établissements du bailliage:
     
    ils étaient treize en tout et pour tout.
     
    Ce sont, en suivant l'ordre adopté par le procès-verbal:
     
     

    Le chevalier Gautier de Bullens, de la maison de Voymer,
    — Matieu Renaut, commandeur de Bretteville-le-Rabet,
    Etienne de Noefcastel, commandeur de Courval,
    — Giefroi Hervieu de Bretteville,
    — Jehan Challet, de Bretteville,
    — Guillaume le Raure, de Baugy,
    — Richard Bellenguel de Courval,
    — Guillain Tone, de Courval,
    — Henri de Rothours, de Voymer,
    — Aubin Lenglois, commandeur de Baugy,
    — Christofle de Loviers, de Voymer,
    — Raoul de Perrousel, de Baugy,
    — Guy Pesnee, de Louvigny.

    Les autres renseignements portent sur le statut dans l'Ordre de chacun d'entre eux - chevalier, sergent ou prêtre -, le diocèse d'origine, le lieu de réception ainsi que l'identité du frère qui y procéda, et le nombre d'années passées dans l'Ordre.
     
    Ces informations ont servi de base à l'élaboration de notices biographiques, qui ont été présentées sous forme d'un tableau de synthèse.
     
    Ces données ont pu être vérifiées et complétées ponctuellement par confrontation avec les deux autres sources citées précédemment.

    A l'issue de la lecture de ces notices, un commentaire s'impose.
     
    La première remarque qui se dégage concerne les effectifs des maisons du Temple: ceux-ci paraissent très faibles.
     
    On compte, en effet, treize Templiers en tout et pour tout, répartis dans nos cinq établissements.
     
    Le frère Guy Pesnee demeurait seul à Louvigny, petite dépendance de la maison de Fresneaux et les autres commanderies abritaient chacune trois frères, même celle de Bretteville-le-Rabet qui occupait pourtant, semble-t-il, le deuxième rang des commanderies normandes après Saint-Etienne-de-Renneville.

    Cette modicité des effectifs ne signifie pas cependant que les biens de l'Ordre étaient sous gérés car chaque établissement abritait une domesticité fort importante, comme en témoignent les inventaires établis le 13 octobre 1307.

    A Baugy, du chapelain au gardien des oies, la maisonnée regroupait vingt-sept personnes en plus des trois frères et les maisons de Bretteville et de Courval comptaient au moins treize domestiques chacune.

    La remarque suivante porte sur le caractère local du recrutement:
    Les frères de nos commanderies étaient très majoritairement originaires de Normandie, neuf sur treize plus précisément (soit 70 %).

    — Matieu Renaut,
    — Henri de Rothours,
    — Aubin Lenglois et
    — Chritofle de Loviers.

    Tous quatre originaires du diocèse d'Evreux, furent reçus dans la chapelle de Renneville, maison principale de la préceptorie de Normandie, de même qu'Etienne de Noefcastel, Richard Bellenguel et Guy Pesnee, venant, eux, du diocèse de Rouen.

    Quant à Giefroi Hervieu et Guillain Tone, originaires du diocèse de Bayeux, ils furent, pour leur part, reçus à Bretteville.

    A la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, les réceptions ne semblent plus se dérouler ailleurs que dans ces deux commanderies, alors que la préceptorie de Normandie compte environ douze établissements.

    L'indication du nombre d'années passées dans l'Ordre par chacun de nos Templiers permet par déduction de connaître l'année de la réception, mais nous n'avons qu'une seule indication de date précise: le témoignage de Mathieu de Cresson Essart (J. Michelet, Procès des Templiers) nous apprend que Gautier de Bullens fut reçu à Paris le die martis post festum apostolorum Pétri et Pauli (le 29 juin 1294).

    Nous connaissons en outre les dates de réception de quelques autres Templiers d'origine normande: furent reçus à Renneville:
    — Guillaume Bonchel, circa instans festum Nativitatis beati Johannis Baptiste, erunt XII anni vel circa (24 juin 1299),
    — Pierre Agate, neveu de Philippe Agate, in vigilia Symonis et Jude apostolorum, fuerunt decem anni vel circa (28 octobre 1301),
    — Raoul Louvet, fuerat [in ordine] nisi per llllor menses ante captionem eorum (juin 1307),
    — Thomas Quentin, reçu lui à Bretteville, circa instans festum beati Johannes, erunt X anni vel circa (30 juin 1301).
    — Les indications sont peu nombreuses, mais il semble tout de même que juin soit un moment privilégié.
    (Le Procès des Templiers, tome 2, pages 26-28, et pages 191-198, tome 1, pages 554-556).

    Le privilège de recevoir les postulants revenait le plus souvent à un dignitaire de l'Ordre, généralement au précepteur de la province: à Renneville, deux frères furent reçus par Girart de Villers, maître de France. (Le Procès-verbal de Caen cite également un « Richard de Villers »: il faut y voir une confusion de prénoms. Consulter E.G. LEONARD, Gallicarum militiae templi domorum, Introduction au cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317) constitué par le marquis d'Albon, suivie d'un tableau des maisons françaises du Temple et de leurs précepteurs, Paris, Librairie Champion, 1930, page 115).

    Mais la majorité le fut par frère Philippe Agate, qui exerça successivement, ou conjointement, les fonctions de commandeur de Renneville, de précepteur de Normandie, puis en 1307, de commandeur de Sainte-Vaubourg.
    (Sur Philippe Agate, voir Introduction au cartulaire manuscrit du Temple..., pages 116, 118 et 119)

    La plupart des Templiers du bailliage de Caen n'avaient donc jamais quitté leur région d'origine, voire la commanderie où ils avaient été reçus. Aubin Langlois, reçu à Renneville vers l'année 1283 était déjà commandeur de Baugy vers 1299 (J. Michelet, Procès des Templiers);
    Mathieu Renaut, reçu, lui, à Bretteville-le-Rabet aux environs de 1297, y était toujours vers 1301 (J. Michelet, Procès des Templiers); quand il assista à la réception de Thomas Quentin et, en 1307, il était commandeur de la maison.

    Cette stabilité des effectifs était de fait nécessaire à une gestion efficace du patrimoine de l'Ordre, qui se constituait principalement de grosses exploitations agricoles.

    Nos Templiers normands n'étaient assurément pas des guerriers attendant un départ de plus en plus hypothétique pour la Terre Sainte, mais d'efficaces administrateurs.

    Cette transition nous amène au point suivant concernant le statut des frères de nos commanderies.
     
    En effet, à l'encontre de l'image bien implantée dans l'inconscient collectif qui représente le Templier comme un chevalier vêtu d'un manteau blanc frappé d'une croix vermeille, chevauchant en armes et toujours prêts à combattre, on constate que la très grande majorité des frères du Temple sont des sergents.
     
    Parmi nos treize Templiers, seul Gautier de Bullens se dit chevalier: tous les autres sont frères sergents !

    Michel Miguet qui a pu recenser vingt-cinq Templiers pour toute la préceptorie de Normandie au début du XIVe siècle aboutit aux mêmes constatations en comptant pour sa part vingt-deux frères sergents, soit 88 % de l'effectif, deux chevaliers, soit 8 %, et un seul prêtre, soit 4 %.
     
    De même, l'étude des dépositions des Templiers des diocèses de Clermont et de Limoges a donné des résultats équivalents: sur un effectif de soixante-six, on a trouvé cinquante frères sergents (75,8 %), neuf chevaliers (13,6 %)
    et sept prêtres (10,6 %).
     
    Les frères chapelains sont encore moins nombreux que les chevaliers.

    De fait, l'Ordre avait souvent recours au recrutement extérieur pour desservir ses chapelles: les inventaires des maisons du bailliage de Caen
    signalent que le 13 octobre 1307 le chapelain de la commanderie de Baugy était Monseigneur Guillaume Duredent et celui de Bretteville Monseigneur Guillebert.
     
    A Courval, on signale également un chapelain mais sans le nommer.
     
    Aucun de ces trois hommes n'était frère du Temple et ils ne furent nullement inquiétés le jour de l'arrestation.
     
    Quant au faible effectif de chevaliers, il s'explique en partie par la disparition d'un grand nombre de combattants au Proche-Orient dans les années qui précédèrent la perte du Royaume latin de Jérusalem, mais il est aussi le reflet d'une désaffection certaine de l'aristocratie pour l'idée de croisade en général et l'Ordre du Temple, de plus en plus critiqué, en particulier.

    Les historiens du Temple voient dans la faiblesse du recrutement d'origine aristocratique une des causes du déclin de l'Ordre, tant au niveau spirituel qu'intellectuel, car les frères sergents remplaçaient de plus en plus fréquemment les chevaliers à la tête des commanderies et même des préceptories.
     
    Nous avons pu constater pour notre part que Matieu Renaut, Etienne de Noefcastel et Aubin Lenglois, commandeurs respectifs des maisons de Baugy, Bretteville et Courval étaient effectivement frères sergents, et que le chevalier Gautier de Bullens, pour sa part, n'était pas commandeur: le procès verbal des interrogatoires de Caen le désigne comme « compaignon de la maison deu Temple de Vaymer. »
     
    Il est par ailleurs établi que Philippe Agate, dignitaire de l'Ordre évoqué précédemment, était lui-même frère sergent.

    Pour autant, faut-il en déduire que l'ordre était irrémédiablement en crise ?
    Nous n'avons somme toute que peu de renseignements sur les époques antérieures et donc peu de points de comparaison.
     
    Après tout, les commanderies d'Occident n'avaient rien de commun avec les « casernes » du front, regroupant plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de combattants.
    Dans les premières, les frères étaient en petit nombre et ils ne menaient sûrement pas d'activités guerrières.

    On peut légitimement penser qu'en Occident on avait le plus souvent affaire, en dehors des chapelains, à des frères sergents plutôt qu'à des chevaliers.
    Les frères ayant des dispositions pour le combat étaient envoyés rapidement en Terre sainte, surtout dans les années qui précèdent sa perte définitive, tandis que ceux qui présentaient des dispositions pour la gestion du patrimoine restaient sur place.

    La perte de la Terre Sainte en 1291 et le repli sur Chypre ou l'Occident n'a peut-être pas eu une si grande incidence sur l'organisation des maisons rurales.
     
    De plus, jusqu'à ses dernières années d'existence, l'Ordre du Temple attirait encore des vocations, même si elles étaient relativement peu nombreuses.
     
    Sept membres de notre groupe de Templiers, soit la majorité, avaient été reçus dans l'Ordre après 1291, dont trois après 1300:
    ce sont les frères Giefroi Hervieu, Guillain Tone et Guy Pesnee.
     
    Si l'aristocratie boudait l'Ordre du Temple, ce n'était certes pas le cas de toutes les classes de la société !

    Qu'advint-il des Templiers de Caen après l'interrogatoire des 28 et 29 octobre 1307 ?
    Pour répondre à cette question, nous avons fait appel à un second document: le texte de l'enquête de la commission pontificale.

    La mission de cette commission était de convoquer tous les témoins aptes à déposer contradictoirement sur l'ordre du Temple, en sa faveur ou contre lui, de les interroger et de tenir un procès-verbal de ces dépositions.
     
    Elle devait siéger dans les limites de la province ecclésiastique de Sens où la plupart des Templiers se trouvaient incarcérés.
     
    De fait, elle se tint à Paris, capitale du royaume, dont l'évêché dépendait de la métropole sénonaise.
     
    Les travaux de la commission durèrent d'août 1309 à juin 1311.
    Environ 550 témoins, la plupart amenés de province, se présentèrent et la majorité d'entre eux voulaient défendre l'Ordre.
     
    Finalement deux cent trente-et-un témoins furent entendus par les commissaires du 11 avril 1310 au 5 juin 1311, date de clôture de l'enquête.

    L'exemplaire original sur parchemin du procès-verbal fut transmis au Pape en vue de la préparation du concile de Vienne et la copie sur papier, conservée à Paris, finit par aboutir en 1793 à la Bibliothèque nationale.
    Entre 1841 et 1851, ce texte a fait l'objet d'une publication intégrale par Michelet sous le titre de Procès des Templiers.
     

    Cette édition demeure le document de travail de référence pour qui s'intéresse à la question, bien que la publication, préparée un peu hâtivement, ne soit pas irréprochable dans le détail.
     
    Le texte n'a pas été annoté et aucune table des matières n'a été dressée; par contre, un index des noms de lieux et de personnes a été établi, ce qui peut s'avérer pratique.
     
    Ajoutons que le procès-verbal était rédigé, comme il se doit, en latin, ce qui peut poser problème à la nouvelle génération d'historiens dont la formation présente généralement quelques lacunes en la matière.

    Pour se repérer, il semble donc indispensable d'avoir recours à l'excellent ouvrage de Raymond Oursel qui traduit et commente de longs passages du texte et qui donne, dans sa table des matières, les concordances avec les pages de l'édition Michelet.

    Cette longue mise au point avait pour but de signaler les difficultés qui se sont présentées quand il s'est agi de retrouver la trace des treize Templiers du bailliage de Caen dans ce texte, ô combien rébarbatif.
     
    Et finalement, c'est grâce à l'utilisation de l'index que nous avons repéré laborieusement cinq passages où il est fait mention de ces derniers.

    Le 26 février 1310, cinquante-huit Templiers amenés de Gisors comparurent devant la commission pontificale; parmi eux se trouvaient assurément onze, probablement douze, des treize Templiers de Caen.
     
    Tous acceptèrent de défendre l'Ordre.
     
    Ce sont: Galtherus de Bullens, chevalier, du diocèse d'Amiens:
    — Stephanus de Novocastello, Ricardus Berlengue et Guido de Panaia, du diocèse de Rouen,
    — Anricus des Recors, Matheus Renaudi, Audinus Anglici et
    Christophorus de Locaveris, du diocèse d'Evreux,
     

    — Gilanus Toe et Guaufredus Cruci, du diocèse de Bayeux,
    — Johannes Barbonna, du diocèse de Troyes et
    — Radulphus de Perosello, du diocèse d'Amiens.

    L'identification n'allait pas de soi car ces noms diffèrent assez sensiblement de la graphie utilisée dans le procès-verbal de l'interrogatoire de Caen.
     
    La plupart des différences sont imputables à des latinisations plus ou moins approximatives, mais on note également des erreurs de prénoms assez fréquentes, ainsi qu'une erreur de transcription moderne (cruci pour ervei) qui n'aura pas échappé aux personnes ayant quelques notions de paléographie.
     
    Avec de la patience et un peu d'imagination, on peut, par recoupement d'informations, s'assurer de l'identification.

    Le 28 mars 1310, les commissaires firent comparaître l'ensemble des Templiers qui acceptaient de défendre l'Ordre, afin qu'ils choisissent parmi eux des procureurs. Parmi les cinq-cent-cinquante Templiers présents, ou environ, nous relevons à nouveau la présence de dix de nos Templiers.

    Entre les deux séances, Jehan Challet et Christophe de Loviers ont quitté notre horizon, tout comme Guillaume le Raure a disparu entre Caen et Paris.
     
     
    Qu'est-il advenu des ces derniers ?
     

    Ont-ils finalement renoncé à défendre l'Ordre, se sont-ils enfuis, ou bien sont-ils décédés ?

    Cette dernière hypothèse est malheureusement la plus vraisemblable: lors des interrogatoires, plusieurs frères se plaignirent aux commissaires des conditions d'incarcération ainsi que des mauvais traitements qu'ils avaient subis.
     
    Depuis 1307, plusieurs étaient déjà morts en prison et on peut supposer que les frères les plus âgés furent parmi les premiers à partir.
     
    Christophe de Loviers et Guillaume le Raure, reçus tous deux en 1282 ou 1283, avaient probablement dépassé la cinquantaine, sachant que les impétrants avaient généralement entre vingt et trente ans.

    A la suite de cette séance plénière du 28 mars 1310, les interrogatoires individuels commencèrent. Aucun Templier de Caen ne témoigna, malheureusement, devant la commission; les rares informations supplémentaires ont donc été recueillies indirectement dans les dépositions d'autres frères.

    Le témoignage le plus intéressant est celui de Mathieu de Cresson Essart, sergent, originaire du diocèse de Beauvais et précepteur de la maison de Beylleval dans le diocèse d'Amiens.

    Il fut reçu à Paris en 1293 ou 1294 en même temps que le chevalier Gautier de Bullens, du diocèse d'Amiens, lequel Gautier « fuit combustus Parisius », selon ses dires. Gautier de Bullens fut donc victime de ce que Raymond Oursel nomme « le coup du 12 mai. »
     
    En effet, le 12 mai 1310, cinquante-quatre Templiers qui s'étaient offerts à la défense de l'Ordre et étaient donc revenus sur leurs premiers aveux, furent condamnés à être brûlés vifs comme relaps le jour même.

    Ces Templiers étaient « ratione personnae » justifiables des tribunaux spéciaux de la province ecclésiastique de Sens, et l'archevêque qui venait d'être nommé - à savoir Philippe de Marigny, frère d'Enguer-ran de Marigny - s'était hâté de conclure les enquêtes, dans un sens propre à satisfaire le roi.
     
    Malgré les protestations des commissaires pontificaux, la sentence fut exécutée et ce bûcher ne fut que le premier d'une série qui devait se continuer les jours suivants.

    Les informations extraites de deux autres interrogatoires, ceux de Thomas Quentin et Guillaume Bonchel, sont encore plus laconiques que la première, mais elles ont le mérite de nous fixer une fois pour toutes sur le sort de Mathieu Renaut et d'Aubin Lenglois: ils sont tous deux décédés, mais les circonstances de leur mort ne sont pas précisées.
     
    Peut-être ont-ils péri eux-aussi sur les bûchers de mai 1310 ?

    Il ne semble pas innocent que les seuls Templiers dont nous ayons confirmation du décès soient justement deux commandeurs ainsi que le seul chevalier de notre groupe de Caen.
     
    Plutôt que le fruit du hasard, ne faudrait-il pas y voir la marque d'une volonté délibérée d'éliminer toute velléité de combat de la part des défenseurs de l'Ordre en éliminant ceux en qui pouvait s'incarner l'esprit de résistance ?
     

    Il n'est d'ailleurs pas non plus anodin que, lors de l'interrogatoire à Caen, le chevalier Gautier de Bullens ait été interrogé en premier, suivi des commandeurs de Bretteville et de Courval, les aveux des plus « fortes personnalités » entraînant généralement ceux des autres.

    A l'issue de cette étude, l'image finale que nous gardons des derniers Templiers du bailliage de Caen est celle d'humbles frères sergents, administrateurs et frères de métiers dont la tâche était de faire fructifier le patrimoine de l'Ordre, sans grand souci d'activités militaires.

    Certains parmi eux avaient-ils même porté les armes et s'étaient-ils rendus en Orient ?
    Rien n'est moins sûr. Pour la plupart, le destin ne les avait jamais entraînés au-delà de la limite de leur province, pour certains même, des murs de leur commanderie d'origine. Leur arrestation et l'accusation dont l'Ordre du Temple fut subitement l'objet ne pouvaient que les prendre au dépourvu.
     
    Dans l'épreuve, peu résistèrent aussi héroïquement que le frère Guy Pesnee mais le premier choc passé, tous trouvèrent suffisamment de courage pour venir défendre l'Ordre à Paris, au péril de leur vie.
     
    Certain comme le chevalier Gauthier de Bullens et peut-être les
    frères Matieu Renaut et Aubin Lengloi, se comportèrent plus que dignement, en mourant sur le bûcher.
     
     

    Melle Anne Gilbert-Dony - Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie - Tome LXII, années 1994-1997 - Caen

    Les interrogatoires en vieux François

    Examination faite le jour de samedi en la feste as sains apostres Cymon et Jude l'an de grâce mil. CCC. et sept pour partie et le diemenche prouchain ensuiant ensement pour partie des frères de la maison deu Temple de la baillie de Caen sur les articles de lour erreurs seelees deu contreseel notre seignor le roi, les quiex articles sont tex.

    Cest assavoir, cil qui sont premièrement receu requièrent le pain et l'eaue de l'ordre et puis le commandeour, ou le maistre qui le receoit le meine secreement derrière l'autel ou en revestiare ou aillors en secret et monstre la crois et la figure de nostre seignor jhesu crist et il fait renier le prophète, c'est assavoir nostre seignor jhesu crist de qui celé figure est, par trois fois et par trois crachier sur la crois, puis le fait despoillier de sa robe et cil qu'il le receoit le baise en bout de l'eschine sous le braeul puis en nombral et puis en bouche et li dit que se aucun frère voult gésir charnelment alui que il le seuffre quer il le doit et est tenu a souffrir selonc le statut de l'ordre, et que pluseurs dels pour cen par manière de sodomie que sont l'un oveques l'autre charnelment.

    Et ceint l'un chascun quant il est receuz d'une cordele sur lour chemise et la doit le frère touz jours porte sur soi tant comme il vivra, et entent que ces cordeles ont ete touchies et mises entour un ydole qui est en forme d'une teste d'omme a une grant barbe, laquele teste il baisent et aoureent en lour chapitres [...] nos et ne sont pas tint li frères fors li grant maistre et li avoient.

    Item les prestres de l'ordre ne sacrent pas sur l'autel le corps nostre seignor ihesu crist.

    Laquelle examination fut faite par nous frères Robert souprior, Michel Chouquet lectour, Roger d'Argences et lohan de Margny deu couvent des frères preechours de Caen selonc la forme de la commission sur ceu faite de religieus homme frère Guillaume de Paris, chapelain notre père le pappe, confessour notre sire le roi de France et inquisiteur députe d'iceli nostre père le pappe en roiaume de France de la mauvestie de hérésie et par nous: Hugues de Chastel et Enguerran de Villers, chevaliers notre sire le roi, députez d'icelui seignor quant a ceu, si comme il apparessoit par ses lettres, presenz a ceste examination les tesmoings, des quiex les nons s'ensuivent. Cest assavoir:
    monseignor Richard de Breteville chevalier, maistre Robert de Caudebeq clerq notre sire le roi, monsseignor lohan chapelain deu dit monsseignor Hugues, lohan deu Chastel clerq, Raoul Gloi, Thomas deu Toil clerq de la visconte de Caen, Henri Campion, Richart le Tumbeour sergent notre sire le roi, et pluseurs autres.

    Et pour cen que nous ne povions traire vérité des diz Templiers sur les erreurs contenus es diz articles, ja soit ceu que il avoient jure par deux fois et este examinez le plus diligemment que nous povions, nous: souppriour, lectour, Roger et lohan desus diz en la présence de nous, les diz Hugues et Eugerran pour ten que iceus Templiers avoient tout mis en nie, lour monsstrasmez singulièrement et a chascun par soi pluseurs raisons et pluseurs voies, par quoi eus povoient avoir sauvement deu corps et de l'âme, se eus vouloient vérité recognoistre et soi repentir des erreurs et retorner a la foi et l'unité de sainte église, et comme sainte église recevoit ceus, qui avoient erre et vouloient retorner a la foi, et lour promeismez a les recevoir a la miséricorde de sainte église, se einsi le vouloient fere; et nous Hugues et Engerran desus diz ensement lour promeismez a quitier toute peine temporel, dont notre seignor le roi les porroit punir de celx erreurs, et meesmement, pour plus mouvoir les, quant a traire vérité dels, lour deismez et monstrasmez, comme il estoit chose notoire et manifeste, que la graignor partie des Templiers deu roiaume de France avoient cogneu et confesse les erreurs et que les oviations et les deffenses proposées de lour partie en contraire n'estoit chose qui lour peust valoir, et que, se eus se parjuraient terche fois, bien si gardassent, que il lour convendroit souffrir tel peine, comme le cas requiert.

    Et ceu fait nous alasmez avant a l'examination sur les articles desus diz et oismez les diz Templiers singulièrement l'un après l'autre, et déposèrent sur les diz articles en la manière que il apparet par lour dépositions si dedenz escriptes, et furent les diz Templiers examinez en la sale deu petit chastel de Caen le samedi et le diemenche desus diz en la présence des diz tesmoingz, et a confirmation de vérité, nous souppriour, lectour, frères Roger et lohan devant nommez avons mis nos seaux a cest procès oveques les seaux des diz Hugues et Engerran presenz as chose ci dedenz escriptes.

    Frère Gautier de Bullens, chevalier nei de l'eveschie d'Amiens, compaignon de la maison deu Temple de Vaymer, receu et vestu a Paris par frère Hugues de Peraut chevalier, lequel frère Gautier a este en l'ordre l'espace de XIII anz ou environ, si comme il disoit, qui avoit jure par deux fois et este examine diligemment sur les articles dessus diz, les quiex il avoit touz mis en nie, requis, demande et examine derrechef sur les diz articles cognut et confessa touz les erreurs, excepte l'ydole fait afforme d'une teste d'omme, le quel il disoit que il n'avoit onques veu ne aoure ne riens n'en savoit. Et deu sacrement de l'autel disoit, que il creoit que les chapelains deu Temple sacraient le corps notre seignour sur l'autel comme bons crestions, ne ne savoit pas le contraire. Et est bien voir, que il avoit autre fois confesse, que il avoit este chaint, quant il fut vestu, d'une cordele sur sa chemise, en signe de chastee, et disoit, que il ne faisoit nule mauvestie, ne que elle eust ete touchie a l'ydole.

    Et des erreurs que il confessoit, se repentoit, si comme il disoit et retornoit a la foi et a l'unité de sainte iglise et requeroit a nous soupprior, lectour, Roger et lohan desus diz la miséricorde de l'église et a nous les diz Hugues et Engerran remission de peine temporel, les quiex choses le furent de nous otreiees.
    — Frère Matieu Renaut, commandoour de la maison deu Temple de Breteville la Rabel, recheu et vestu par frère Philippe, lors commandeour de Reneville, a présent commandeour Sainte Waubourg, a este en l'ordre l'espace de x anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Estienne deu Noef Castel, commandoour de la maison deu Temple de Court Val, receu et vestu a Saint Estienne de Reneville, par frère Girart de Villers, lors mestre de France, et a este en l'ordre environ sis anz, si comme il disoit.
    — Frère Giefroi Hervieu, compaignon de la maison de Breteville, receu et vestu a Breteville par le dit frère Philippe et a este en l'ordre III anz aura a la mi caresme prochain, si comme il disoit.
    — Frère lehan Challet, compaignon de la maison de Breteville, receu et vestu a Barbonne, par frère Robert, commadeour de Barbonne, et a este en l'ordre XVII anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Guillaume le Raure, compaignon de Baugie, receu et vestu a Fontenoi jouste Sablies (Fontenay-près-de-Chablis, yonne, arr, Auxerre, canton de Chablis) par frère Guillaume de Trees, commandeour de Fontenoi et a este en l'ordre XXIII anz ou XXV ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Richard Bellenguel, compaignon de la maison de Court Val, vestu et receu par frère Aimere, lors commandeour de Reneville, a este en l'ordre XVI anz, si comme il disoit.
    — Frère Guillain Tone, compaignon de Court Val, vestu et receu par le dit frère Philipe a Breteville, a este en l'ordre IIII anz, si comme il disoit.
    — Frère Henri de Rothours, compaignon de Vaymer, receu et vestu a Reneville, par le dit frère Philipe, et a este en l'ordre IX anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Aubin Lenglois, commandeour de Baugie, receu et vestu par le dit frère Aimere, et a este en l'ordre XXIII anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Christofle de Loviers, compaignon de Vaymer, receu et vestu a Reneville par le dit frère Aimere, et a este en l'ordre XXV anz ou environ, si comme il disoit.
    — Frère Raoul de Perrousel, compaignon a Baugie, receu et vestu a Dole par frère Richard de Bonteycourt, lors commandeour de Bourgoigne, et a este en l'ordre XXII anz, si comme il disoit.

    Les quiex avoient jure par deux fois et este examinez diligemment sur les articles desus diz singulierement, les quiex articles eus avoient nie a plein, requis, demandez et examinez chascun par soi derrechief sur les diz articles cognurent et confessèrent les erreurs contenus es diz articles en la forme et en la manière que le dit frère Gautier, quant a vray entendement et a sentence, et des erreurs que il confessoient se repentoient, si comme il disoient, et retornoient a la foi et a l'unité de sainte église, requeranz a nous soupprior, lectour, Roger et Tohan desus diz la miséricorde de sainte église et a nous les diz Hugues et Engerran [remission] de peine temporel, les quiex choses lour furent otriees.

    Frère Guy Pesnee, demorant a la maison deu Temple de Louvigny tout soul receu et vestu par frère Richard de Villers, lors commandeour de France, et a este en l'ordre environ VI anz, si comme il disoit, le quel avoit este jure par deux fois et este examine diligenment sur les articles desus diz; les quiex articles il avoit nie, mis en gehine le samedi desus diz, en laquele gehine il ne vout riens confesser, en lendemain requis, demande et examine sur les diz articles confessa les erreurs en la manière que il avoient este confesse des autres desus diz quant a sentence et a vrai entendement requérant a nous souppriour, lectour, Roger et lohan desus diz miséricorde, et a nous les diz Hugues et Enguerran remission de peine temporel, la quele chose lui fut otriee.
     

    Sources: Anne Gilbert-Dony - Bulletin de la
    Société des Antiquaires de Normandie
    - Tome LXII, années 1994-1997 - Caen

    Maison du Temple de Caen
     

    Des historiens recommandables, Huet et l'abbé de la Rue, qui se sont occupés des antiquités de Caen, ne sont pas d'accord sur la question de savoir s'il y avait autrefois dans cette ville une maison de l'Ordre du Temple.

    Huet dit que l'hôtel des Templiers était situé dans la rue de Bernières allant au Pont-St-Pierre.
    Mais l'abbé de la Rue observe qu'en 1307, lors de l'arrestation des Templiers dans leurs maisons du bailliage de Caen, aucun d'eux ne fut arrêté dans la ville, par la bonne raison qu'ils n'y résidaient pas et qu'ils n'y avaient pas de maison.

    Cependant l'abbé de la Rue dit, dans une autre partie de son ouvrage, que du côté du Pont-Saint-Pierre, dans la rue des Quais, il y avait autrefois deux, jeux de paume, qu'on appelait le Grand et le Petit-Roch, du nom de leur propriétaire. Il ajoute que celui qui se trouvait entre la rue Guilbert et la rue des Cordes, était nommé beaucoup plus anciennement le Temple, et que dans le cartulaire de l'église Saint-Pierre, on trouve sous la date de l'année 1467 cette mention: « Maison et place du Temple sur la rive, appartenant à Jacques Dallon, curé de Langrune. »

    Ces mots indiquent suffisamment que c'était là l'ancienne demeure des Templiers. Cette maison, il est vrai, pouvait n'être plus occupée par eux en 1307, lors de leur arrestation, mais il n'est pas moins certain que les Templiers de Bretteville l'habitaient de temps à autre au siècle précédent.
     
    Elle leur avait été donnée vers le milieu du XIIIe siècle, par une noble demoiselle, du nom de Péronne, fille d'Asselin le Merchier.
     
    Nous avons trouvé la charte du mois de juillet 1266, par laquelle la noble demoiselle reconnaissait avoir abandonné aux frères de la chevalerie du Temple, demeurant à Bretteville-le-Rabet, « apucl Bretainvillam la rabel », sa maison située à Caen, « apud Cadonum », dans la paroisse Saint-Pierre de Darnetal, rue Basse, « in bassa rua », et tenue des frères du Temple au cens de 42 sols tournois par an, dans laquelle maison, est-il dit, les Templiers avaient coutume de manger et de loger, lorsqu'ils devaient, pour leurs affaires ou pour toute autre cause, séjourner en ville.
    Cette donation portait pour condition, que Péronne recevrait des Templiers, tout ce qui serait nécessaire à sa subsistance, et qu'on le lui ferait porter chaque jour dans celle de ses maisons de Caen qu'elle jugerait à propos d'habiter.

    Outre leur maison dans la ville, les Templiers en possédaient une autre en dehors, au hameau de la Folie.
     
    C'était une petite métairie avec une dizaine de vergées de terre, longeant la route royale, et qu'on a appelées depuis le Champ du Temple.

    Les Hospitaliers fieffèrent en 1413 ce petit domaine, et le donnèrent en arrentement perpétuel à un nommé Paul de Bailly, bourgeois de Caen, moyennant une redevance de 24 boisseaux de froment et de 40 sols tournois par an.
     


    Ils arrentérent également vers la même époque, l'ancienne maison du Temple, que le curé de Langrune, comme nous l'avons vu, tenait d'eux en 1467.

    Ils possédaient des cens dans la ville, notamment sur des maisons rue Basse-Saint-Pierre, et sur des terres au Mont-Petoux.
     
    Ils avaient le patronage de l'église de Saint-Julien que les Templiers leur avait laissé avec la collation de la cure.

    D'après l'abbé de la Rue, le commandeur de Bretteville avait toute la police épiscopale de cette église, droit de visite, etc., comme dépendante de l'Ordre de Malte. Le curé prenait le titre de prieur ou de curé commandataire.
     
    Enfin, lorsque l'Ordre de Malte recevait à Caen les voeux de quelque chevalier, c'était toujours dans cette église que la cérémonie avait lieu.

    Au commencement du XVIIe siècle, le chevalier Pierre de Caen, commandeur de Bretteville, voulut rétablir dans l'église de Saint-Julien, une charité qui avait été supprimée au temps des guerres, et dont il fit renouveler les règles et statuts.

     
     
    Cette charité devait se composer d'un échevin, d'un prévôt, d'un sous-prévôt et de douze frères servants.
     
     
    Pour y être admis, il fallait jurer d'être né de légitime mariage, d'être sain de corps et d'esprit, de condition libre et non serf, sans être sujet à un état de gêne ou de pauvreté qui empêchât le service à la dite charité.

    Le frère servant devait obéissance à l'échevin, au prévôt, au sous-prévôt et au curé pour tout ce qui regardait la charité.
     
    A la première désobéissance, il était mis à l'amende de cinq sols; à la seconde, il se trouvait suspendu de ses fonctions par le curé pendant trois mois; à la troisième, il était révoqué.
     

    Des frères et sueurs non servants pouvaient, par dévotion, se faire recevoir à la charité, moyennant de payer une somme de trente sols, lors de leur admission.

    Les échevin, prévôt, sous-prévôt et frères servants étaient tenus, lorsqu'il y avait quelqu'un de la charité malade, de le visiter deux fois par semaine s'il était frère servant, et une fois seulement lorsqu'il était frère ou sueur non servant.
     
    C'était là le but de celte société.

    Un règlement était fait pour les funérailles des membres de la charité, ainsi que pour les messes auxquelles ils devaient assister dans l'année.
     
    Ce règlement se terminait ainsi:
     
    Si quelqu'un ou plusieurs des frères servants ou non servants, échevin, prévôt, sous-prévôt, meuz de dévotion, veule pérégrincr pour visiter les lieux saints,
    Saint-Jacques en Galilée et Jérusalem, lesdits échevin, prevost, sous-prevost et douze frères servants avec le clerc, seront tenus et obligez le conduire hors le terroir de la paroisse du pèlerin, environ un quart de lieue avec croix et bannière; et avant son département, sera chantée une messe à none du Saint-Esprit dans telle église de Caen; à laquelle messe assistera le pèlerin avec les eschevin, prevost et frères servants. Cette charité existait encore à la fin du XVIIe siècle.
     

    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

     
    Eglise Saint-Julien à Caen
     

    La petite église Saint-Julien, à l'extrémité de la promenade, ressemble plutôt à une église de campagne qu'à une église de ville, et n'offre qu'un intérêt très minime.
    L'apside à pans coupés avec des contreforts appliqués sur la jonction des pans, les moulures du portail, enfin tout ce qui offre un peu de caractère dans l'édifice annonce le XVe siècle peut-être de la deuxième moitié.
     

    La tour centrale, d'une forme disgracieuse est plus moderne.
    Les templiers avaient possédé le patronage de Saint-Julien presque dès l'origine de leur ordre, c'est-à-dire peu après l'année 1118 après leur suppression en 1312 elle appartint à l'ordre de Malte.

    L'abbé De La Rue rapporte que lorsque l'ordre de Malte recevait à Caen les voeux de quelque chevalier, la cérémonie avait lieu à Saint-Julien.
     
     
    Il y avait à Saint-Julien un curé qui prenait le titre de prieur,
    un vicaire et deux obitiers.
     

    Sources: Bulletin monumental, publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques; et dirigé par M. de Caumon. Tome 8, page 165. Paris 1842.

     

     

     

    http://www.templedeparis.fr/armarium/documents-d-archives/

    http://www.templedeparis.fr/armarium/le-rouleau-d-interrogatoire-des-templiers-de-paris/

    http://www.templiers.net/departements/index.php?page=14

     

     

    http://www.templedeparis.fr/armarium/le-rouleau-d-interrogatoire-des-templiers-de-paris/

     

     

     


    votre commentaire
  • Afficher l'image d'origine

    NON NOBIS DOMINE NON NOBIS SED NOMINI TUO DA GLORIAM

    « ORDRE DES TEMPLIERS, CHEVALERIE ET VALEURS DE FRANCE »

    Des soldats du Christ.

    883014099.jpgDes soldats du Christ. 

    4. Mais les soldats du Christ combattent en pleine sécurité ales combats de leur Seigneur, car ils n’ont point à craindre d’offenser Dieu en tuant un ennemi et ils ne courent aucun danger, s’ils sont tués eux-mêmes, puisque c’est pour Jésus-Christ qu’ils donnent ou reçoivent le coup de la mort, et que, non-seulement ils n’offensent point Dieu, mais encore, ils s’acquièrent une grande gloire: en effet, s’ils tuent, c’est pour le Seigneur, et s’ils sont tués, le Seigneur est pour eux; mais si la mort de l’ennemi le venge et lui est agréable, il lui est bien plus agréable encore de se donner à son soldat pour le consoler.

     

    Ainsi le chevalier du Christ donne la mort en pleine sécurité et la reçoit dans une sécurité plus grande encore.

     

    Ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée; il est le ministre de Dieu, et il l’a reçue pour exécuter ses vengeances, en punissant ceux qui font de mauvaises actions et en récompensant ceux qui en font de bonnes.

     

    Lors donc qu’il tue un malfaiteur, il n’est point homicide mais malicide, si je puis m’exprimer ainsi ; il exécute à la lettre les vengeances du Christ sur ceux qui font le mal, et s’acquiert le titre de défenseur des chrétiens.

     

    Vient-il à succomber lui-même, on ne peut dire qu’il a. péri, au contraire, il s’est sauvé.

    La mort qu’il donne est le profit de Jésus-Christ, et celle qu’il reçoit, le sien propre.

     

    Le chrétien se fait gloire de la mort d’un païen, parce que le Christ lui-même en est glorifié, mais dans la mort d’un chrétien la libéralité du Roi du ciel se montre à découvert,-puisqu’il ne tire son soldat de la mêlée que pour le récompenser.

     

    Quand le premier succombe, le juste se réjouit de voir la vengeance qui en a été tirée; mais lorsque c’est le second qui périt « tout le monde s’écrie :

     

    Le juste sera-t-il récompensé?

     

    Il le sera sans doute, puisqu’il y a un Dieu qui juge les hommes sur la terre (Psalm. LVII, 11). »

     

    Il ne faudrait pourtant pas tuer les païens mêmes, si on pouvait les empêcher, y par quelque autre moyen que la mort, d’insulter les fidèles ou de les opprimer.

     

    Mais pour le moment, il vaut mieux les mettre à mort que de les laisser vivre pour qu’ils portent les mains sur les justes, de peur que les justes, à leur tour, ne se livrent à l’iniquité.

    5. Mais, dira-t-on, s’il est absolument défendu à un chrétien de frapper de l’épée, d’où vient que le héraut du Sauveur disait aux militaires

     

    a C’est la même pensée que Jean de Salisbury exprime dans son Polycratique, livre VII, chapitre XXI en parlant des Templiers. Il n’y a guère qu’eux, dit-il, dans tout le monde,qui fassent légitimement la guerre.

     

    de se contenter de leur solde, et ne leur enjoignait pas plutôt de renoncer à leur profession (Luc., III, 13) ?

     

    Si au contraire cela est permis, comme ce l’est en effet, à tous ceux qui ont été établis de Dieu p’ dans ce but, et ne sont point engagés dans un état plus parfait, à qui, je vous le demande, le sera-t-il plus qu’à ceux dont le bras et le courage nous conservent la forte cité de Sion, comme un rempart protecteur derrière lequel le peuple saint, gardien de la vérité, peut venir s’abriter en toute sécurité, depuis que les violateurs de la loi divine en sont tenus éloignés ?

     

    Repoussez donc sans crainte ces nations qui ne respirent que la guerre, taillez en pièces ceux qui jettent la terreur parmi nous, massacrez loin des murs de la cité du Seigneur, tous ces hommes qui commettent l’iniquité et qui brûlent du désir de s’emparer des inestimables trésors du peuple chrétien qui reposent dans les murs de Jérusalem, de profaner nos saints mystères et de se rendre maîtres du sanctuaire de, Dieu.

     

    Que la double (a) épée des chrétiens soit tirée sur la tête de nos ennemis, pour détruire tout ce qui s’élève contre la science de Dieu, c’est-à-dire contre la foi des chrétiens, afin que les infidèles ne puissent dire un jour :

     

    Où donc est leur Dieu?

    6. Quand ils seront chassés, il reviendra prendre possession de son héritage et de sa maison dont il a dit lui-même, dans sa colère : « Le temps s’approche où votre demeure sera déserte (Matth., XXIII, 38), » et dont le Prophète a dit en gémissant:

     

    « J’ai quitté ma propre maison, j’ai abandonné mon héritage (Jerem., XII, 7) ; »

     

    et il accomplira cette autre parole prophétique :

     

    « Le Seigneur a racheté son peuple et l’a délivré ; aussi le verra-t-on plein d’allégresse, sur la montagne de Sion, se réjouir des bienfaits du Seigneur. »

     

    Livre-toi donc aux transports de la joie, ô Jérusalem, et reconnais que voici les jours où Dieu te visite.

     

    Réjouissez-vous aussi et louez Dieu avec elle, déserts de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple, il a racheté la Cité sainte et il a levé son bras saint aux yeux de toutes les nations.

     

    Vierge d’Israël, tu étais tombée à terre, et personne ne se trouvait qui te tendît une main secourable; lève-toi maintenant, secoue la poussière de tes vêtements, ô vierge, ô fille captive, ô Sion,

     

    lève-toi, dis-je, et même élève-toi bien haut et vois au loin les torrents de joie que ton Dieu fait couler vers toi.

     

    On ne t’appellera plus l’abandonnée, et la terre où tu t’élèves ne sera plus une terre désolée, parce que le Seigneur a mis en toi toutes ses complaisances et tes champs vont se repeupler.

     

    Jette tes yeux tout autour de toi et regarde; tous ces hommes se sont réunis pour venir à toi; voilà le secours qui t’est envoyé d’en haut. Ce sont ceux qui vont

     

    a Saint Bernard veut parler, en cet endroit, des deux glaives, le matériel et le spirituel, dont il est question dans la lettre deux cent cinquante-sixième et au livre IV de ta Considération, chapitre lit, n. 7.

     

    accomplir cette antique promesse :

     

    « Je t’établirai dans une gloire qui durera des siècles et ta joie se continuera de génération en génération tu suceras le lait des nations et tu seras nourrie aux mamelles qu’ont sucées les rois (Isa., LX. 15). »

     

    Et cette autre encore :

     

    « De même qu’une mère caresse son petit enfant, ainsi je vous consolerai et vous trouverez votre paix dans Jérusalem

    (Isa. LXVI, 13).»

     

    Voyez-vous quels nombreux témoignages reçut, dès les temps anciens, la milice nouvelle et, comme sous nos yeux s’accomplissent les oracles sacrés, dans la cité du Seigneur des vertus?

     

    Pourvu que maintenant le sens littéral ne nuise point au spirituel, que la manière dont nous entendons, dans le temps, les paroles des prophètes, ne nous empêche pas d’espérer dans l’éternité, que les choses visibles ne nous fassent point perdre de vue celles de la foi, que le dénûment actuel ne porte aucune atteinte à l’abondance de nos espérances et que la certitude du présent ne nous fasse point oublier l’avenir.

     

    D’ailleurs la gloire temporelle de la cité de la terre, au lieu de nuire aux biens célestes ne peut que les assurer davantage, si toutefois nous croyons. fermement que la cité d’ici-bas est une fidèle image de celle des cieux qui est notre mère.

     

     


    1 commentaire