-
« Tu sais, charretier, c’était un métier ! »
« Tu sais, avant, tout le monde savait mettre un harnais et pouvait partir avec une voiture, mais des vrais charretiers, c’est autre chose, il y en avait peu ».
J’ai longtemps entendu cette phrase prononcée par un fin connaisseur du cheval de travail, sans en comprendre pleinement le sens…
jusqu’à ce qu’on me confie des guides !
Charretier, c’est un métier.
Les dictionnaires d’aujourd’hui nous en donnent la définition suivante :
« celui qui conduit une charrette ».
Peu explicite !
D’ailleurs, conduit-on la charrette ou l’attelage ?
L’explication est laconique, réductrice, c’est presque l’aveu d’un oubli, en tous cas la certitude d’une méconnaissance.
Les ouvrages récents sur les « métiers de nos grands-pères », les « petits métiers d’autrefois » (quelle effroyable expression), quand ils ne l’oublient pas, ne sont pas tellement plus loquaces. Il faut donc chercher dans les dictionnaires anciens les précisions qui conviennent.
L’Omnium agricole (Librairie Hachette, 1920) renseigne d’une façon plus satisfaisante. « Le charretier est le valet de ferme chargé de soigner les chevaux, de les conduire aux voitures et aux instruments auxquels on les attèle.
Quand il s’agit de bœufs, le charretier est dit bouvier.
Les qualités qu’il doit posséder sont la sobriété, la patience et la force.
Son talent consiste à bien connaître les chevaux et à les diriger de la voix et du geste, en les faisant marcher avec régularité.
Ce talent s’acquiert surtout avec la pratique et l’exemple, et non par des préceptes théoriques, ceux-ci doivent consister surtout à lui faire aimer les animaux ».
La description est sans doute un peu idéale, il n’en demeure pas moins qu’au regard du capital que représente un attelage, multiplié par le nombre des attelages d’une exploitation, le choix des charretiers est du premier intérêt pour les chefs de culture.
L’abondante bibliographie agricole des années 1880 à 1940, essentiellement à l’usage de ces derniers, abonde en ce sens et dissèque les qualités du personnel, son encadrement, les rémunérations et gratifications…
Le charretier tient une place à part dans le salariat rural. Une grande enquête sur les salaires agricoles diligentée en 1912 par le Ministère de l’Agriculture est particulièrement édifiante sur les différences régionales.
Leurs gages sont généralement plus élevés que ceux des autres ouvriers, ils bénéficient de la nourriture, du logement, du couchage.
Seuls les bergers reçoivent, parfois, un traitement supérieur comme en Soissonnais, en Thiérache ou en Eure-et-Loir mais souvent sans nourriture.
On relève des gages d’un peu plus de 1000 francs/an dans l’Aisne (logés mais non nourris), 450 francs/an dans l’Yonne (nourris).
En Beauce, le salaire annuel est de 600 à 800 francs (nourri) quand un domestique ordinaire ne touche que 350 à 450 fr. et une servante 250 à 400 fr.
Le métier a sa hiérarchie
Les journées sont longues, 9 heures l’hiver, 12 à13 heures l’été, avec 3 pauses, dont une longue à midi…
Il faut quotidiennement s’occuper des chevaux, avant et après le travail, le dimanche aussi ; entretenir les harnais, vérifier la ferrure pour ne pas désorganiser le travail du lendemain par une visite chez le maréchal…
Respirer les brouillards, frissonner aux pluies d’hiver, transpirer sous la canicule, des heures de marche derrière les outils …
Un travail exigeant, un travail de force et de résistance dont la récompense tient moins au salaire qu’au regard posé sur son attelée.
Avec l’introduction dans l’agriculture d’outils de plus en plus perfectionnés, il est demandé aux charretiers de connaître quelques principes de mécanique, en plus des notions élémentaires d’hippologie (les anciens conscrits de l’artillerie étaient d’ailleurs appréciés pour ces dernières).
Ce travail dur, sans fin, est déjà boudé au lendemain de la « Grande Guerre ». Des rapports notent le manque de bons charretiers dans plusieurs régions.
L’industrie embauche et, à défaut d’un salaire bien plus élevé, la vie en ville séduit…
Pour la majorité de ceux qui restent, la déferlante des tracteurs au début des années 1950 est vécu avec soulagement et engouement. Oublié l’esclavage des chevaux !
Charretiers, rouliers, camionneurs
Aujourd’hui essentiellement associé à l’agriculture, le métier a aussi connu ses déclinaisons routières, industrielles, urbaines…
Les « voituriers par terre » (par opposition aux bateliers, « les voituriers par eau ») sont très anciennement attestés.
Du Moyen-Age à la Révolution, les comptes de tous les grands chantiers fourmillent de leurs gages. Ils assurent le transport du bois, de la pierre, de la terre, de l’eau, de la paille, des vivres.
Le temps de la réquisition venu, les mêmes conduiront l’intendance des armées royales.
Du XIXème jusqu’au début du XXème siècle, les usines emploient aussi des charretiers pour leurs approvisionnements ou leurs expéditions
Le salaire des camionneurs en 1936 est d’environ 800 francs, sans logement ni nourriture, pour une journée de 9 heures de travail, traitement déjà inférieur à celui des chauffeurs de camions automobiles. En ville, les risques d’accrochages et de glissades sont grands. Le règlement intérieur d’une entreprise de transports-déménagement nous est parvenu ; il précise les responsabilités du charretier, sa moralité. Un cheval blessé, la casse ou la perte de matériel entraînent des retenues sur salaire. Prendre le trot avec les gros camions vaut une amende et la récidive vaut le renvoi. A bonne Maison, bons attelages. Le charretier et ses chevaux sont en représentation.
Jurer comme un charretier
La figure du charretier-bourreau est complètement ancrée dans l’imagier commun. Si partout, beaucoup ont évidemment « suivi les chevaux » sans goût particulier, il faut sans aucun doute chercher en ville, l’origine de ce stéréotype. En 1850, le pavé est investi de milliers d’attelages, tout ce qui roule ou presque est hippomobile, mais tout ce qui roule n’est pas mené d’une main experte… « Rien n’égale la barbarie, la stupidité, la cruauté du charretier. Toujours fouettant et jurant ». A la Société de Protection des Animaux (dès 1848), on s’insurge des coups portés sur la tête (ou toute autre partie sensible) prompts à remettre « en ligne » des chevaux dissipés ou effrayés. On frémit à la vue des plaies infligées par les harnais défectueux, on s’indigne du dépérissement et des manques de soins, on dénonce les surcharges et les fatigues outrées. La loi dite de Grammont du 2 juillet 1850, qui punit de 5 à 15 fr. d’amende et de 1 à 5 jours d’emprisonnement ceux qui ont exercé publiquement et abusivement de mauvais traitements envers les animaux domestiques, demeure d’une application bien relâchée. On lit encore en 1887 (dans l’Acclimatation, Journal des Eleveurs) que le métier est une « confrérie ouverte au premier venu, qu’encombrent les ivrognes et les fainéants n’ayant aucune notion ni du cheval ni de son hygiène. (…) Ce charretier, contraint au plus grand rendement par un patron satisfait de la médiocrité de son écurie [sans cesse renouvelée au plus bas coût] et conforté par l’exemple général s’est il amendé ? Il est resté le type de la saleté par son costume, de la grossièreté par ses paroles, de la férocité par ses actions. Pour exercer son métier, il n’a pas besoin des longueurs de l’apprentissage ; il n’a pas pu faire un ouvrier, il s’est improvisé charretier, il ne lui a fallu pour cela qu’une pipe, une blouse et un fouet » !
Il n’existera jamais vraiment de « littérature » professionnelle, aucun diplôme, aucune caution plusieurs fois demandée par les experts du cheval de trait de l’époque. A sa publication en 1945, le désormais classique Manuel du bon charretier de Lucien Brasse Brossard parait déjà quasiment anachronique. La modernisation qui s’engage avec la reconstruction ne saurait se satisfaire des chevaux pour relancer l’agriculture. En 10 ans, les tracteurs évincent le cheval du paysage agricole.
Aujourd’hui, les grands charretiers ont disparu emmenant avec eux une vraie culture professionnelle. L’évocation des grandes attelées raconte une histoire presque irréelle. « Tu sais, charretier, c’était un sacré métier »…
Texte et illustrations:
Etienne Petitclerc
Article paru dans "Sabots Magazine n°24 (Mai/Juin 2008)
Nous remercions chaleureusement Etienne Petitclerc de cette première et excellente contribution au blog de figoli.
Il complète ce texte en joignant ces extraits de textes et dessins de Crafty.
Vus par le dessinateur Cratfy
A propos des pesantes voitures de moellons ou de pierres de taille du pavé parisien : « elles sont conduites par d’aimables entêtés qui s’obstinent à suivre le milieu des chaussées pour le seul plaisir d’arrêter la circulation, ou agitent perpétuellement des fouets dont les claquements équivalent à des explosions de véritables pétards (…), des butors qui semblent considérer comme un plaisir divin le fait d’avoir effrayé un cheval de sang par un bruyant coup de fouet donné inutilement ou forcé un équipage lancé aux allures vives à s’arrêter brusquement, en changeant tout à coup et sans raison la direction de leur encombrant attelage (…) »
Sur les routes des campagnes françaises : « Cette apathie naturelle que les gens de la campagne apportent dans tous leurs actes a pour premier résultat (…) d’influer sur la manière dont leurs attelages traînent le fardeau qui leur est confié. Cette façon d’abandonner à eux mêmes les animaux qu’ils ont mission de diriger est commune aux paysans de toute la France. Partout même indolence, même confiance aveugle dans l’instinct des animaux, qui, il faut bien le reconnaître, se montrent la plupart du temps supérieurs à l’intelligence de leurs conducteurs. Si vous rattrapez l’une de ces barricades ambulantes, il vous faudra faire un tapage exceptionnel pour attirer l’attention du conducteur qui dort sur sa voiture à moins qu’il ne soit à quelques centaines de mètres en plein champs à discourir avec l’un de ses concitoyens. »
extraits de Paris à Cheval et la Province à Cheval, Plon Nourrit & Cie1884 et 1886.
votre commentaire -
Château de Pontécoulant La façade avant du château
L'Histoire du Comte Doulcet de Pontecoulant...
Le bâtiment de droite est la partie la plus récente.
TypeMaison forteDébut construction 2e moitié du XVIe siècleDestination actuelle Musée Protection Inscrit MH (1927)
Le château de Pontécoulant est situé au cœur du bocage normand, à Pontécoulant près de Condé-sur-Noireau.
Le domaine de Pontécoulant rassemble les marques distinctives de la noblesse :
château, pavillons du garde-chasse et du jardinier,
colombier, parc paysager,
ferme, bois et terres.
La famille Le Doulcet de Pontécoulant s'y est établie au XIV siècle et s'y est éteinte en 1896, laissant le château au département du Calvados, qui l'aménagea en musée dès 1908.
Il fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques
depuis le 26 mars 1927
Histoire
La famille Le Doulcet de Pontécoulant s'établit au château au XIVè siècle.
Grâce aux mariages entre nobles, la famille devient puissante, acquérant le privilège de posséder un colombier, 343 hectares de terre éparpillées dans la Manche et le Calvados.
Comme beaucoup de familles d'aristocrates, les Doulcet de Pontécoulant vivaient au-dessus de leurs moyens, c'est ainsi qu'au XVI siècle,
Léon-Armand Doulcet de Pontécoulant se voit obligé de vendre les 2/3 de ses terres ainsi qu'une partie du mobilier, ce qui va permettre de restaurer la propriété et de construire la deuxième partie du château.
Architecture :
Construit au XVI siècle, à l’emplacement d’une ancienne maison forte, le château est agrandi et réaménagé dans la seconde moitié du XVIII siècle, pour devenir la résidence d’été de la famille de Pontécoulant qui vit alors à Caen et à Paris.
Deux pavillons d’entrée, l’un dit « du jardinier » et l’autre « du garde-chasse » furent alors édifiés pour marquer le seuil de la cour d’honneur.
Fermant la perspective, la demeure masquait les jardins où le marquis fit aménager terrasses, murs, allées et bosquets.
Ses descendants ne modifièrent plus la propriété qu’il avait dessinée.
Le château de Pontécoulant à l'été 2009 Parc et jardins
Le parc et les jardins du château forment un site classé inscrit au pré-inventaire des jardins remarquables.
Ce site se compose d'un jardin avec sa pièce d'eau et sa cascade, d'un jardin potager et du parc où sont construits une glacière et un monument !
Anecdote :
lorsque j'ai découvert cette merveille au milieu de la verdure...et visiter ce château.... la guide nous a expliqué, que sous l'occupation, ce château avait été réquisitionné par l'occupant.... ses propriètaires avaient caché dans les combles, des mètrages de tissu en toile de Jouy.... de l'époque du XVIIIè siècle.... sauvegardé, ce tissu a servi par la suite à tapisser certaines pièces....une merveille à aller visiter.....son bassin aux iris d'eau... sous le sous bois.....
votre commentaire -
Hugues de Payns
Franc-Maçonnerie partie 2 : Les Templiers
Les templiers ou, sous leur nom complet, les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, furent fondés en 1119, c’est-à-dire 20 ans après la prise de Jérusalem par les croisés.
Les fondateurs de l’ordre étaient deux chevaliers français, Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer.
Au départ, l’ordre comptait 9 membres, mais s’agrandissait régulièrement. Leur nom fait référence au Temple de Salomon, car ils choisirent pour base la montagne du temple où se trouvaient les ruines de ce dernier. Sur ce même emplacement se trouvait le Dôme du Rocher (Qubbat as-Sakhrah).
Les templiers se nommèrent « pauvres chevaliers », mais en peu de temps, ils devinrent très riches. Les pèlerins chrétiens, venus d’Europe jusqu’en Palestine, étaient entièrement sous le joug de cet ordre, et c’est grâce à leur argent qu’ils s’enrichirent. De plus, ils établirent pour la première fois un système de chèques et de crédit, semblable à celui d’une banque.
D’après les auteurs britanniques, Michael Baigent et Richard Leigh, ils établirent une sorte de capitalisme moyenâgeux, et pavèrent le chemin pour le système banquier moderne avec leurs transactions à intérêt.
Les templiers furent les principaux responsables des attaques des croisés et du meurtre des musulmans.
C’est pourquoi, le commandeur suprême musulman Saladin, qui vainquit l’armée des croisés en 1187, à la bataille de Hattin, et qui plus tard délivra Jérusalem, exécuta les templiers pour les meurtres qu’ils avaient commis, alors même qu’il avait pardonné un grand nombre de chrétiens.
Malgré la perte de Jérusalem et les nombreux morts et blessés déplorés, les templiers existaient toujours.
De plus, malgré la diminution progressive de la présence chrétienne en Palestine, leur puissance en Europe se renforçait, et en commençant par la France, puis dans d’autres pays, ils devinrent un état dans l’état.
Les templiers développèrent une foi païenne la faisant passer pour chrétienne.Il va sans dire que leur puissance politique inquiétait les monarques européens. Mais un autre aspect des templiers mettait également mal à l’aise le clergé :
l’ordre s’était progressivement éloigné de la foi chrétienne, et lors de son séjour à Jérusalem, avait adopté des doctrines mystiques étranges.
Des rumeurs racontaient qu’ils organisaient d’étranges rites pour donner forme à ces doctrines.
Ainsi, en 1307, le Roi de France, Philippe Le Bel, décida de faire arrêter tous les membres de l’ordre.
Certains réussirent à s’échapper, mais la plupart d’entre eux furent arrêtés.
Le pape Clément V se joignit également à cette purge.
S’ensuit une longue période d’interrogatoires et de procès, au cours desquels de nombreux templiers reconnurent avoir nourri des croyances hérétiques, rejeté la foi chrétienne et insulté Jésus dans leurs messes.
Enfin, les responsables des templiers, appelés « grands maîtres », à commencer par le plus important d’entre eux, Jacques de Molay, maître du Temple élu en 1293, furent exécutés en 1314 par ordre de l’Eglise et du Roi.
La majorité d’entre eux furent emprisonnés, et l’ordre dispersé et officiellement dissous.
Certains historiens ont tendance à présenter le procès des templiers comme un complot ourdi par le Roi de France et à considérer les chevaliers innocents des accusations portées. Mais, cette interprétation échoue bien sous plusieurs aspects.
Nesta H. Webster, la célèbre historienne britannique aux connaissances approfondies sur l’histoire occulte, analyse ces aspects dans son livre,
Secret Societies and Subversive Movements.
D’après elle, la tendance à absoudre les templiers des hérésies qu’ils confessèrent pendant les procès est injustifiée. Premièrement, au cours des interrogatoires, malgré les allégations habituelles, tous les templiers ne furent pas torturés.
Les guerriers et les banquiers: un livre sur les templiers« En outre, les confessions des chevaliers semblent-elles être le fruit de la pure imagination des hommes sous la torture ?
Il est assurément difficile de croire que les comptes-rendus détaillés de la cérémonie d’initiation faits par des hommes répartis dans différents pays, tous semblables les uns aux autres, mais formulés différemment, soient de pures inventions.
Si les victimes avaient été forcées d’inventer, elles se seraient sûrement contredites entre elles, auraient hurlé dans leur agonie que toutes sortes de rites extravagants et invraisemblables avaient lieu dans le seul but de satisfaire les demandes de leurs interlocuteurs.
Mais tel ne fut pas le cas, chacune d’entre elles semblent décrire la même cérémonie plus ou moins intégralement, avec des caractéristiques propres à la personnalité du narrateur, et dans l’ensemble, toutes les histoires concordent. »
Quoi qu’il en soit, le procès des templiers se solda par la fin de l’ordre.
Mais, bien que l’ordre cessât « officiellement » d’exister, il ne disparut pas réellement.
Au cours des arrestations soudaines de 1307, certains templiers s’échappèrent en réussissant à brouiller les pistes.
D’après une thèse s’appuyant sur différents documents historiques, un nombre important de templiers se réfugia dans le seul royaume européen qui ne reconnaissait pas l’autorité de l’Eglise catholique au 14ème siècle, l’Ecosse.
Ils s’y réorganisèrent sous la protection du Roi d’Ecosse, Robert 1er Bruce. Quelques temps plus tard, ils découvrirent un moyen pratique de camouflage grâce auquel ils poursuivirent leur existence clandestine :
- ils infiltrèrent la plus importante guilde des Îles Britanniques médiévales : la loge des maçons, pour finir par en prendre le contrôle.
La loge des maçons changea de nom au début de l’ère moderne, et se nomma « Loge maçonnique ».
Le Rite écossais est la plus ancienne branche maçonnique et remonte au début du 14ème siècle, aux templiers réfugiés en Ecosse.
Les noms donnés aux plus hauts degrés du Rite écossais correspondent aux titres attribués des siècles plus tôt aux chevaliers de l’ordre des templiers. Ils sont toujours utilisés de nos jours.
Bref, les templiers n’ont pas disparu, mais leur philosophie, leurs croyances et leurs rituels perdurent sous la forme de la franc-maçonnerie.
Cette thèse est soutenue par une pléthore de preuves historiques, et est admise aujourd’hui par un grand nombre d’historiens occidentaux, qu’ils soient francs-maçons ou non. Dans notre livre,
Le Nouvel ordre maçonnique, nous avons examiné en détail ces preuves.
Les magazines publiés par les maçons pour leurs propres membres font souvent allusion à cette thèse qui établit que la maçonnerie remonte aux templiers.
Les francs-maçons admettent volontiers cette théorie.
Un de ces magazines, intitulé Mimar Sinan (publication des francs-maçons turcs) décrit la relation entre l’Ordre des templiers et la franc-maçonnerie en ces termes :
Le magazine Mimar Sinan, publication maçonnique turque privée destinée à ses propres membres.« En 1312, lorsque le Roi de France, sous la pression de l’Eglise, abolit l’Ordre des templiers et donna leurs biens aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, les activités des templiers ne cessèrent point.
La grande majorité des templiers trouva refuge dans les loges de francs-maçons existant en Europe à cette époque.
Le chef des templiers, Mabeignac, avec d’autres membres, trouva refuge en Ecosse, déguisé en maçon sous le nom de Mac Benach.
Le Roi d’Ecosse, Robert 1er Bruce, les accueillit et les laissa jouer une influence importante sur les loges maçonniques en Ecosse.
Par conséquent, les loges écossaises acquirent une importance considérable en termes d’art et d’idées.
Aujourd’hui, les francs-maçons prononcent le nom Mac Benach avec considération. Les maçons écossais, qui héritèrent de l’héritage des templiers, le ramenèrent en France des années plus tard et y établirent la base du rite connu sous le nom de Rite écossais. » [8]
Pour conclure, nous estimons qu’il est évident que les racines de la franc-maçonnerie remontent à l’Ordre des Templiers et que les maçons ont adopté la philosophie de cet ordre. Les maçons eux-mêmes le reconnaissent.
Mais assurément, ce qui compte le plus pour nous, c’est la nature de cette philosophie.
Pourquoi les templiers ont-ils abandonné le Christianisme pour devenir un ordre hérétique ?
Qu’est-ce qui les a conduit jusque là ?
Pourquoi ont-ils connu un tel changement à Jérusalem ?
Par l’entremise de la maçonnerie, quel a été l’effet sur le monde de cette philosophie adoptée par les templiers ?
2 commentaires -
1129 : les templiers au concile de Troyes
Une miniature du XIIIe siècle qui représente Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer recevant, du roi Baudoin de Jérusalem, l’ancien temple de Salomon Les templiers sont créés en Palestine, vers 1120, par deux chevaliers, Hugues, le seigneur de Payns, et son ami Geoffroy de Saint-Omer. Ceux qui se nomment d’abord les « pauvres chevaliers du Christ » se vouaient à la sauvegarde de Jérusalem, conquise par les Chrétiens depuis 1099, et à la protection des pélerins occidentaux qui affluaient, proies faciles pour les brigands. Baudouin, le roi de Jérusalem, leur offrit pour quartier général l’ancien temple de Salomon, ce qui leur valut leur nom de templier.
Ils font preuve, dès l’origine, d’une spécificité inédite dans le monde occidental : ils respectent, comme les moines, des vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, mais, comme les chevaliers, ils portent l’épée et s’en servent. Au fil des ans, ils se sont dotés d’une règle de vie.La petite troupe, dont on ignore l’effectif, si elle est efficace, reste informelle. Pour se développer, ces moines-soldats ont besoin d’une reconnaissance officielle, de nouvelles recrues et de moyens financiers. Hugues de Payns et plusieurs de ses compagnons reviennent d’Orient, en 1127, dans cet objectif. L’officialisation dont les templiers ont besoin est organisée à Troyes, en janvier 1129 (ou 1128, lire ci-dessous).
Pourquoi Troyes ? Vraisemblablement parce que c’est le cœur du diocèse d’origine de Hugues de Payns et qu’il y possède de solides appuis, à commencer par le comte de Champagne. Thibaud II règne depuis 1125, date de l’abdication en sa faveur de son oncle Hugues 1er, parti rejoindre, en Orient, les templiers. Ensuite, Troyes est une localisation pratique pour celui qui fut, au sens propre comme au sens figuré, la sommité du concile : Bernard de Clairvaux, qui avait créé, depuis 1115, son abbaye sur les terres du comte de Champagne.
Pour autant, l’officialisation d’une règle de vie des templiers ne fut pas l’occasion d’une solennité exceptionnelle ; le concile convoqué en janvier 1129 est un concile de base : ni concile universel, ni concile général, mais concile régional.La ville de Troyes en avait précédemment connu quatre identiques, en 429, 867, 875 et 1104. Le plus important datait de 1107, présidé par le pape Pascal II.
En 1129, le pape Honorius II a délégué comme président son légat, Mathieu d’Albano, plus connu en Champagne sous son nom civil de Mathieu du Rémois.
À l’ouverture de la réunion – qui dura une petite semaine -, sous les voûtes encore romanes de la cathédrale de Troyes, il est entouré de tous les prélats de la région : les archevêquesde Reims et Sens, les évêques de Chartres, Soissons, Paris, Orléans,
Châlons, Laon, Beauvais, et bien sûr de Hatton, l’évêque de Troyes.
Sont également présents Étienne Harding, l’abbé de Cîteaux, l’abbé de Pontigny, ceux de Trois-Fontaines, Saint-Remi de Reims, Saint-Étienne de Dijon, Molesme et Clairvaux, le comte Thibaud et le comte de Nevers.
Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer sont là, bien sûr, accompagnés de quatre ou cinq de leurs frères templiers.
C’est Jean de Saint-Michel qui fut chargé du compte rendu.Comme il l’explique dans le prologue, à Troyes, la règle du Temple n’est pas née de rien.
Hugues de Payns a présenté celle qui était suivie à Jérusalem.
Il y eut discussions, approbations, amendements et modifications, pour aboutir en définitive à une règle de soixante-douze articles rédigés en latin : un cadre, principalement moral, brossé à larges traits et qui explicite, au quotidien, la vie communautaire.
Peu de différences avec la règle d’un ordre religieux, à ceci près qu’il est nécessaire de ménager la force de ces soldats.L’article 1er de la règle souligne que leur mission première est le courage. Pas question de leur imposer une trop lourde ascèse : les templiers ont droit au vin et à la viande.
Progressivement, la règle sera précisée, pour mieux s’adapter à l’expansion de l’ordre du Temple et aux différents problèmes rencontrés dans l’organisation quotidienne. En 1260, par exemple, la règle ne compte plus soixante-douze mais six cent soixante-dix-huit articles. Quelques évolutions sont substantielles, comme le rattachement direct au pape (1139) et la levée de l’interdiction d’intégrer des chevaliers excommuniés.
Mais si les articles se sont multipliés, l’esprit est resté fidèle à celui qu’ont impulsé les pères du concile de Troyes.
La règle primitive de 1129 est demeurée fondatrice de tous les ordres religieux et militaires, qu’il s’agisse des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem ou, en Espagne, des ordres d’Alcantara ou de Calatrava.
Le concile eut des répercussions immédiates, déclenchant le succès spectaculaire que rencontrèrent Hugues de Payns et ses compagnons dans ce qu’on appellerait aujourd’hui leur grande « campagne de communication » : une vaste tournée en Europe pour susciter les vocations et les donations.
Avant même l’ouverture du concile, dès l’arrivée de Hugues de Payns, le comte de Champagne avait donné l’exemple. Il avait fait don aux pauvres chevaliers du Christ d’une exploitation agricole qu’il possédait près de Sézanne, à Barbonne (aujourd’hui Barbonne-Fayel).Une autre donation a été effectuée à Troyes, pendant le concile ou juste après. Le dénommé Raoul le Gros, dit Crassus, fait don, avec l’assentiment de son épouse, d’une ferme aux portes de Troyes, dans le quartier de Preize.
La charte est signée en présence de Hugues de Payns et des templiers qui l’accompagnaient.
Là, comme bientôt dans de nombreux pays d’Occident, autour des donations de terres et de maisons, vont s’organiser les premiers lieux de vie qui deviendront les commanderies templières : petits monastères organisés autour de leur chapelle, les bases logistiques des troupes d’Orient. L’élan était donné.
Valérie ALANIÈCESource :
« Le concile de Troyes ou la naissance de l’ordre du Temple », par F. Gilet et V. Alanièce, Mémoire de Champagne, T. 1, éd. Guéniot, 2000
Le 13 janvier 1129, la cathédrale de Troyes accueille un concile dont l’objectif est de définir la règle de vie des templiersLes voûtes de l’actuelle cathédrale de Troyes n’ont pas abrité le concile. En 1128, c’était l’époque de la cathédrale romane, qui était du reste en travaux et fut détruite par un incendie en 1188
http://nonnobisdominenonnobissednominituodagloriam.unblog.fr/2009/02/01/1129-les-templiers-au-concile-de-troyes/
votre commentaire -
Le trésor des Templiers
L'ordre du Temple avait pour mission de "conserver" la Terre Sainte conquise en 1099, c'est un ordre religieux qui avait été consacré par le Concile de Troyes en 1128.
Ces Templiers avaient fait voeu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, de protection des colons et des pèlerins.
Ce qui les a pas trop gêné... de faire autre chose... parce que la réalité était toute autre !
Ils avaient developpé une activité bancaire qu'ils ont conservé même après la perte du royaume de Jérusalem.
En peu de temps cet ordre du Temple a réuni une fortune colossale, en terres et en bâtiments.
On est arrivé à recenser deux mille commanderies, deux millions d'hectares de terres cultivées et la moitié des maisons de Paris leur appartenaient !
L'ordre du Temple était bien plus riche que le royaume de France.... ce qui a déclenché la colère et la haine de Philippe le Bel.
Il les a fait arrêter et emprisonner sous des accusations toutes plus fausses les unes que les autres !
Les Templiers ont été jetés en prison et exécutés jusqu'au dernier en même temps que leur grand maître Jacques de Molay.
Où est passée la fortune des Templiers ?
Au moment de leur arrestation collective, les officiers royaux n'ont trouvé que quelques papiers sans importance.
Où est passé l'argent manipulé par tous ces Templiers ?
Est-il en sécurité, en France, dans un lieu secret ? Si secret que personne ne l'a trouvé ?
Est-il sorti clandestinement du pays ?
A Chinon, dans le domaine de Gisors où les Templiers étaient emprisonnés, les graffitis qu'ils ont laissés seraient peut-être des indications codées pour localiser ce fameux trésor ?
Une rumeur a prétendu que la veille de l'arrestation de l'ordre, trois lourds chariots ont quitté le Temple de Paris, vers une destination connue de personne. (il faut toujours se méfier des rumeurs... elles ont la peau dure !)
Un jour, durant la Seconde Guerre mondiale, un jardinier du château de Gisors a prétendu qu'il avait découvert une crypte secrète sous la forteresse, un endroit où se trouvaient des sarcophages et des coffres remplis de métaux précieux.
Mais ce n'est qu'en 1960, qu'André Malraux a ordonné de faire des fouilles.
Ils ont pris leur temps ! et ces fouilles n'ont rien donné !
Par contre, elles ont sapé les fondations du château qui était à deux doigts de s'effondrer !
Une consolidation des fondations a été faite et depuis, il est interdit de faire d'autres fouilles à Gisors !
Là aussi, il faut rester logique et se demander si un tel trésor a vraiment existé ?
En effet, chaque commanderie avait la monnaie nécessaire pour les affaires courantes.Mais tout l'argent qui rentrait était aussitôt investi dans l'achat de nouvelles terres ou de nouveaux bâtiments.
Pourtant, ces coffres remplis de richesses continuent de torturer l'esprit des chasseurs de trésor et certains... peut-être plus téméraires, rêvent de prouver qu'une fortune dort sous nos pieds !
votre commentaire