• Marie Anne Charlotte Corday d’Armont

    CHARLOTTE CORDAY

     

     

     

    Marie Anne Charlotte Corday d’Armont


     
      
     

      

      

      

      

      

    La Jeanne d’Arc de la démocratie.

     

    Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont est plus connue sous le nom de Charlotte Corday, mais son prénom usuel est Marie.

     

    Elle est née le 27 juillet 1768 à Saint-Saturnin-des-Ligneries, dans le pays d'Auge, et guillotinée le 29 Messidor an I (17 juillet 1793) à Paris. Alphonse de Lamartine, dans son Histoire de Charlotte Corday : un livre de l'Histoire des Girondins écrit qu’un charpentier qui aide le bourreau empoigne brutalement sa tête tranchée, et, la montre au peuple, puis la soufflette. Selon Clémentine Portier-Kaltenbach son crâne se trouve de nos jours chez les descendants du prince Radzivill et son squelette probablement aux Catacombes.

     


     

    Fervente admiratrice de la vertu et du courage des Romains de la République, des citoyens Spartiates ou Athéniens, Marie-Anne-Charlotte de Corday l’est aussi des idées nouvelles émises par les encyclopédistes et des législateurs de 1789.

     

    Pour Clémenceau la Révolution était un bloc, en d’autres termes il ne veut pas dissocier la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et les massacres d’innocents perpétrés dans les années qui suivent.

     

    Au contraire, cette jeune Normande déplore que Marat se serve des principes de 89 pour appeler au meurtre et bâtir une nouvelle tyrannie.

     

    Charlotte, lit les journaux et sait que c’est surtout Marat qui orchestre la terreur lors des massacres de la journée du 10 août 1792 et ceux de septembre dans les prisons parisiennes.

     

    Ne nous y trompons pas, la Terreur est déjà la solution qu’envisage Robespierre.

     

    L’assassinat de Marat va servir de prétexte pour s’en prendre aux Girondins et à tous les opposants de droite ou de gauche.

     

    Plus près de nous l’attentat contre un diplomate nazi sera aussi un prétexte à l’origine de la Nuit de cristal et de la solution finale.

     

    Une page des Recherches physiques sur le Feu avec des corrections manuscrites de la main de Marat.

     

     

     

    Elle rédige un long texte intitulé Adresse aux Français amis des lois et de la paix, qui explique le geste qu'elle va commettre.

     

    Jérôme Garcin, dans le Nouvelle Observateur, du 5 mars 2009, remarque que la jeune Normande entre dans la légende des siècles pour avoir tué le sanguinaire Marat.

     

    C’est le trépas d'un chien galeux et la naissance d'une femme sublime, comme l’écrit Michel Onfray.

     

    Avant lui, Lamartine la surnomme l’ange de l’assassinat.

     

    Elle devient une héroïne antique dès 1795 avec la tragédie Charlotte ou La Judith moderne, comme l’écrit Sylvie Dangeville, dans Comment en finir avec la Révolution....

     

    Maurice Ulrich, dans L’Humanité, remarque que le grand Michelet parle d’elle avec amour :

     

    C’est la figure d’une jeune demoiselle normande, figure vierge s’il en fut, l’éclat doux du pommier en fleur…, et André Chénier, dans son Ode à Marie-Anne-Charlotte de Corday, exalte son image :

     

    Belle, jeune, brillante, aux bourreaux amenée, tu semblais t’avancer sur le char d’hyménée… .

     

    Dans ses Mémoires, son bourreau, Sanson la dit martyre de la liberté et Jeanne d’Arc de la démocratie.

    Charlotte se prend pour Brutus assassinant César. Comme Tite-Live, elle considère qu’en tuant le tyran, on rend au peuple sa liberté.

     

    Et en effet, cette religion du poignard est celle de tous les Résistants au despotisme, à la tyrannie et à l’oppression, qui furent les héros de la Résistance à l’occupant nazi, celle de tous ceux qui, aujourd’hui, opposent la vertu à la corruption politique,

    écrit Michel Onfray.

     

    Mais à la future Charlotte Corday ne peut-on rappeler ces mots de Shakespeare, dans Cymbeline, King of Britain (Act III, Scene 4) :

     

    Where is thy knife ? Thou art too slow ? (= Où est ton couteau ? Tu tardes trop !).

     Portrait de Marat par Joseph Boze (1793), musée Carnavalet.

     

    L’assassinat de Marat est-elle la dernière œuvre de Corneille ?

     

    LA MISÈRE DE LA DESCENDANTE DU GRAND CORNEILLE

     

     

    L’historien socialiste Louis Blanc écrit :

     

    Il y a alors à Caen une jeune fille que le sort des Girondins touche profondément. On la remarque tout d'abord à l'expression de sa physionomie, mélange aimable de calme, de gravité et de décence. Dans son œil d'un bleu incertain, la vivacité d'un esprit clair est amortie par beaucoup de tendresse, et les seules cordes de l'amour semblaient vibrer dans le timbre de sa voix, faible et douce comme celle d'une enfant .

     

    Née le 27 juillet 1768, dans une petite ferme de la commune des Ligneries, d'une famille noble, mais qui n’a que 1.500 francs de rentes, elle se nomme Charlotte de Corday d’Armont, du nom d'une terre située dans l'arrondissement d'Argentan.

     

    Elle a de bonne heure perdu sa mère. Son père, Jacques-François d'Armont entre dans l'armée.

     

    Sa carrière est des plus courtes. Il est nommé enseigne, le 9 novembre 1755, au régiment de La Fère-Infanterie. Le 17 janvier 1757, Corday est promu lieutenant dans la compagnie de Villeneuve et suit cette unité dans ses déplacements à Collioure, Montlouis, Perpignan...

     

    Jacques-François, dès 1763, donne sa démission et rentre au Mesnil-Imbert, pour épouser, le 14 février 1764 demoiselle Charlotte-Jacqueline-Marie de Gautier des Authieux de Mesnival, sa cousine.

     

    L’étude de la carrière révolutionnaire de Jacques François de Corday d’Armont, montre comment le déclassement qui frappe les petites noblesses à la fin de l’Ancien Régime, va faire de certains d’entre eux des révolutionnaires [3]. Ce patriote n'est toutefois connu que par un écrit qu'il lance en 1790 contre le droit d'aînesse, dont il a eu beaucoup à se plaindre comme sixième enfant.

     

     

    Louis Blanc précise : Elle ne peut, au reste, avoir une plus illustre origine [2], car elle est arrière-petite-fille du grand Corneille (à la 5e génération). Etrange famille marquée par le destin, ses deux frères, royalistes convaincus émigrent. L’un d’eux, Charles-François, après le débarquement de Quiberon de l'armée des émigrés, est fusillé avec son oncle Pierre de Corday, sur l'ordre de Tallien.

     

    Pourtant, leur célèbre ancêtre va par la suite entrer au Panthéon républicain et enseigner, aux élèves des lycées laïques comme à ceux des bons Pères, l’amour sacré de la patrie, de 1871 à 1914 [4]. Pourtant son Cinna dit :

     

    le pire des États, c’est l’État populaire.

     

     

     

    et les monarchistes. Après la Seconde Guerre Mondiale, Ralph Albanese, auteur d’un Corneille à l’école républicaine :

    du mythe héroïque à l’imaginaire politique en France, 1800-1950, ajoute que Pétain et de Gaulle se sont inspirés du dramaturge et ont, chacun à leur manière, récupéré sa rhétorique.

     

    Son arrière-petite-fille va elle aussi être récupérée. Elle est l’Antigone ou la Jeanne d’Arc de bien des ennemis des droits de l’homme [5], alors qu’elle est très fortement attachée aux principes de liberté, d’égalité et de fraternité.

     

                                                    sa vraie maison à Caen

      

    UNE ÉDUCATION RELIGIEUSE ?

     


    Veüe de l'Abbaye de la SAINCTE TRINITE DE CAEN, fondé par Guillaume le Conquerrant Roy d'Angleterre et duc de Normandie, pour des religieuses benedictines.
    © Boudan, Louis (16..-17.. ; dessinateur et graveur)
    Gallica

    Charlotte de Corday grandit aux manoirs de Cauvigny et de Glatigny, à la Ferme du Bois, et au château du Renouard, demeures situées pas très loin de l'endroit où elle est née. Ce château du Renouard appartient à son grand-père. A l'âge de huit ans Charlotte est placée chez son oncle, l'abbé de Corday, qui à l'époque est curé de Vicques.

     

    Songeant à l’éducation de ses filles, Jacques-François d'Armont réussit à les placer, en 1782, à la Sainte-Trinité de Caen (= Abbaye-aux-Dames). Le roi a le privilège de pouvoir y placer cinq jeunes filles, nobles et sans fortune, sans qu'il en coûte rien aux parents.

     

    L'abbesse a chaudement appuyé cette candidature, car sa coadjutrice est une Pontécoulant, et les Pontécoulant sont alliés aux Corday [6]. La jeune Charlotte de Corday y reste jusqu'en février 1791 [7]. Les deux fillettes comprennent qu’elles sont cloîtrées du fait de leur pauvreté.

     

    Certes, Madame de Louvagny est une cousine, et le ton de la maison quelque peu mondain, mais c’est tout de même une forme de détention qu’elles subissent. Charlotte mène là une vie bien différente de celle qu’elle menait dans ses collines du Pays d'Auge.

    Mademoiselle de Corday devient quelqu’un de très cultivé par rapport à ses contemporaines bourgeoises ou nobles et même de l’Abbaye-aux-Dames.

     

    Elle lit des œuvres de son ancêtre Corneille, de Plutarque, de Montesquieu, Voltaire et ce qui moins habituel chez les petits nobles, Rousseau.

     

    Elle admire les philosophes des lumières, et à la différence de beaucoup de jacobins, même futurs députés, elle réfléchit sur les liens entre les idées nouvelles et celles des fondateurs des démocraties athénienne et romaine.

    Comme l’écrit un critique du quotidien

     

    Le Monde : Charlotte Corday est un modèle de vertu, non au sens chrétien du terme (quoiqu’elle fût élevée par les sœurs, elle s’affranchira du carcan religieux comme des idéologies, elle tenait trop à sa liberté), mais au sens romain .

     

    En effet, bien qu’elle soit d’une famille très catholique et élevée par des religieuses, elle ne manifeste jamais d'intérêt particulier pour une religion. Mais cette attitude est fréquente en cette période pré-révolutionnaire. Il en est de même pour la fierté de ses origines.

     

    Camille Naish, dans Death comes to the maiden: sex and execution, 1431-1933, nous rappelle si elle descend d’Hugues de Corday, fils d’un autre Hugues, sieur de Baumais en 1077, que Charlotte est surtout très proche des pauvres.

    Charlotte Corday à Caen en 1793.
    Charlotte Corday à Caen en 1793.
    Elle découvre dans les livres ce qu'était la notion de vertu chez les Romains de la République...
    © Robert Fleury Tony
    Musée Bonnat à Bayonne
     

    En lisant Corneille, elle a développé en elle les qualités de quelques-unes de ses héroïnes. Michelet voit en elle une Chimène, une Pauline, la sœur d’Horace... De ces femmes, elle a la vertu et l’immense courage.

     

    Toutefois Charlotte n’est-elle pas aussi, ou plutôt, une femme moderne ? Frédéric de Corday, un de ses parents, va se souvenir avec effroi d’une Charlotte qui avait le feu sacré de l’indépendance, ses idées étaient arrêtées et absolues.

    Elle ne faisait que ce qu’elle voulait. On ne pouvait pas la contrarier, c’était inutile, elle n’avait jamais de doutes, jamais d’incertitudes. Son parti une fois pris, elle n’admettait plus de contradiction. Son oncle, le pauvre abbé de Corday m’en a parlé dans les mêmes termes, comme d’une personne qui avait un caractère d’homme. Elle avait, en outre un esprit assez railleur, assez moqueur... Elle était susceptible de sentiments nobles et élevés, de beaux mouvements. Avec l’énergie dont elle était douée, elle s’imposait et n’en faisait jamais qu’à sa tête. Quoique dans la famille les femmes soient toutes énergiques, il n’y en avait pas qui eussent un caractère aussi décidé, aussi capable. Si elle eût commandé un régiment, elle l’eût bien mené, cela se devine.

     

    Ses lectures et son caractère ne vont pourtant pas la mener à l’extrémisme, qu’il soit révolutionnaire ou contre-révolutionnaire. C’est une partisane des principes de 1789, une farouche républicaine qui affirme devant le tribunal révolutionnaire : J’étais déjà républicaine avant la Révolution. Lors de son procès Charlotte va répondre au président du tribunal qui lui demande si elle a un défenseur :

    J'avais choisi un ami, mais n'en ayant point entendu parler depuis, je présume qu'il n'a pas eu le courage d'accepter ma défense.

    Cet ami c’est Louis-Gustave Doulcet de Pontécoulant, que Charlotte a l’occasion de rencontrer à Caen, chez la supérieure de l'Abbaye-aux-Dames, quand elle y est pensionnaire. Ce Louis-Gustave, futur député normand, est à cette époque officier dans la compagnie écossaise des gardes du corps. Il va être un partisan modéré de la Révolution. Plutôt que de défendre sa jeune amie, il préfère se réfugier en Suisse, évitant une mort certaine.

    Un autre de ses amis, dès 1789, ne va pas échapper à la mort, le vicomte Henri de Belzunce.

     

      REVOLUTION 1789

      

     

    Juillet 1793.
    Pour Charlotte Corday, Marat est l’homme à abattre, celui qui, dans son journal, appelle au meurtre. Elle mesure son geste, elle tue un symbole, un homme adulé par le peuple.

    Huit jours s’écoulent entre le moment où Charlotte Corday quitte Caen et le moment où la lame de la guillotine s’abat sur elle, place de grève à Paris.
     
    Une semaine pour comprendre les motivations qui animent cette belle jeune femme solitaire, arrière-petite fille du grand Corneille, républicaine convaincue et déterminée à se sacrifier pour affirmer les valeurs de la liberté.
     
     
    VIDEO :

    1.http://www.dailymotion.com/apocalyptique01/video/x5lthp_charlotte-corday-1_shortfilms
    2.http://www.dailymotion.com/apocalyptique01/video/x5ltwc_charlotte-corday-2_shortfilms

    3.http://www.dailymotion.com/apocalyptique01/video/x5lveh_charlotte-corday-3_shortfilms
    4.http://www.dailymotion.com/apocalyptique01/video/x5lwsf_charlotte-corday-4_shortfilms
    5.http://www.dailymotion.com/apocalyptique01/video/x5lxbx_charlotte-corday-5_shortfilms
    « MANOIR du GRAND TAUTEHISTOIRE de la DENTELLE de NORMANDIE »

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