• LE TRESOR DES TEMPLIERS.

     

     

    LE TRESOR DES TEMPLIERS.

     

    Il aura fallu un fait divers insolite pour que, six siècles et demi après la brutale disparition de leur Ordre, les Templiers ressurgissent soudain, pour un temps, au premier plan de l’actualité.

     

    Lorsque Gérard de Sède, journaliste et écrivain, décide d’acquérir une résidence secondaire à Gisors, dans l'Eure, à soixante-quinze kilomètres de Paris, personne ne peut s’imaginer que cette circonstance va être à l’origine d’un mystère dont on n’a pas fini de parler !

     

     

    Gérard de Sède engage comme homme à tout faire Roger Lhomoy, qui a été longtemps gardien du château.

     

    A la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce dernier a effectué des fouilles dans les soubassements du château.

     

     

    Dans une crypte, il finit par découvrir dix-neuf sarcophages et trente coffres très volumineux.

     

    Le lendemain, chose très bizarre, la crypte est immédiatement comblée par une équipe de prisonniers allemands …

     

     

    Même si les habitants répugnent à parler de cette histoire, Gérard de Sède est vite mis au courant de la nouvelle et la curiosité professionnelle s’accroît encore, au moment où il pose la question à Lhomoy. L’homme devient pensif. C’est la première fois qu’il reparle de cela à quelqu’un depuis des années …

     


    – On a toujours dit dans la région qu’il y avait un trésor au château.

     

    On disait aussi que c’était le fameux trésor des Templiers.

     

    J’entendais cela quand j’étais gosse.
    – Et alors ? Vous l’avez trouvé ?
    – Oui.

     

     


    A ce point du récit, il faut rappeler en quelques mots qui étaient les Templiers, dont le nom aujourd’hui est universellement connu. Après la prise de Jérusalem par les croisés, en 1099, la ville sainte devient la principale destination de pèlerinage.

     

     

    Mais les routes qui y mènent sont loin d’être sûres. Les musulmans, qui n’acceptent pas la présence des chrétiens, leur tendent des embuscades, sans parler des brigands qui en veulent simplement à leur argent.

     

     

    En 1119, Hugues de Payns, chevalier de la noblesse champenoise décide alors de créer un nouvel ordre de chevaliers, afin de protéger les lieux saints et les chrétiens désireux de se rendre en Terre Sainte.

     

     

     

    Cet ordre religieux est différent de tous les précédents, car il est composé de moines soldats qui porteront les armes et protègeront les fidèles se rendant sur le tombeau du Christ.

     

     

    Le roi de Jérusalem, Baudoin II, leur accorde le droit de s’installer dans la ville sainte, à l’intérieur d’un bâtiment proche des ruines du Temple de Salomon.

     

     

    C’est là que vient le surnom qui leur est resté, les Templiers …

     

     

     

    Hugues de Payns et ses compagnons entreprennent une quête gigantesque. Les dons affluent des nobles pèlerins et des souverains eux-mêmes, de l’Ecosse, de Flandres ou encore du Portugal.

     

    Les chevaliers comme tous les moines des autres confréries font voeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.

     

    En revanche, l’Ordre s’enrichit du fait des dons, de l’exemption fiscale dont il bénéficie et aussi grâce aux prises de guerre.

     

     

    Riches d’un patrimoine immobilier considérable, les Templiers, par leur autorité morale, militaire et financière, sont partenaires dans toutes les négociations importantes du Royaume de France …

     

     


    La perte de la Palestine, reconquise par Saladin, va tout changer. A partir de 1201, les Templiers sont obligés de se replier dans les nombreux châteaux qu’ils ont achetés partout en Europe.

     

    Ayant perdu leur raison d’être originelle, ils se reconvertissent dans une autre activité :

    la banque.

     

    Ils inventent la pratique des chèques :

     

    une personne voulant envoyer une somme d’argent dans un pays lointain la dépose dans une commanderie proche et les Templiers, grâce à une simple lettre, font payer la somme par une commanderie du pays concerné.

     

    Ainsi sont évités les dangereux transports de fonds.

     

     

    Bien entendu, toutes ces opérations appellent un prélèvement d’un certain pourcentage.

     

    Les Templiers finissent par devenir une énorme puissance financière, ne dépendant de personne, ni même du Pape et encore moins du roi de France.

     

    C’est plus que n’en peut supporter ce dernier, qui décide leur élimination. Le vendredi 13 octobre 1307, tous les Templiers du royaume sont arrêtés le même jour.

     

    Le bilan s’élève à cent trente-huit chevaliers rien qu’à Paris.

     

    Une rafle préparée des mois à l’avance dans le plus grand secret.

     

    A ce sujet précisons que le « Da Vinci Code » de Dan Brown contient une contrevérité flagrante. Il y est dit que ce n’est pas Philippe IV le Bel qui aurait ordonné l’arrestation des Templiers, mais le Pape Clément V …

     

    L’ Ordre du Temple est dissous et ses membres traduits devant les tribunaux de l’Inquisition. Interrogés sans relâche, torturés, ils avouent les fautes les plus invraisemblables, comme la pratique de la sodomie, l’adoration d’une idole satanique nommée Baphomet etc …


    Le Pape Clément V.


    Le procès des Templiers se prépare. En attendant, le roi de France fait saisir tous leurs bien: pas moins de vingt mille commanderies, domaines et exploitations agricoles. Mais Philippe IV le Bel ne s’en tient pas là.

     

    Ses besoins financiers sont considérables, il veut toujours plus d’argent. Accélérer le procès des Templiers est pour lui une priorité absolue.

     

    Le Pape Clément V farouchement opposé à ce procès, (l’Ordre des Templiers dépendait entièrement de la Papauté), tente désespérément de récupérer les chevaliers pour qu’ils soient jugés devant un tribunal relevant de sa juridiction.

     

     

    Le débat pour savoir qui va les juger dure sept ans !

     

    Philippe IV le Bel profite de la situation, pour régler ses comptes avec la Papauté.

     

    Quelques années auparavant, le roi de France avait eu un grave contentieux avec le précédent Pape, Boniface VIII, qui l’avait déclaré hérétique pour avoir spolié les juifs du royaume.

     

    La stratégie de Philippe IV le Bel pour se venger de l’affront de Boniface VIII est simple.

     

    Lui qui avait été accusé d’hérétique, accuse à son tour, les Templiers d’être hérétiques, et cherche à obtenir leurs aveux.

     

    Ainsi le Pape ne pourra plus sauver les Templiers ! C’est en France que l’affaire des Templiers a pris naissance et qu’elle s’est développée, c’est donc en France que le procès aura lieu …

     

     

    Jacques de Molay, dernier grand maître de l’Ordre, reconnaît les pratiques dont on l’accuse.

     

    Sans doute s’est-il dit qu’en avouant, il contenterait le roi et serait condamné à une simple peine de prison. Un très mauvais calcul !

     

    Ses aveux obtenus sous la torture sont utilisés par le roi pour faire décapiter totalement l’Ordre.

     

    Le 18 mars 1314, Jacques de Molay est brûlé vif, avec trois autres templiers, sur l’île aux juifs, un petit ilot aujourd’hui réuni à l’île de la cité.

     

     

     


     
    Le 20 avril, trente-trois jours après le supplice des Templiers, le Pape Clément V meurt dans d’atroces souffrances, « à la suite de vomissements » à Roquemaure.

     

    Toute sa vie, ce pontife a souffert d’une maladie de l’estomac et des intestins, que les médecins modernes croient avoir été un cancer …

     


    Si comme le veut la légende, ce trésor existe, se trouve-t-il encore en France ?

     

    Dans les archives secrètes du Vatican figure le témoignage d’un templier, Jean de Chalon, auditionné par le Pape Clément V.

     

    Ce témoin atteste la fuite de chevaliers qui auraient quitté Paris la veille des arrestations en direction de l’Ouest avec trois chariots de paille dissimulant un trésor. Gisors se trouvant sur la route à l’ouest de Paris,

     

    on a imaginé que les fuyards auraient pu s’y arrêter pour y cacher le trésor des Templiers …


    Philippe IV le Bel.


    Philippe IV le Bel, lui, meurt le 29 novembre 1314, à Fontainebleau.

     

    Il a quarante-six ans.

     

    Un siècle et demi plus tard, les disciples de Calvin feront brûler les restes de Clément V. Et quatre cent quatre-vingt ans après sa mort, le corps de Philippe le Bel, exhumé de sa sépulture de Saint-Denis, sera jeté dans la chaux vive par les hommes de la Révolution …

     

    Six siècles et demi après le procès des chevaliers du Temple, la question reste posée :

     

    sont-ils coupables ?

     

    Sont-ils innocents, ces hommes que le peuple, après leur mort, a considérés comme des saints ?

     

    Les témoins du supplice de Molay ne se sont-ils pas jetés dans les cendres pour en tirer des reliques ?

     

    Mais qui peut dire aujourd’hui, qui étaient réellement ces Templiers ?

     

    La légende n’est pas oubliée, qui veut que, chaque année,

     

    à la date anniversaire du 13 octobre 1307, un fantôme apparaisse dans les ruines des anciens châteaux du Temple.

     

    Armé de pied en cap, portant le manteau blanc orné de la croix, ce fantôme demande :

     

    « Qui veut délivrer le Saint Sépulcre ? ».

     

    Et l’écho de la voûte répond :

     

    « Personne … Le Temple est détruit … ».

     


    Tout cela, pourtant, soyons-en sûrs, n’empêchera pas les partisans du trésor de continuer à chercher à Gisors ou ailleurs…

     

     

    En résumé :

     

    un fabuleux trésor qui disparaît; un ordre religieux que l’on accuse de tous les maux et notamment de déviationnisme impie et de spéculation financière.

     

     

    Le 13 octobre 1307, une opération policière sans précédent dans l’histoire est lancée par le roi Philippe IV le Bel contre l’Ordre des Templiers.

     

    Comment expliquer cette brutale décision d’anéantir les anciens et valeureux héros des croisades ?

     

    Que leur reproche exactement le roi et ses habiles conseillers ?

     

    D’être devenus un Etat dans l’Etat ?

     

    D’être plus riches que le roi lui-même ?

     

    De pouvoir, grâce à des trésors inlassablement amasser,

    prêter de l’argent à la couronne ?,

     

    il est vrai que l’influence financière des Templiers est indéniable.

     

    D’être des hérétiques que l’on doit brûler ?

     

    Les accusations de dépravation et de sacrilège soutenues contre les membres de l’Ordre et les aveux de certains de ceux-ci iront dans ce sens.

     

    Toutefois, ces aveux auront une valeur bien discutable puisqu’ils seront obtenus sous la torture.

     

    Qui étaient réellement les « pauvres chevaliers du Christ » qui, après des débuts humbles en Terre Sainte au moment de la première croisade, connaîtront la fortune et la gloire avant de périr sur le bûcher ?

     

    L’histoire de l’Ordre des Templiers durera deux siècles pendant lesquels les combats succèderont aux combats.

     

    Cet Ordre a-t-il eu une survie clandestine, après l’exécution de son dernier grand maître Jacques de Molay ?

     

    Qu’est devenu le trésor des Templier ?

     

    Mais en fait, ce trésor a-t-il vraiment existé ?…

     

     


    Roger Lhomoy.

     


    … Et parmi eux, un certain Roger Lhomoy.

     

     

     

    Vous vous souvenez, le gardien embauché par le nouveau propriétaire du château de Gisors.

     

    L’affaire débute réellement au début de l’année 1941, lorsque le château est entièrement clos et occupé par l’armée allemande, qui a fait de la forteresse un atelier de réparation de chars d’assaut ainsi qu’un lieu de stockage d’essence.

     

    Un seul occupant français réside à l’intérieur :

     

    Lhomoy bien sûr, qui à l’époque est le gardien du château, présent depuis 1928. Cet homme, au départ destiné à une carrière religieuse, va (on ne sait trop pour quelle raison) entreprendre des fouilles à partir de la galerie du puits, qui se trouvait au pied du donjon.

     

    Descendant dans la galerie verticale, il se met à percer un petit tunnel, qui aussitôt menace de s’écrouler.

     

    C’est à un travail épuisant que se livre le gardien du château.

     

    Il lui faut retirer les pierres, les dégager en empruntant l’échelle de corde, puis les dissimuler plus loin,

     

    il s’éclaire comme il peut, à l’aide de bougies ou de torches qu’il confectionne lui-même.

     

    Lhomoy connaît alors un moment de profond abattement.

     

    Continuer devient trop dangereux.

     

    Mieux vaux être raisonnable et oublier le trésor.

     

    Mais quelques mois plus tard, il reprend les travaux avec plus d’acharnement que jamais.

     

    Roger Lhomoy décide alors de fouiller à quelques mètres de là.

     

    Il creuse une petite cavité qu’il va poursuivre durant deux ans.

     

    En mars 1946, comble de stupeur …

     

    Après des fouilles acharnées, Lhomoy découvre une chapelle qu’il décrira fort bien :

     

    « Ce que j’ai vu à ce moment-là, je ne l’oublierais jamais car c’était un spectacle fantastique.

    Je suis dans une chapelle romane longue de 30 mètres, large de 9 mètres, haute d’environ 4,50 mètres à la clef de voûte.

     

    Sur les murs à mi-hauteur, soutenus par des corbeaux de pierre, les statues du Christ et de ses douze apôtres, grandeur nature.

     

    Le long des murs, posés sur le sol, des sarcophages de pierre de 2 mètres de long et de 60 cm de large; il y en a 19.

     

    Et dans la nef, ce qu’éclaire ma curiosité est incroyable :

     

    30 coffres en métal précieux, rangés par colonne de dix.

     

    Et, le mot est insuffisant :

     

    c’est plutôt d’armoires couchées dont il faudrait parler, d’armoires dont chacune mesure 2,50m de longueur, 1,80m de hauteur et 1,60m de largeur ».

     


    Gérard de Sède.


    Il se rend immédiatement à la mairie de Gisors.

     

    Il se doute bien qu’on ne le croira pas et craint de perdre sa place pour avoir entrepris ces fouilles illégales, mais il prend le risque …

     

    Effectivement, à la mairie de Gisors, il ne rencontre que scepticisme et hostilité.

     

    Une réunion est en train de se tenir avec un représentant de la préfecture.

     

     

     

     

    Ce dernier déclare en l’entendant :
    – Messieurs, nous avons à faire à un fou !


    Roger Lhomoy insiste, et comme la mairie, en tant que propriétaire du château, toucherait l’autre moitié du trésor, cela vaut la peine de se déplacer …

     

    Une fois arrivé devant le puits, tout le monde recule, effrayé. Il n’y a qu’un volontaire, Emile Beyne, un ancien officier du génie, pour s’introduire dans l’orifice.

     

    Il s’enfonce dans la galerie, mais devant le risque et le manque d’air, il rebrousse chemin.

     

    Avant de partir, il lance une pierre dans l’ouverture, qui est supposée être celle de la chapelle, et constate :

     


    – cela résonne !

     

    Mais cette déclaration ne suffit pas à convaincre le maire de Gisors, qui affirme, sans effectuer la moindre fouille complémentaire, que tout n’est qu’invention.

     

    Les excavations seront rebouchées, pour empêcher des curieux de mettre leur vie en danger en s’y aventurant.

     

    Quant au gardien du château, il est immédiatement révoqué de la demeure.

     

    Tel est le récit que fait Roger Lhomoy à Gérard de Sède.

     

    Le journaliste n’en reste pas là.

     

    Il en tire un article sensationnel qui paraît dans « Paris-Match » et

    publie, peu après,

     

    « Les Templiers sont parmi nous »,
    qui raconte l’histoire dans tous les détails …

     

     

    L’article et le livre ont un retentissement considérable dans le monde entier.

     

    En haut lieu, on se sent obligé de réagir.

     

    C’est ainsi qu’en 1962, André Malraux, alors ministre de la culture décide de faire des fouilles sur le site de Gisors.

     

    Une véritable équipe de spécialistes, munis de l’appareillage le plus moderne, se met à l’ouvrage.

     

    Mais rien n’aboutit, pire il s’avère que la poursuite des fouilles risque de faire écrouler les six mille tonnes du donjon de Gisors, érigé sur une motte artificielle de terre rapportée, et depuis, en cours de consolidation au moyen d’une ceinture de béton armé.

     

    Non seulement le trésor des Templiers n’a pas été découvert, mais l’aventure a failli détruire un des plus remarquables vestiges du Moyen Age.

     

    Depuis les fouilles sont rigoureusement interdites et le site surveillé pour éviter toute initiative susceptible de causer un accident …

     

    La piste de Gisors est donc abandonnée mais, en 1998, le mythe du trésor des Templiers resurgit à Payns, en Champagne.

     

    Sur le site d’une des premières commanderies de l’Ordre du Temple, l’archéologue Bernard Delacourt fait une découverte extraordinaire :

     

    sept cent huit deniers en argent datant de la fin du XIème siècle.

     

    Peut-être s’agit-il d’une partie du trésor de la commanderie de Payns, mais pas forcément du grand trésor des Templiers transporté par les trois chariots évoqués plus haut …

     

    Mais si ce trésor existe vraiment, il est à souhaiter qu’il ne soit jamais découvert …

     

    Pour que perdure sa légende et son mystère.

     

     

     

     

    https://noirsuspense.wordpress.com/2013/07/13/un-trait-dhistoire-11/

     

     

     

    « Les Templiers dans le bailliage de CAENGISORS ET L’ENIGME DES TEMPLIERS »

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  • Commentaires

    1
    Godfroy
    Vendredi 7 Octobre 2016 à 14:10
    NON NOBIS DOMINE, NON NOBIS, SED NOMINI TUO DA GLORIAM.
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